La situation demeure instable en Libye où seize personnes ont été tuées lundi à Benghazi (est), dans de violents affrontements entre des milices et des forces loyales au général dissident Khalifa Haftar, qui a lancé depuis la mi-mai une offensive au nom de la lutte contre le «terrorisme». «Des forces des Brigades de 17 février de Rafallah Al-Sahati, d'Ansar Asharia et du Bouclier de Libye ont bombardé tôt lundi le camp 21, cernant les soldats qui y étaient, faisant des morts et des blessés», a affirmé le colonel Saâd Al-Werfelli, commandant de la base aérienne de Benghazi. Les heurts ont fait au moins 16 morts dont 11 militaires, et 26 blessés, selon les bilans de deux hôpitaux de la ville. En riposte, les forces de l'Armée de l'air, loyales au général dissident ont mené des raids aériens contre les assaillants, a ajouté cet officier. Ces affrontements, qui se poursuivaient dans la matinée sont les plus violents depuis ceux du 16 mai lorsque le général Haftar avait lancé sa campagne baptisée «Dignité» pour éradiquer les «groupes terroristes» dans l'est du pays. Ceux-ci ont fait au moins 76 morts. Ce regain de violence a entraîné lundi la suspension des examens de fin d'année dans les lycées de Benghazi, selon le ministère de l'Education, tandis que des appels de collecte de sang ont été lancés par des hôpitaux. Les habitants se terrent chez eux et la ville est quasi-paralysée, ont rapporté des témoins, cités par les médias, affirmant que le bruit des canons n'a pas cessé de toute la matinée. Des familles se sont retrouvées prises entre deux feux, en particulier dans la région de Sidi-Fradj, fief des milices «Ansar Asharia», à l'ouest de la ville, selon les mêmes sources. Le général Haftar, 71 ans, qui affirme avoir un «mandat du peuple libyen» pour combattre le «terrorisme», a proclamé dans un message récent lu sur une télévision privée qu'il n'y aurait pas de retour en arrière possible dans son offensive. «Pas de retour en arrière jusqu'à la libération du pays, le rétablissement de la sécurité et la stabilité et la consécration de la liberté et la démocratie», avait-il dit depuis l'est de la Libye. Dimanche, les forces loyales au général «ont effectué trois frappes aériennes sur des cibles des groupes armés» dans la ville de Benghazi, rapportent des agences citant des sources rebelles. Par ailleurs, en soutien au général Haftar, des milliers de Libyens ont manifesté à Tripoli et Benghazi, scandant des slogans appuyant l'opération «Dignité», et dénonçant le terrorisme et les groupes armés. Son opération, lancée le 16 mai à Benghazi, bastion de la rébellion contre le régime de Mâammar El Gueddafi en 2011 et fief des groupes radicaux, a été qualifiée de «tentative de coup d'Etat» par les autorités. La situation en Libye était au centre de discussions informelles fin mai à Alger, réunissant des ministres des Affaires étrangères des pays voisins, avec la participation de la Ligue arabe et de l'Union africaine (UA), qui ont réaffirmé leur soutien à un dialogue national dans ce pays pour résoudre la crise.