Demain sera le grand jour. Les Algériens attendent avec impatience la rencontre qui opposera les Verts aux Diables rouges. Une impatience mais aussi un calme populaire qui contraste fortement avec l'extravagante ferveur et les exhibitions exubérantes qui avaient précédé le Mondial sud-africain. C'est plutôt bon signe : chaque fois que nous avons cru décrocher la lune, nous n'avons fait que regarder fuir les étoiles filantes dans un ciel maussade et triste à en mourir. Je n'aime pas cette assurance assise sur de prétentieuses certitudes et ces torses bombés reflétant cet éternel excès de confiance qui nous a déjà coûté cher par le passé. Au Mondial-2010, nous avions apporté un soutien critique à Saâdane. Nous étions reconnaissants à l'homme pour avoir été, encore, celui qui qualifie les Verts après une longue absence, séduits par sa rigueur tactique et son excellente défense, l'une des meilleures de l'équipe nationale de l'Algérie indépendante. Mais sa prudence excessive, le fait qu'il n'ose jamais dans les moments où le vent tourne en notre faveur, se contentant toujours de vouloir limiter les dégâts, nous laissait une impression de ratage monumental en travers de la gorge. On ne va pas à une compétition aussi prestigieuse que la Coupe du monde avec un tel esprit ; on ne va pas pour exhiber le trophée de la résignation, celui que l'on s'octroie parce que l'on a platement échappé à l'humiliation. Dans ce cas, il vaut mieux rester à la maison. Cette vision réductrice du jeu qui consiste à tout axer sur le système défensif était déjà visible en 1986 lorsque la grande équipe des Verts avait raté un nul, voire même une victoire contre le grand Brésil des Socrates, Caréca, Josimar, Zico, Muller, Julio César... Oui, ce jour-là, les tourbillonnants attaquants algériens qui avaient terrassé l'Allemagne quatre années plus tôt, avaient les moyens d'en faire de même contre la Seleçao. Hélas, ils étaient piégés par un schéma tactique qui les obligeait à revenir en arrière et à brider leur irrésistible élan vers l'avant, voire leur impulsion naturelle à cavaler vers les buts adverses. En revoyant le match joué contre l'Angleterre en 2010, on a cette même impression d'avoir manqué un triomphe historique et toujours ce remords : oui, nous aurions dû croire en nos chances... Avec Halilhodzic, nous sommes comblés sur le plan de l'offensive. Cet ancien attaquant joue un football qui va vers l'avant et qui ne sait pas bétonner. Ça convient très bien au jeu algérien, ça crée de beaux mouvements d'ensemble qui nous rappellent les artistes d'hier, ça marque des buts mais ça se dégarnit dangereusement derrière et ça cafouille terriblement dans notre périmètre. C'est le point faible de l'entraîneur bosnien qui n'arrive pas encore à aligner une défense digne de succéder à celle mise en place par Saâdane : Bougherra-Halliche-Antar Yahia-Belhadj ! J'ai écrit un jour que l'idéal serait que Saâdane supervise la défense et que Halilhodzic s'occupe de l'attaque. Hélas, vous savez autant que moi que c'est impossible. Alors, une certitude, oui, j'en ai une : on va marquer. J'en ai une autre, moins optimiste : nos défenseurs se feront déborder facilement. Et comme M'Bolhi n'est pas rassurant tout à fait derrière, gare aux penalties ! En face, les Diables rouges seront redoutables. Et il y a aussi ces arbitres qui voient... rouge depuis les déclarations de Halilhodzic sur la partialité du referee ayant officié Brésil-Croatie... [email protected] P. S. : une bévue monumentale hier à propos de la qualification d'office du tenant du titre ! Cette disposition a été supprimée en 2002. Toutes mes excuses aux lecteurs qui sont toujours vigilants et continuent de nous signaler fraternellement nos erreurs, certes inadmissibles, mais qui prouvent que nous ne sommes que des hommes, avec nos grands défauts et nos petites qualités.