De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Et c'est reparti ! Marc Wilmots encense encore une fois l'Algérie. Le moment et le cadre choisis — médias de Russie — ne sont pas anodins, loin s'en faut. Malin et calculateur, le sélectionneur belge tire plusieurs oiseaux d'un coup. Il relègue la Russie à un rang déplaisant, celui d'être au même niveau que l'Algérie, redresse la Corée et positionne les Fennecs. Non pas par amour de ce renard du désert, mais par tactique d'avant-compétition. Sur la sélection de Fabio Capello, Wilmots dit, tout de même, «le match contre la Russie sera le plus compliqué», mais pas plus. Pour enfoncer le clou et faire sortir les dirigeants de Moscou de leur réserve, il plante une autre banderille : «Ils n'ont pas Messi ou Ronaldo, mais collectivement, ils sont forts.» Comme dirait Lapalisse : «Un quart d'heure avant sa mort, il était encore vivant.» Cette petite entorse entre le fair-play de mise jusqu'à cet instant est à inscrire dans une dimension globale, d'une stratégie d'ensemble. Dans le groupe H où il se sait favori, Wilmots assume désormais cette posture. Il y a peu, alors qu'il cherchait à se la jouer modeste, les médias de son pays et l'opinion publique avaient rechigné. Les Diables rouges sont les Diables rouges, ils doivent le proclamer et en être fiers. Il y va de la fierté d'une nation. Pas la peine de pinailler ou de faire dans le footballistiquement correct. Depuis, Wilmots a choisi ses cibles et établi un ordre de priorités précis. Placer l'Algérie au niveau de la Russie, gonfler la Corée et fixer les gens de l'Oural, ces redoutables ex-Soviétiques, si silencieux, si taiseux. Pour autant, rien n'exclut que les Amours algériennes de Wilmots ne contiennent pas quelques marques de vérité ou, à tout le moins, de respect. Les chroniqueurs du royaume avancent, pourtant, d'autres raisons. Pour eux, ce sont G. Leekens et R. Waseige, ex-entraîneurs des Diables et des Verts, qui auraient averti Wilmots. «A trop taper sur l'Algérie, lui auraient-ils conseillé, mettrait en vigilance extrême les joueurs et piquerait le sentiment national à fleur de peau des Algériens». «Les Allemands, ont encore briefé les sages techniciens, en connaissent un bout !» Un commentateur maison (Dernière Heure - D-H) mais plutôt connaisseur, avance la «théorie de la galerie». Il écrit que Wilmots ne veut pas entrer en guerre contre le team de Halilhodzic à cause des supporters fennecs. Il sait qu'ils seront nombreux au Brésil et les médias belges ont eu à s'étaler sur l'impressionnant peuple vert. Pour mettre tout le monde d'accord, Wilmots conclut son interview aux Russes en déclarant : «En football, ce n'est pas toujours le plus fort qui gagne. Chaque équipe possède une chance de gagner.» Evidemment, le sélectionneur diable rouge ne pense pas à la Belgique en disant cela, mais aux autres, les 3 qui complètent «son» groupe (Russie, Algérie, Corée). Les Diables rouges sont dans son chef au-dessus de la mêlée. C'est ainsi que le peuple diable rouge voit les choses.