La Journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée, hier, à Béjaïa, avec un éclat particulier à travers un vibrant hommage à une grande figure de la presse algérienne, Saïd Mekbel, lâchement assassiné par les hordes terroristes islamistes, il y a presque 20 ans. Les journalistes et correspondants de la wilaya de Béjaïa, tous organes confondus, se sont donné rendez-vous vers les coups de 10h, dans le même esprit d'unité, à la place nouvellement réalisée au centre-ville à la cité Rabaïa pour honorer la mémoire du célèbre billettiste «Mesmar j'ha». Une place désormais baptisée au nom de la liberté de la presse Saïd Mekbel. En présence d'une foule nombreuse composée de militants des droits de l'homme, du combat démocratique et de la cause identitaire et de la famille de Saïd Mekbel, les journalistes et correspondants locaux ont tenu à marquer dignement l'événement en procédant à la réinauguration symbolique de la stèle érigée à la mémoire de «l'Ogre», en cette journée mondiale de la liberté de la presse. Les journalistes présents ont vivement dénoncé «la récupération politicienne» du wali qui a procédé à l'inauguration d'un espace dédié à Saïd Mekbel et à la liberté de la presse deux semaines avant l'élection présidentielle, un 16 avril à l'occasion de «Youm El Ilm». Un projet initié, faut-il le souligner, par la corporation locale depuis plusieurs années qui se veut aussi un hommage à tous les journalistes algériens qui ont payé de leur vie, leur engagement pour les libertés individuelles et collectives face à la recrudescence de l'idéologie extrémiste des islamistes durant la décennie noire. «Il y a deux semaines, à la veille des élections, le wali l'a inaugurée dans la précipitation pour être au rendez-vous du 16 avril. On a voulu associer au youm el ilm, la mémoire d'un journaliste mort pourtant pour sa liberté d'expression. De ce fait, nous estimons que l'inauguration, le 16 avril dernier, trahit la mémoire de Saïd Mekbel», notent les journalistes dans une déclaration lue lors du rassemblement. «Nous rendons hommage à "l'Ogre", à "El Ghoul", à "Mesmar j'ha" pour combattre l'oubli et dire le journaliste talentueux et engagé qu'il était (...) au nom donc de tous les journalistes de Béjaïa, qui se reconnaissent dans le combat juste pour la liberté de la presse et de la noble mission d'informer, nous dénonçons la manœuvre des autorités. Et parce que Saïd Mekbel a été assassiné pour avoir usé de sa liberté, nous, journalistes de Béjaïa, considérons que la place Saïd Mekbel est inaugurée aujourd'hui, 3 mai 2014, Journée internationale de la liberté de la presse comme proclamée par l'assemblée générale des Nations unies», poursuit-on dans le même document. Et de conclure «en réparant cet impair, nous avons désormais la conscience tranquille. «Que cette place serve d'espace de liberté pour toute expression, que des artistes viennent y exposer leurs créations, que des poètes viennent déclamer leurs vers, que chacun vienne dire sa libre parole. Cet espace est le nôtre. Préservons-le». Durant les prises de parole, des animateurs du MCB et de la société civile ainsi que des élus et des responsables politiques locaux, se sont tour à tour succédé à la tribune pour rappeler le lourd tribut consenti par la presse algérienne pour maintenir debout la République durant la terrible tragédie nationale. Lors du rassemblement sur la place baptisée au nom de la Liberté de la presse Saïd Mekbel, une minute de silence a été observée à la mémoire de tous les journalistes assassinés par la barbarie islamiste. Des gerbes de fleurs ont été aussi déposées au nom des journalistes locaux, du RCD, du MCB et de l'association de la cité CNS devant la stèle érigée à la mémoire de Saïd Mekbel. Par ailleurs, en se recueillant au cimetière Sidi-Ahmed-Amokrane de Béjaïa, une gerbe de fleurs a été également déposée par les adhérents de l'association de journalistes et correspondants locaux sur la tombe du défunt. Dans l'après-midi, deux conférences-débats ont été initiées pour marquer cette journée internationale de la presse. C'est ainsi qu'à l'initiative des adhérents de l'association des journalistes et correspondants locaux, le politologue Chafik Mesbah a animé une conférence-débat à 14h au TRB. Le CDDH de Béjaïa, affilié à la LADDH, qui s'associe de son côté à l'hommage rendu à feu Saïd Mekbel, a organisé une rencontre-débat animée dans l'après-midi par le Pr Mostefaoui Belkacem, enseignant à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et auteur de plusieurs ouvrages sur la liberté de la presse en Algérie.