Jamais de mémoire de mouvements de grève au sein des institutions et autres établissements tant privés que publics, du moins à Bouira, un directeur ou un responsable n'a ligué contre lui autant de monde. A l'Institut national de formation supérieure du paramédical (INSFPM ) de Sour-El-Ghozlane, le directeur de cet institut a réussi cette prouesse : en grève depuis le 14 mai dernier, ce mercredi lors de notre déplacement sur les lieux, nous avons été frappés par l'ampleur du divorce consommé entre ce responsable et les différents acteurs agissant à l'intérieur tant du côté des étudiants, lesquels sont en grève depuis le 14 mai dernier, que du côté des enseignants qui avaient jusque-là observé uniquement des piquets de grève avant de passer, eux aussi, à une grève illimitée après le licenciement d'un enseignant, membre de la section locale du Syndicat national des professeurs du paramédical (SNPEPM), ainsi que plusieurs autres travailleurs affiliés au Snapap. Ce mercredi, une fois sur les lieux, nous avons été témoins de certaines conditions de vie qui n'honorent plus le corps hospitalier : les étudiants vivent dans des conditions précaires avec des sanitaires dégradés, un manque flagrant d'hygiène au sein des dortoirs, surtout pour les garçons qui partagent la même cour avec la morgue de l'hôpital (oui, nous disons bien la morgue avec la plupart du temps des morts à l'intérieur, alors qu'en face, il y a un dortoir d'étudiants dont la plupart sont des adolescents). Les mêmes conditions d'hygiène inexistantes prévalent dans les dortoirs des filles, alors que pour la scolarité, des problèmes liés à l'emploi du temps, au volume horaire et au planning des examens ainsi que les heures de révision dans la bibliothèque, et le manque total du Wifi, sont évoqués par les étudiantes et les étudiants. Chez les enseignants, le même désarroi subsiste et une mésentente totale avec le directeur, qui travaille en étroite collaboration avec une dame recrutée dans le cadre du pré-emploi et qui est devenue au fil du temps, selon les enseignants et les syndicalistes du Snapap, la véritable responsable au sein de cet institut, qui existe depuis mars 2013. En septembre dernier, un rapport détaillé était envoyé au ministère et à la DSP, et suite à quoi, une inspection avait été envoyée. Cette dernière avait établi en décembre un rapport avec 40 recommandations mais, trois mois plus tard, le directeur n'avait pris en considération aucune recommandation. En mars, après le blocage total, le directeur, objet de ces problèmes, avait été envoyé en congé forcé et remplacé par un intérimaire. Durant cette période d'intérim, l'institut a repris de la vitalité tant le respect entre chacun, entre la direction et les enseignants, entre les enseignants et les étudiants et entre l'administration et les étudiants, a été revalorisé. De fait, lors de sa visite en mars dernier, le ministre de la Santé et de la Population qui était au courant de tous ces conflits et remarquant la bonne ambiance qui régnait après l'installation de cet intérimaire, a promis verbalement de le titulariser dans son poste. Tout le monde était content jusqu'au 2 mai dernier, date d'expiration de la période d'intérim de deux mois, et le retour au poste de l'ancien directeur qui a repris ses vieilles méthodes en commençant par des sanctions et même des licenciements. Des méthodes qui ont exacerbé les esprits et des étudiants et des travailleurs et des enseignants. Une semaine après son retour et puisque, entre-temps, un nouveau directeur est installé à la tête de la DSP de Bouira, celui-ci se déplacera avec une commission d'enquête dépêchée depuis le ministère. Nous sommes le 14 mai et cette commission, plutôt que d'entendre les différents protagonistes pour établir un rapport détaillé et équitable, s'est montrée très penchée vers le directeur objet de toutes les critiques. Cette partialité a eu pour effet la colère des étudiants qui ont été marginalisés par la commission et qui n'ont été entendus qu'après leurs protestations. Entendus finalement mais avec une manière qui frise l'humiliation. Depuis cette date, les étudiants, les travailleurs affiliés au Snapap et les enseignants sont en grève. Tous pointent du doigt le directeur. Les étudiants ne demandent que le respect et de meilleures conditions de travail et d'études, deux choses qui ne leur sont plus assurées par l'actuel directeur. Les enseignants ne demandent plus que l'application des recommandations soulignées par la commission d'enquête de décembre dernier, et les travailleurs ne demandent que le respect et l'installation aux postes sensibles des fonctionnaires compétents et ayant une ancienneté en soulignant le cas paradoxal de la dame qui a été recrutée dans le cadre du pré-emploi et qui fait la pluie et le beau temps au sein de l'institut. Cela étant, les étudiants et les étudiantes se disent tous inquiets pour leur devenir, et ne demandent qu'une chose : que le ministère installe à la tête de leur institut un homme capable de les comprendre et capable de se hisser au niveau supérieur, un responsable qui sache respecter les femmes et les étudiantes quels qu'ils soient, pas un responsable qui possède une mentalité rétrograde et qui ne sait plus comment assurer à l'Institut les bonnes conditions de vie et d'études... Signalons que lors de notre présence sur les lieux, nous avons invité le directeur, objet de toutes ces critiques, à donner son point de vue mais celui-ci nous dira dans son bureau qu'il est tenu par l'obligation de réserve.