De mémoire d'Algérien, jamais depuis l'indépendance ministre de l'Education nationale – et même ministre tout court –, n'a été accueilli avec l'hostilité calomnieuse réservée à Nouria Benghebrit. Sous l'impulsion de forces conservatrices attachées au maintien du statut actuel de l'école, succursale de mosquée, les réseaux sociaux se sont mis à crépiter dès sa nomination. «Elle est juive, lancent les Arabo-islamistes convaincus qu'avec ce pire des anathèmes, ils allaient la rétamer. «Elle ne parle pas l'arabe», surenchérissent les compères. Cette panoplie collée à l'armure, elle était censée déguerpir. Choisie en connaissance de cause par les plus hautes autorités de l'Etat, et non désignée sur sollicitation de sa part, il est regrettable qu'aucun pontife du gouvernement n'ait songé à prendre sa défense. Tiens ! Prenons l'exemple de Christiane Taubira, ministre de la Justice du gouvernement Hollande. Lorsqu'elle a fait l'objet d'une campagne raciste, le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, est monté au créneau pour la défendre. Nous, rien ! On ne va pas imiter l'ex-colonisateur quand même ! Sans doute un peu sonnée au début, elle a recouvré vite son sang-froid. Elle a démontré qu'elle ne parle pas un arabe pire que celui de Sellal. Même si la façon dont elle s'est défendue peut être par certains aspects discutable, affirmant ne pas être juive sans relever pour autant qu'être juif ne saurait être une abomination, elle a permis de couper la chique à ses contempteurs. Elle rappelle qu'elle est la petite-fille de l'imam Kaddour Benghebrit. Elle aurait pu ajouter que l'une des gloires du recteur historique de la mosquée de Paris avait été de sauver de la mort nazie, durant l'occupation de Paris, des juifs enfants et adultes dont Salim Halali, le chanteur algérien originaire de Souk-Ahras. Mais, peut-être ont-ils raison de craindre le démantèlement de la machine à fabriquer des analphabètes bilingues qu'est devenue l'Education nationale. Ce qu'elle semble effectivement déterminée à faire. Et maintenant, c'est aux forces favorables à une école qui en soit vraiment une d'agir pour la soutenir. Mon petit doigt me dit qu'elle est la dernière chance pour l'école algérienne. Arris Touffan