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Là où il y a une volonté, il y a un chemin
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 04 - 2014


Par Mohamed Djaâfar
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Indépendamment du résultat du scrutin, pour paraphraser le président Zeroual, l'Algérie s'installe bel et bien dans une période d'instabilité chronique. Le système mis en place en 1963 est à bout de souffle.
Les plus jeunes parmi ceux qui ont participé au viol collectif du cinéma Majestic sont devenus séniles et grabataires. Ils n'ont plus de force, plus de muscles, plus de dents mais ne lâchent pas prise. Ils gèrent l'Algérie comme une colonie indigène par caïds et majordomes interposés. Ils ont suffisamment de majordomes pour espérer trouver parmi eux celui ou ceux qui feront encore perdurer l'imposture, jusqu'à extinction totale de la République. Ce jour-là est bien plus proche qu'on se l'imagine ; il est même à nos portes depuis le 17 avril. Ceux qui veulent aliéner le peuple pour effacer sa mémoire et son histoire millénaire comme s'il n'avait jamais existé ont aujourd'hui de bonnes raisons d'espérer voir aboutir leur dessein funeste. Et qui mieux que des majordomes qui ont troqué dignité et nif contre biens matériels et honneurs indus pour faire la besogne ? Avec eux au gouvernail, le bateau Algérie se dirige droit vers le cataclysme. Vous les croyez unis et solidaires mais leurs cœurs sont divisés : ils se haïssent mutuellement et n'ont d'yeux que pour le tiroir caisse, laissant le bateau tanguer dangereusement. Ils ne le quitteront pas des yeux tant qu'il y a du pognon à ramasser, comme l'avaient bien compris la châtelaine de Primard et le bedonnant Obélix qu'on nous présente pompeusement comme un acteur talentueux. Je les vois bien tous les deux dans un film d'épouvante dans le rôle de suceurs de sang. Le jour où il n'y aura plus de pognon à ramasser, ce jour-là, nos majordomes laisseront le pays sombrer dans l'anarchie pour s'éclipser en douceur, comme l'ont fait avant eux les ultras en 1962. L'anarchie est leur allié objectif et l'instabilité du pays leur seule échappatoire possible. La malédiction a voilé leurs sens et leur dissimule jusqu'à l'idée de beauté et de prospérité en terre d'Algérie. Cette malédiction aveuglante a un nom : le pétrole. Tant qu'il y aura du pétrole, les majordomes se bousculeront aux pieds des maîtres. Ils se courberont, feront le service, ramasseront les miettes, en attendant de prendre leur place. Ce jour-là, ils tenteront de s'émanciper, d'oublier et de faire oublier au monde leur vassalité originelle, mais elle leur collera à la peau et nous serons, nous, indignés impénitents, les premiers à en pâtir car nous connaissons leurs travers, nous savons qu'ils ont trop longtemps courbé l'échine et qu'ils ne se redresseront pas. Ils mimeront leurs maîtres en s'installant dans leurs fauteuils et s'entoureront à leur tour d'une cour qui saura prêter une oreille bienveillante à leurs ritournelles. Ainsi pourront-ils ressasser à volonté l'histoire du chêne et du roseau. Il faut que vous le sachiez dès maintenant, braves gens, ils ne vous feront pas de cadeaux. Les larbins, c'est connu, ont la rancune tenace. Vous apprendrez vite à les reconnaître : le sourire obséquieux et le regard fuyant cachent une veulerie congénitale. Ils n'impressionnent guère les femmes et les hommes debout, mais prenez garde quand même, ils frappent dans le dos. Indépendamment du résultat du scrutin donc, la tâche des Algériens encore debout ne fait que commencer. La situation de fin de règne à laquelle nous assistons tous ne se présente pas sous les meilleurs auspices, loin s'en faut. Le système anthropophage qui a ruiné le pays, infantilisé les citoyens et élevé au rang de religion la rapine et la fourberie est en train de mourir. Il faudra beaucoup de courage, de persévérance et de sueur pour éviter que ses soubresauts ne débouchent sur le chaos destructeur que promettent les partisans de la politique de la terre brûlée. Ceux qui veulent vivre dans la dignité et la liberté savent qu'ils n'ont pas le choix ; ils savent aussi que l'homme réalise ses plus grandes prouesses quand il a le dos au mur. L'énergie et le courage nécessaires se trouvent dans le refus de l'arbitraire et de l'injustice et dans la revendication de la liberté et de la dignité. Ecoutons Stéphane Hessel, ce Parisien de Berlin, indigné invétéré, qui écrivait à 93 ans : «Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux.» Et encore : «Je dis aux jeunes : cherchez un peu, vous allez trouver [un motif d'indignation]... La pire des attitudes est l'indifférence, dire "je n'y peux rien, je me débrouille". En vous comportant ainsi, vous perdez l'une des composantes essentielles qui fait l'humain...» Les Algériens n'ont pas d'autre choix, à moins d'accepter de perdre une citoyenneté chèrement acquise et de vivre en marge de la civilisation humaine, à l'ère primitive, comme dans ces contrées moyenâgeuses privées de philosophes, de poètes et de musique, ces contrées stériles où les esprits rétrogrades veulent entraîner le peuple algérien pour mieux l'asservir et le dépouiller, ces contrées arides où l'homme n'est plus qu'instincts comme les spécimens qui existent déjà chez nous et que la sagesse populaire a bien nommés beggarine. Non, il n'y a pas d'autre choix car un scénario abominable se profile déjà à l'horizon, un scénario que préparent pour le peuple ces forces du mal pour lui faire payer son héroïsme et celui de ses glorieux chouhada. Un scénario qui nous entraînera, qu'à Dieu ne plaise, dans le tourbillon de la servilité, dans le règne de l'ignorance et de la petitesse. Si l'intelligence est déjà synonyme de fourberie, l'honneur deviendra vite perfidie et bassesse. Quant à la bravoure, tout le monde sait depuis Abane Ramdane que c'est l'apanage des martyrs. En forçant un peu le trait, en donnant libre cours au délire bienfaisant, en versant dans le burlesque, voici, caricaturé comme il se doit, ce qui attend nos enfants. La longue hibernation qu'inaugure cet énième mandat est synonyme de reconduction pour un autre demi-siècle du système inique qui mène le pays au sinistre. Le voyage vers le Moyen-Age, commencé au cinéma Majestic en 1963 avec une sérieuse accélération depuis 1999, nous sommes désormais invités à le poursuivre à vive allure, en TGV si j'ose dire, sans possibilité de retour, au grand bonheur des majordomes et des beggarine qui se bousculent devant les principaux leviers de l'Etat ou ce qu'il en reste. Car il vaut mieux que vous le sachiez tout de suite, il n'y aura d'Etat qu'en apparence. Le premier geste des courtisans que nous avons vu s'agiter, menacer et insulter les honnêtes gens que nous sommes sera de passer à la caisse pour payer le silence d'Obama et de Hollande, entre autres. Quelques puits de pétrole et concessions gazières pour leurs amis feront l'affaire en attendant les futures concessions territoriales. Crise oblige, peut-être même les Yankees leur conseilleront-ils de déposer encore quelques milliards de dollars dans leurs banques. Hollande, lui, a besoin de 50 milliards sinon il ne sera plus là en 2017. Avec les beggarine comme guides éclairés, nous nous surprendrons progressivement à rêver des bienfaits d'un Etat virtuel à l'image de ces émirats bâtis autour d'un maître, d'une valetaille et de peuplades bloquées à l'ère primaire, sans poésie, sans troubadours et sans questions existentielles gênantes non plus. Nous nous focaliserons sur la pitance quotidienne et laisserons les muftis de nos beggarine parfaire notre éducation en nous expliquant ce qu'il ne faut pas faire ou penser dans les toilettes et comment se laver avant d'en sortir. Sous leur conduite avisée, nous éradiquerons allègrement les derniers vestiges de l'Etat civilisé. L'état civil sera notre première cible. Plus question de ces patronymes importés qui nous figent pour l'éternité, ni de ces particules barbares qui nous renvoient à un passé refoulé, ces Ibn et ces Ben qui nous rapprochent trop des juifs. Notre ferment à nous, notre unique référence seront désormais nos propres enfants même s'ils sont encore au sein ; nous serons tous des Abou X et Oummou Y, libres d'agir à notre guise, enfin débarrassés des chaînes de cette filiation encombrante. Après l'état civil, toutes les réminiscences «napoléoniennes» pesantes que personne ne sait plus vraiment comment ça marche seront éradiquées avant la fin du 4e mandat, sécurité sociale en tête. Les derniers arbres, épuisés par un demi-siècle de maltraitances avec tous ces furoncles qu'on voit apparaître sur leurs troncs, seront enfin délivrés, arrachés, pour laisser pousser ces buildings étincelants de fer et de verre à l'image de ce qui se passe en ce moment même sur un bout de terrain subtilisé au complexe sportif du 5-Juillet à Alger, où l'on construit, dans l'impunité totale, une école supérieure de la Sécurité sociale. Comme s'il n'y avait pas de place à Biskra, Djelfa, Saïda ou ailleurs. Mais peut-être avons-nous déjà été sommés d'évacuer ces territoires ? Ce n'est que lorsqu'elle sera terminée qu'on se rappellera que la sécu n'existe plus. Mais nos beggarine ne sont jamais à court d'idées, ils la transformeront en permanence électorale pour le 5e mandat avant d'en faire une belle salle des fêtes pour leurs rejetons. Les trottoirs, hérités eux aussi du monde civilisé, sont un formidable butin de guerre, une source de revenus inépuisable. Nous les garderons pour les braves walis qui veillent sur nos urnes et pour ceux qui mettent la main à la poche d'un mandat à l'autre, comme c'est le cas en ce moment même à Alger encore une fois. De toute façon, on ne peut rien construire dessus, pas même une petite gargote. Dans nos villes à nous, les piétons n'ont qu'à suivre les voitures en procession comme dans les enterrements. Les ronds-points par contre peuvent recevoir de belles petites bâtisses mais on les gardera en réserve pour les futurs mandats, les futurs walis et les futurs donateurs au cas où les trottoirs ne suffiraient plus. Les écoles, les universités et autres facultés, tous ces machins à fabriquer des chômeurs récalcitrants, on les balancera aussi. On gardera juste quelques-unes bien visibles pour faire chic. Les cerveaux, on n'en a que faire, on ne va quand même pas s'amuser à redécouvrir le fil à couper le beurre ! Pour les hôpitaux, la
question sera réglée avant la fin du 4e mandat : les docteurs ès roqia sont déjà à pied d'œuvre partout dans le pays et se chargeront de les recycler de manière bien orthodoxe. Les questions de vie et de mort, voyez-vous, sont d'essence divine et doivent rester à l'abri des élucubrations impies. Exit Pasteur et Koch, on viendra vous voir chez vous au besoin. Dès le début du 5e mandat, la grande mosquée, plus grande que celle de mawlana Hassen, trônera sur la baie d'Alger, garantissant ainsi une place au Paradis à ses promoteurs. Les citoyens, eux, seront autorisés à y prier le Bon Dieu de ne pas tomber malades car le Valde- Grâce est tout ce qu'on veut sauf l'armée du salut. Au cours des deux premières années du 5e mandat, toutes les résurgences administratives administratives inutiles disparaîtront à leur tour. C'est la Cour des comptes qui ouvrira le bal même si elle n'est plus qu'une coquille vide depuis 1999, suivie de l'IGF et du ministère des Finances. De toute façon, les impôts ont déjà été abolis, j'ai juste oublié de vous le dire. Vers la fin du 5e mandat, l'électricité sera rationnée dans les campagnes. Le fellah n'en a jamais eu besoin et n'a que faire de l'internet, cette invention du diable. Les villes, elles, resteront éclairées mais sans les dépravations occidentales. Qu'a-t-on besoin de cinémas, de théâtres et de maisons d'édition ! De toute façon, ça n'intéressera plus personne et je vous garantis qu'à l'orée du 6e mandat, plus personne ne passera le seuil d'une librairie, s'il s'en trouve encore une bien sûr. Le peuple algérien n'aura pas à s'encombrer de toutes ces choses superflues pour être heureux. Il s'adonnera au commerce ou travaillera la terre et mangera à sa faim, c'est l'essentiel ici bas. Pour le reste, la télévision se chargera de le distraire. Comme pour l'eau et les aéroports, nous ferons appel aux Européens pour tout le reste. Ils nous distribueront ce qui reste à distribuer, règleront chez nous leurs problèmes de chômage et de trésorerie et fermeront les yeux sur nos mandats futurs. Ils aiment le pognon ? On leur en fera voir du pognon ! Nous les laisserons bien s'embourber chez nous car dès le 6e mandat, nous entamerons la dernière ligne droite vers notre destination finale : nous nous poserons sur cet astre paisible que les anarchistes veulent expulser de notre galaxie et nous ressemblerons enfin à nos bedonnants modèles enturbannés ! Le 6e mandat sera le plus beau, le plus grand, celui des grands préparatifs, le mandat de la joie et des festivités car ce sera le dernier. Oui, l'ultime mandat durant lequel le peuple, enfin apaisé, maîtrisant déjà l'art de la courbette, sera invité à s'exercer au baisemain. Car il faudra prêter massivement allégeance à celui que nous élèverons enfin sur un trône serti des plus beaux joyaux d'Anvers, notre vénéré Boabdil 1er que le monde entier nous enviera. Il règnera sans partage, en souverain absolu, pas le genre de ces petits rois démocrates du Nord qui n'ont de roi que le titre. Boabdil, lui, sera empereur, ça correspond mieux à notre tempérament africain. Il sera le seul, l'unique ordonnateur, son pouvoir sera illimité. Nous le couronnerons bien sûr en toute liberté, avec une petite pensée pour Obama et Hollande qui feront partie des invités de marque s'ils sont encore de ce monde, pour leur précieuse contribution à l'accomplissement du défi algérien. La fête sera rehaussée par les représentants des grandes nations qui enverront de prestigieux cadeaux. Notre empereur trônera sur une montagne d'or et sera plus beau, enfin, disons plus heureux que le roi du Danemark, ce royaume pourri, nous a-t-on dit. Sans les réminiscences prétendument civilisées, tout deviendra plus simple. Notre souverain n'aura plus qu'à renouveler régulièrement ses réserves d'or : les wilayas, les daïras, tout ce qui peut rapporter de l'argent, sera donné en gérance libre au plus offrant. Ne soyez pas étonnés, c'est, à quelques nuances près, la même procédure que pour l'eau et les aéroports, simplifiée seulement ; c'est un contrat de management sans dossier, sans papiers et sans bureaucratie. Des bourses de pièces d'or à déposer aux pieds du souverain suffiront. Entre deux séances d'enchères, notre empereur s'adonnera à la chasse à l'outarde, c'est ce qu'il y a de mieux pour la forme.
Ne vous méprenez pas, Boabdil 1er ne cèdera pas tout. Il gardera la haute main sur l'armée et la police, car il se trouvera toujours des mécontents, des gauchistes et autres anarchistes qui travailleront à semer le doute dans les esprits apaisés des sujets de Sa Majesté. Peut-être même tenteront-ils de créer des troubles pour donner prétexte aux troupes étrangères stationnées au sud du pays depuis le 5e mandat d'envahir le nord et tenter une nouvelle fois d'y greffer la civilisation. Soyez sans crainte, personne n'entendra leur prêche. Dans les déserts d'Arabie, c'est connu, «les chiens aboient, la caravane passe». L'apparition en terre d'Algérie de Boabdil 1er après le 6e mandat ne semble pas être du goût des braves gens, ni du mien d'ailleurs. D'une certaine manière, je me suis auto-angoissé tout seul. Comment en serait-il autrement dans cette ambiance de désespérance dans laquelle ne semblent se complaire que les inconscients et les chiyatine. Devant les puissances du mal, le pessimisme de la raison nous laisse souvent sans illusion, la pente nous paraît trop raide et la remonter face à un adversaire féroce devient souvent utopique. Mais heureusement qu'avec Antonio Gramsci, nous savons lui opposer l'optimisme de la volonté, cette force qui défie les lois de la logique par le surpassement de soi et la quête d'un idéal à la mesure de l'homme. Ainsi naissent les mythes et les grandes œuvres humaines. J'ai dû m'auto-stresser inutilement car Boabdil 1er ne sera pas. Ce sont les jeunes femmes et les jeunes hommes de ce pays qui vous le disent. Ils en ont décidé ainsi et ils ont bien raison. Même Dieu est avec eux et ne permettra pas un tel sacrilège. Nos chouhada qui sont auprès de Lui, réunis en conclave ouvert par l'infatigable Abane Ramdane, appuieront le combat de ces Algériens et tous ensemble contraindront l'Algérie à rester au XXIe siècle. Obama, Hollande et leurs émirs de pacotille n'y pourront rien. Ils comprendront que les Algériens sont en train de construire leur avenir et, pragmatiques, détourneront les yeux. Nos majordomes retrouveront alors leur posture naturelle et adresseront aux Algériens debout des regards obliques et des sourires mielleux. Mais ils les congédieront sans ménagement en leur indiquant la porte de sortie. L'air concentré et affaissé de ceux que l'arbitraire et la condescendance de ces dernières années ont longuement tourmentés disparaîtra de nos visages. Les élites, déjà à pied d'œuvre, feront enfin entrer le pays dans la transition pacifique qui sauvera nos enfants. Les bannières de la non-violence seront en première ligne, bien visibles. Elles baliseront le chemin à suivre jusqu'à la démocratie. Les Algériens veilleront à faire disparaître toute forme d'oppression en empêchant l'accumulation de la haine, car la violence est la négation de l'espoir. Ils s'inspireront, au besoin, de Mandela, de Martin Luther King et de tous les prophètes et envoyés de Dieu. Pour y parvenir, un seul fondement, le respect du droit et des droits de chacun quelles que soient son origine, sa langue, sa religion et la couleur de sa peau. C'est à cette condition essentielle que pourront être envisagées les étapes à franchir pour doter le pays des institutions légitimes qui lui ont toujours été refusées. Les nombreuses exigences non négociables comme la dissolution des deux chambres d'enregistrement actuelles et leur remplacement par une Assemblée constituante souveraine ou encore le choix des membres de l'équipe dirigeante ne doivent pas occulter une question fondamentale, primordiale, celle de la mise hors de la vue des prédateurs locaux et étrangers de la manne pétrolière. Elle sera placée sous la responsabilité d'un comité de sages et d'experts qui administreront l'argent du peuple en bon père de famille en s'inspirant de la probité norvégienne. Ils auront pouvoir de réduire la production d'hydrocarbures au strict nécessaire pour préserver les ressources du pays. Nous ne pomperons désormais qu'en fonction de nos besoins réels. Il n'y aura pas de surplus pour refaire les trottoirs. Les Algériens encore debout uniront leurs forces et rêveront ensemble d'un pays où il fera bon vivre pour tous. Quand toutes les communautés vivent en harmonie, il arrive qu'elles offrent à l'humanité ses plus belles pages d'histoire. Grenade rayonnait sur le monde il y a juste quelques siècles. Elle a enfanté tant de savants et de sages ! Que les Algériens de toutes les croyances et de toutes les tendances sortent des ghettos dans lesquels ils se sont isolés du reste du monde ! Les ghettos, comme la consanguinité, sont le terreau idéal où prolifèrent les mauvais gènes, responsables des maladies du corps et de l'âme. Détournez-vous des incultes et des ignares qui vous enseignent la violence et la haine et inspirez-vous des sages et des savants qui prêchent l'amour du prochain, qu'il soit monothéiste, bouddhiste ou athée. Cheïkh Mahieddine Ibn Arabi, surnommé cheïkh El Akbar dans l'éternelle Andalousie, avait une prière qui est parvenue jusqu'à nous à travers les siècles. Il disait : «Que la paix la plus complète soit sur celui qui s'est amélioré, qui est devenu bon...» Devenir bon, voilà un programme exaltant. Peu importe l'aspect extérieur quand le cœur est sain, nettoyé à la brosse métallique s'il le faut pour traquer les restes de haine, de mauvaise foi, d'agressivité et d'arrogance. Le sujet est vaste mais d'une simplicité déconcertante : la liberté de chacun s'arrête là où commence celle de l'autre. Nos élites auront sans doute fort à faire car il faudra construire tout en déblayant. Puissent-ils s'inspirer de cette maxime de Tocqueville qui disait au XIXe siècle : «Le plus grand soin d'un bon gouvernement devrait être d'habituer peu à peu les peuples à se passer de lui.»


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