Ils ont été nombreux à sortir dans la rue au lendemain de l'annonce de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat consécutif. N'ayant pas d'illusions sur un processus électoral, qu'ils savaient joué d'avance, les mouvements Barakat, Rafd ou encore Bezzaf, pour ne citer que ceux-là, l'ont rejeté en bloc. Aujourd'hui, ils s'inscrivent dans la continuité de leur combat et pas plus tard que ce matin, un rassemblement de Barakat est prévu devant le Conseil constitutionnel. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - D'un sursaut de dignité à un combat qui s'inscrit dans la continuité. Les mouvements citoyens auront marqué plus que jamais l'histoire de l'Algérie indépendante, le temps d'une campagne électorale pour les présidentielles d'avril 2014. Et pas seulement. Puisque de l'indignation face à un mandat présidentiel de trop, surtout que le postulant, visiblement amoindri par son état de santé connu de tous, ne faisait pas l'unanimité. L'avenir de l'Algérie était alors engagé sur une voie à dérives multiples et des voix, soucieuses du devenir de leur Nation, ont haussé le ton brisant le mur de la peur. Les coups de matraque, les arrestations abusives et la répression policière, à chaque fois que le rejet d'une mascarade s'exprimait dans des rassemblements dans la capitale et un peu partout à travers le territoire national, n'ont pas eu raison de ces mouvements citoyens à la conviction profonde. Barakat avait franchi le pas pour réussir enfin à s'imposer face à un régime allergique à toute manifestation publique. Les images scandaleuses aux lendemains des premiers rassemblements ont indigné le monde entier avant de faire reculer le pouvoir qui s'est résigné à opter pour la «gestion démocratique des foules». Le mouvement Rafd (front du refus), ou encore Bezzaf (c'est trop), ont su profiter de cette brèche de tolérance, vu la menace qui pesait sur la légitimité d'un processus électoral boudé par la population, pour porter haut leurs revendications. Un bloc d'opposition, constitué par des citoyens pour la plupart non partisans, a pour la première fois, depuis que les colons français ont quitté les rives de la côte algérienne, réussi à porter sur la voie publique les voix d'un peuple qui murmurait tout bas le rejet de tout un système qui ne représente que ses propres intérêts. Mais pour une fois aussi, ces mouvements citoyens n'ont pas été la fabrication de quelque laboratoire, le temps d'une conjoncture intéressée et animée par des calculs politiques sinon électoralistes. Le silence est désormais rompu, la peur est plus que jamais évacuée de ces corps qu'on a longtemps cru inanimés. La preuve, au lendemain de la prestation de serment d'Abdelaziz Bouteflika pour son quatrième mandat à la plus haute magistrature du pays, le mouvement Barakat organise aujourd'hui devant le Conseil constitutionnel un rassemblement, suivi du dépôt d'une demande auprès de Mourad Medelci, pour l'application de l'état d'empêchement du président plébiscité d'exercer ses fonctions suivant l'article 88 de la Constitution. C'est ainsi que Me Badi et Idir Tazerout, membres de la coordination nationale de Barakat, joints hier par téléphone, certifient : «Ça sera l'inauguration d'une série d'actions contre cette dictature et nous ne comptons pas désarmer».