Les membres du Pôle des forces du changement prévoient un nouveau passage en force du pouvoir pour imposer le projet d'amendement de la Constitution. Le PFC n'a pas encore décidé s'il participerait à la Conférence pour la transition démocratique qu'organise la Coordination nationale pour la transition démocratique le 10 juin à Alger. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) Les leaders des formations du Pôle des forces du changement ne croient pas au caractère «consensuel» de la démarche du pouvoir du régime pour amender la loi fondamentale. Lors d'une conférence de presse animée hier, Ali Benflis, Djahid Younsi, Nourredine Bahbouh, Tahar Benbaïbech et Djamel Benabdesselam ont une nouvelle fois critiqué le projet de la présidence. Coordinateur de ce regroupement, Ali Benflis prédit un passage en force de Abdelaziz Bouteflika pour imposer «sa Constitution». «Mon premier pronostic est que le régime en place a acquis une solide expertise dans le passage en force. En conséquence, il s'emploiera à faire passer en force son initiative avec l'appui des forces politiques et sociales qui gravitent dans son orbite. Il aura ainsi sa Constitution mais elle ne sera pas celle de la République. Ce faisant, il prendra la responsabilité de la division au sujet de la Loi suprême de la République qui se doit d'être, par essence, consensuelle et rassembleuse. Cette initiative constitutionnelle et la manière avec laquelle elle finira par être imposée agiront comme un facteur d'exacerbation et non d'apaisement de la crise actuelle», a-t-il souligné dans une déclaration liminaire. L'ex-candidat à l'élection présidentielle estime que ce nouveau coup de force de Bouteflika devrait déclencher un «processus politique global de règlement de la crise». «Avec le temps, l'imposition de cette révision constitutionnelle apparaîtra comme une victoire à la Pyrrhus pour le régime en place. Celui-ci pourra crier victoire après son adoption. Mais l'euphorie passée et les limites de cette initiative atteintes, l'ouverture d'un processus politique global de règlement de la crise actuelle n'en deviendra que plus urgent et plus impératif». Pour sa part, Djahid Younsi a indiqué que les partis politiques ne devaient surtout pas cautionner la démarche des consultations qu'est chargé de mener Ahmed Ouyahia. «Depuis l'ouverture politique, au début des années 1990, le pouvoir n'a jamais accepté le principe de la démocratie. Il a toujours considéré les partis de l'opposition comme de simples accessoires», a souligné le président du Mouvement El Islah. Selon lui, la création de pôles politiques constitue une étape importante dans le renforcement de l'opposition. Reste maintenant à savoir si ces pôles peuvent entretenir des liens pour mener des actions communes. A ce titre, les membres du PFC n'ont toujours pas décidé s'ils participeront ou pas à la Conférence pour la transition démocratique que prévoit d'organiser le 10 juin la Coordination nationale pour la transition démocratique. «Nous avons des contacts réguliers avec la Coordination. La question de notre participation à cette conférence fait l'objet d'un débat mais elle n'a pas encore été tranchée», a déclaré Ali Benflis. Ce dernier a, par ailleurs, confirmé le retrait de partis politiques du Pôle des forces du changement. «Des formations politiques m'ont soutenu durant la campagne électorale des présidentielles. Je tiens à les en remercier. Actuellement, ces formations ont choisi de prendre une autre position», a-t-il dit sans citer les noms des leaders de ces formations. Il s'avère, en effet, que Naïma Salhi du Parti de l'équité et de la proclamation, Youcef Hamidi du Parti national algérien et Amar Bouacha du Mouvement El Infitah aient accepté de participer au processus de consultations avec le pouvoir. Interrogé sur la création de son parti politique, Ali Benflis a indiqué que le dossier administratif est actuellement en phase d'élaboration et qu'il sera déposé au ministère de l'Intérieur au courant du mois de juin. Le candidat a également réitéré son engagement à rendre public, «dans les prochaines semaines», le livre blanc sur la fraude électorale.