Il y a cinquante-deux ans, les rues d'Alger comme celles des autres villes étaient prises d'assaut par une foule en liesse. Les images de ces marées humaines fêtant l'indépendance tranchent avec celles qu'offraient Alger hier : une ville fantôme où seuls les drapeaux déployés pour l'occasion rappellent la singularité de la journée. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Sans avoir vécu la mémorable journée du 5 Juillet 1962, les jeunes générations ont la tête pleine des images tournées en noir et blanc de ces milliers d'Algériens brandissant des drapeaux et trouvant sans doute les rues d'Algérie trop exiguës pour contenir leur joie. Le pavé doit encore garder en mémoire cette liesse populaire qui n'est plus qu'un lointain souvenir. Hier, les rues d'Alger offraient ce même visage qu'elles offrent à l'occasion des jours fériés aggravé par l'ambiance si particulière du Ramadhan. En matinée, les rues d'Alger-Centre étaient quasi désertes. De la place du 1er-Mai à la Grande-Poste, la circulation était singulièrement fluide. Jour férié oblige, les rues sont restées inanimées. Seuls les drapeaux mis en place tout au long des artères rappellent que le pays vit une journée particulière. Une journée qui, sous d'autres cieux, est festive et donne lieu à des manifestations de rue mais qui est passée presque sous silence en Algérie n'étaient les festivités officielles et autres commémorations. Au niveau du cimetière El Alia, le dispositif a été mis en place pour les hommages officiels : présence policière renforcée, dispositif sécuritaire particulier pour une cérémonie réunissant ministres et autres personnalités. Loin de la liesse populaire qui avait prévalu des jours durant dans les villes et villages algériens, l'ambiance est tout autre depuis déjà de longues années. Point d'adhésion populaire. Les festivités du 5 Juillet se résument à des commémorations officielles ou des concerts de musique qui sont loin de susciter de la ferveur. Les jeunes générations ne revivront jamais cette folle ambiance du 5 Juillet 1962 qui avait poussé dans les rues hommes, femmes et enfants errant à longueur de journée pour dire leur joie d'être enfin libres. Seules les images tournées en ce temps restituent la température de l'époque. Une ambiance dont sont nostalgiques les plus âgés qui se souviennent du moindre détail et qui peuvent raconter des heures durant ce qu'ils ont vécu à l'époque. Les plus jeunes nourrissent leur imaginaire de ces images et tentent de s'approprier un événement qu'ils n'ont certes pas vécu mais dont ils ont beaucoup entendu parler.