Les résultats du brevet d'enseignement moyen relancent le débat sur la déperdition scolaire. Le taux de réussite est à peine supérieur à 50% sans compter que dans le lot des collégiens qui accèdent au lycée, beaucoup sont tout juste moyens. Les spécialistes estiment urgent l'ouverture d'un débat sur l'orientation scolaire. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Les «performances» des collégiens sont certes meilleures que celles de l'année dernière mais restent à peine supérieures à la moyenne. Sur le lot des collégiens qui réussiront à passer au lycée, un nombre important obtiendra difficilement la moyenne requise qui est de 10 sur 20 calculée sur la base de la moyenne du BEM et celle obtenue au terme de l'année scolaire. Une note que beaucoup n'obtiendront que grâce aux largesses de leurs enseignants qui n'hésiteront pas à «gonfler» les notes pour leur permettre d'atteindre le fameux 10. Une pratique très courante, selon le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie. Idir Achour estime qu'au-delà du taux de réussite, c'est le niveau des collégiens qui est préoccupant. Il affirme que le niveau des élèves est très préoccupant puisque selon les statistiques, 30% des élèves refont la première année secondaire et souffrent d'un manque flagrant de prérequis. Ils ne maîtrisent pas les bases qui peuvent leur permettre de suivre un cursus sans faux pas. La solution ? Une révision du système d'orientation, explique Idir Achour, et une valorisation des métiers qui sont loin d'être mis en valeur dans une société qui exige de tous d'accéder à l'université. Pourtant, c'est l'orientation scolaire qui devrait permettre de faire le tri et de détecter les élèves les mieux outillés pour aller jusqu'au bout de leur cursus et ceux qui seraient plus épanouis dans un parcours professionnel. Un sujet qui est visiblement tabou puisque dans la société algérienne, la réussite est fatalement synonyme d'études universitaires. Pour satisfaire ce rêve de voir tous les Algériens sur les bancs de l'université, des élèves sont poussés difficilement, laborieusement au lycée. Leurs professeurs se retrouvent avec des classes surchargées où la moitié des élèves n'arrivent pas à suivre et qui souvent perturbent la classe. Des élèves qui auraient pu être orientés à la fin du cycle moyen vers le professionnel. Ils s'y seraient épanouis et auraient surtout perdu moins de temps à tenter des études pour lesquelles ils ne sont guère prédisposés. Au nom du sacro-saint principe de l'éducation pour tous, le passage d'un palier à un autre se fait de manière presque systématique au mépris des principes élémentaires de la pédagogie. Dans beaucoup de pays, l'orientation vers le professionnel date de plusieurs décennies déjà. Un enseignement qui a fait ses preuves avec des élèves qui s'épanouissent dans un métier qu'ils ont choisi et des écoles qui ne renferment pas des élèves démotivés et incapables d'accomplir un cursus sans refaire les années. Des exemples à méditer.