Que reste-t-il d'Octobre 1988, hormis les tièdes commémorations de la journée du 5 ? Le souvenir ténu d'un soulèvement populaire, d'un cri de colère réprimé dans le sang d'une jeunesse révoltée contre l'ordre établi, le sentiment d'une révolution inachevée, récupérée, détournée par un système qui encore se perpétue dans l'obsolescence. Mais aussi le souffle qui guide les luttes actuelles. Sofiane Aït Iflis - Alger - (Le Soir) Peu ou trop de choses ont été dites sur les origines du soulèvement populaire d'Octobre 1988. Pour certains, les manifestations qui ébranlèrent le pays en cette journée du 5 et les jours d'après sont manipulées. Pour d'autres, elles étaient l'expression d'un ras-le-bol généralisé ayant culminé en une explosion spontanée. Il y aurait peut-être un peu des deux. C'est à l'Histoire d'établir son verdict, d'en apporter les éclairages. Il y a encore de l'espace pour le débat. En revanche, l'implacable vérité est que, un quart de siècle plus tard, on est revenu à une situation anté. L'intermède, qui a vu la parole et l'espace se libérer, a été de courte durée, vite refermé. L'idéal démocratique entrevu alors est parti en lambeaux, quoique, incontestablement, à la solde de cette généreuse révolte deux acquis précieux sont à comptabiliser : les pluralismes politique et médiatique. Des acquis dont la sauvegarde fut de haute lutte, tant est que le système en a tant et tant tenté de les saborder. Mais pour le reste, le retour en arrière fut inexorable. L'Algérie est passée du pouvoir du parti unique au pouvoir personnel, symbolisé aujourd'hui par Abdelaziz Bouteflika qui, en novembre 2008, révisa la Constitution pour introduire, à son propre profit, la présidence à vie. Les Algériens poursuivent, un quart de siècle après Octobre 1988, de livrer combat pour des minima démocratiques, fondamentalement pour réintroduire le principe de l'alternance au pouvoir. Un principe institué par le Président Zeroual, en pleine tourmente sécuritaire, avant que son successeur à la tête de l'Etat ne l'évacue pour s'ouvrir la voie devant une intronisation ad vitam aeternam. La dynamique d'Octobre ne s'est pour autant pas brisée totalement sur les balises que le système a mises, la rente aidant, pour que rien ni personne ne viennent gêner sa régénérescence. La commémoration du 25e anniversaire du soulèvement d'Octobre 1988 se place de fait dans une perspective de lutte contre la dérive vers le pire. Une lutte qui trouve tout son sens, du moment que, chez Bouteflika, est soupçonnée une velléité de se pérenniser de n'importe quelle manière à la tête de l'Etat, à travers une prolongation de mandat ou par une représentation pour un autre mandat de suite. S. A. I. Communiqué des familles des victimes 25 ans ! Un quart de siècle est déjà passé, les victimes de la répression sauvage du 5 Octobre 1988 ainsi que leurs ayants droit continuent d'être ignorés par les pouvoirs publics.Tandis que ces mêmes pouvoirs s'emploient à réhabiliter les terroristes égorgeurs, massacreurs, saboteurs, la mémoire des victimes innocentes tombées pendant le soulèvement historique d'Octobre 1988 est cadenassée dans les tiroirs poussiéreux de la caisse de Sécurité sociale des travailleurs. Nous, victimes, familles des victimes d'Octobre 1988, appelons publiquement le Président de la République à réhabiliter moralement toutes les victimes et leurs ayants droit et demandons réparation en fonction des préjudices subis. P/ Le Président Hamou El Hadi Azouaou