De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Le roi Philippe et la reine Mathilde assisteront au dernier entraînement des Diables rouges à Bruxelles avant qu'ils ne se ruent sur les Fennecs. Fabio Capello attise les braises. Il veut du sang et des larmes entre la Belgique et l'Algérie. Le H sent le soufre. Aujourd'hui la Belgique rencontre la Tunisie, dans un stade Roi Baudouin archi-comble pour une fête fantastique en l'honneur des Diables rouges. C'est le dernier match avant le fameux jour J, le 17 juin où le destin du royaume se jouera. Pour l'épopée, la grande aventure qui mènera, au moins, au dernier carré des mondialistes. Ici, personne n'en doute, et pour que les choses soient claires et définitivement réglées, le roi Philippe et la reine Mathilde, toujours aussi belle et altière, assisteront au dernier entraînement des Diables dimanche avant le départ pour le Brésil. Pour autant, les soucis ne feront que commencer. Surtout qu'avec ces Algériens, premiers adversaires, la joute ne s'annonce pas comme prévu. Facile. A la portée. Il y a quelques mois, les médias du royaume croyaient que le 17 juin était une formalité administrative, une contrainte Fifa. Les gazetiers du royaume considéraient ainsi l'affaire, rentrer sur le terrain, battre par un score lourd l'Algérie, se reposer, ensuite revenir quelques jours après pour régler leur compte aux Russes puis aux Coréens. Et passer premier du groupe pour éviter l'Allemagne et alors s'enclenche le processus qui mènera vers le firmament, le top 4, le carré d'as. Au vu des dernières prestations de l'Algérie en Suisse, la machine de l'information s'est grippée, des éléments non calculés ont fait leur apparition. Au premier lieu desquels la qualité du jeu algérien, leur discipline tactique et la richesse offensive dont dispose Halilhodzic. Les dribbleurs, denrée rare en ces moments, sont nombreux chez les Verts, les gabarits aussi pour la bataille du milieu de terrain. Et quels gabarits ! La chronique du royaume rectifie donc le tir, c'est le cas de l'écrire et ne considère plus un nul contre l'Algérie comme nécessairement «catastrophe nationale». Et de titrer et commenter les performances de Feghouli, Taïder, Brahimi de braquer les projecteurs sur Bentaleb de Tottenham, de Ghoulam de Naples, de Ghilès du Portugal et des autres. La Dernière Heure (D.H.) écrit : «Lorsqu'on se passe des services de Belfodil et de Boudebouz, c'est qu'on a d'autres pièces maîtresses. Et au vu de ce que j'ai vu (le journaliste de la D.H) contre la Roumanie, les Algériens poseront d'énormes problèmes. C'est certain.» Et de conclure : «Je ne serais pas étonné du tout qu'ils passent le groupe H, pourvu que ce soit en notre compagnie». Le commentateur d'une radio bruxelloise évoque, lui, en boucle : «Nous sommes avertis (la Belgique, ndlr). L'Algérie montre ses dents. Les Algériens ne seront pas orphelins au Brésil. Ni en supporters, ni en joueurs de qualité. Le match se déroulera le 17, pas avant. La Belgique ne part plus favorite, je le dis, quitte à me constituer un réseau de farouches ennemis, ici». A peu près, mêmes appréciations et appréhensions côté presse néerlandophone. Le De-Morguen (centre-gauche), De-Standard (modéré) et des titres spécialisés pointent qui «le danger algérien», qui ses «grandes possibilités offensives», et enfin qui «la rigueur tactique de la formation de l'ex-Lillois (Halilhodzic, ndlr). Fabio Capello, qui était en Suisse pour les deux matches contre l'Arménie et la Roumanie, tapi, clandestinement, dans les loges des gradins des stades de Sion et de Genève, y va lui aussi de ses «éloges» et de son «admiration» pour cette «équipe d'Algérie». Comme d'habitude, Capello le rusé provocateur en rajoute quelques-unes à destination des Diables rouges. Il commence par dire, d'abord : «Le groupe H est équilibré, pour l'instant, aucune équipe des quatre ne me paraît supérieure aux autres». Histoire de rabaisser le caquet des Belges et les réduire à une formation comme les autres. Ce que le peuple diable rouge déteste par-dessus tout. Ça, Capello le sait et c'est même pour cela qu'il le proclame. Ensuite il aligne, les unes après les autres, les «grandes qualités» des Algériens et leur «aptitude» à pouvoir changer de dispositifs. Sans doute pour brouiller davantage les choix de Marc Wilmots et contraindre ce dernier à rester stressé jusqu'au début de la rencontre contre l'Algérie. En signifiant la «facilité» des Algériens à se mouvoir tactiquement, Capello envoie le message suivant : «Ami Wilmots, tu ne sais pas comment jouera l'Algérie contre toi, par contre moi si». L'autre grande inquiétude belge par rapport à l'Algérie, a trait à la bataille des tribunes. Les Diables rouges savent, depuis longtemps, que les Algériens ne lâcheront pas les leurs au Brésil, qu'ils seront nombreux, bruyants et compétitifs... Tout cela fait-il de l'Algérie un favori du groupe H ou simplement le deuxième qualifié ? Absolument pas. Le croire ou se laisser aller à ces rêveries orientées relèverait de la stupidité. Le groupe H est seulement entré dans la guerre des tranchées. Capello veut du sang et des larmes entre la Belgique et l'Algérie. Il s'y emploie. Il est dans son rôle.