Kamel Sanhadji, professeur des universités, directeur de recherches, CHU de Lyon, France «Le péril s'évanouit quand on ose le regarder» (François-René de Chateaubriand, 1768-1848, écrivain, Mémoires d'outre-tombe). Les allergies : qu'est-ce que c'est ? L'allergie, dite «hypersensibilité», est une réaction anormale du système immunitaire contre des éléments étrangers à l'organisme appelés «allergènes» (les personnes allergiques le sont rarement à un seul allergène). Elle peut se manifester dans différentes régions de l'organisme en particulier au niveau de la peau, des yeux, du système digestif ou encore des voies respiratoires. Les types de symptômes et leur intensité vont varier selon l'endroit où l'allergie se déclare, et en fonction de plusieurs autres facteurs, propres à chaque individu. Ils peuvent être très discrets, comme l'apparition de rougeurs sur la peau, ou potentiellement mortels, comme le choc anaphylactique (réaction allergique violente pouvant entraîner la mort). L'allergie possède différents types d'expression. On distingue les allergies alimentaires, l'asthme (asthme allergique), l'eczéma atopique (l'atopie est une prédisposition héréditaire aux allergies), la rhinite allergique, certaines formes d'urticaire et l'anaphylaxie (réaction allergique rapide et importante par la gravité des symptômes pouvant entraîner la mort). Mécanisme de la réaction allergique La réaction allergique nécessite, généralement, deux contacts avec l'allergène. Le premier, appelé la «sensibilisation», correspond à la première pénétration de l'allergène dans le corps, par la peau ou par les muqueuses (yeux, voies respiratoires ou digestives). Le système des défenses immunitaire identifie alors l'élément étranger comme du non-soi et se met à fabriquer des anticorps spécifiques contre l'intrus. Le second contact, appelé la «réaction allergique», réaction déclenchée lorsque l'allergène pénètre une deuxième fois dans l'organisme. Le système immunitaire, grâce aux anticorps fabriqués lors du premier contact, est prêt à réagir. Les anticorps cherchent à éliminer l'allergène en déclenchant, de façon «exagérée», un ensemble de réactions de défense. Ce qui fait la différence entre une réaction normale de défense et une réaction exagérée est le type d'anticorps fabriqués lors d'une réponse immunitaire à antigène (élément étranger l'organisme). En effet, les anticorps, appelés aussi immunoglobulines (Ig), sont des substances fabriquées par le système immunitaire. Ils reconnaissent et détruisent certains éléments étrangers auxquels le corps est exposé. Le système immunitaire produit, lors d'un contact avec un antigène, 5 types d'immunoglobulines appelés Ig A, Ig D, Ig E, Ig G et Ig M, qui ont des fonctions spécifiques et produites chacune à un taux physiologique normal. Chez les personnes allergiques, ce sont surtout les Ig E qui sont impliquées en étant produites à des taux élevés. Dans ce cas, l'élément étranger intrus n'est plus appelé antigène mais allergène. Il existe plusieurs types d'allergies diverses et variées. Les allergies alimentaires Une proportion non négligeable, entre 3 et 10%, de la population serait atteinte d'une allergie alimentaire. Le nombre de personnes touchées est en constante augmentation. Les réactions allergiques déclenchées par un aliment peuvent survenir rapidement après le repas (dans les deux heures suivant l'ingestion) ou de façon retardée jusqu'à 48 heures après. Les manifestations de l'allergie sont diverses : urticaire ou eczéma, rhinite allergique ou asthme, œdème de Quincke, choc anaphylactique. Les principaux allergènes responsables d'une allergie alimentaire sont, l'arachide, les fruits à coque, les protéines de lait de vache, les fruits de la famille du latex (kiwi, châtaigne, etc.). Le diagnostic d'une allergie alimentaire est fait après interrogatoire (recherche des aliments présents dans les plats précédant la réaction allergique et non habituellement consommés par la personne). La confirmation de l'allergène se fait grâce à des tests cutanés. Une fois l'allergène identifié, il faut bannir l'aliment de son alimentation. Les allergies aux acariens Les acariens sont des arthropodes (animaux invertébrés à corps segmenté et «pieds» articulés) invisibles à l'œil nu. Très répandus, ils ont une prédilection pour les matelas, la laine, la plume, les tissus, les moquettes, etc. L'allergie aux acariens fait suite à l'inhalation des déjections de ces organismes contenus dans la poussière domestique. Elle se manifeste souvent par des réactions allergiques de type respiratoire comme la rhinite allergique ou l'asthme allergique. Pour limiter au maximum les risques de développement de l'allergie aux acariens, il serait utile d'éviter l'accumulation de la poussière, d'utiliser un linge humide pour faire la poussière, d'aérer fréquemment, surtout lorsqu'il fait froid et sec, de maintenir une température ambiante de 19 à 21°C dans la chambre, de laver les draps toutes les semaines à 60°C et de préférer les oreillers et édredons en matières synthétiques et les sommiers à lattes. Les allergies aux animaux On distingue différentes allergies aux animaux. Il s'agit d'allergie aux animaux à poils, aux animaux à plumes et aux insectes. En ce qui concerne les animaux à poils, on reconnaît le chat dont l'allergène est principalement contenu dans la salive déposée sur le pelage. Quant aux équidés, 30% des personnes ayant une allergie aux animaux le serait au cheval dont les allergènes sont localisés principalement au niveau des squames (fines lamelles de l'épiderme qui se détachent de la peau) et de l'urine. Les allergènes des bovins sont principalement dans les poils, l'urine et la salive. Les rongeurs (hamsters, lapins, cobayes...) sont aussi responsables d'allergies et dont les allergènes, très virulents, peuvent être responsables d'allergies invalidantes. Les allergènes sont notamment contenus dans l'urine qui, en séchant, émet des protéines allergisantes dans l'air. L'allergie aux animaux à plumes est représentée principalement par les oiseaux dont l'allergène est principalement contenu dans les déjections. Les plumes sont peu allergisantes en elles-mêmes, mais elles peuvent contenir des acariens. Et enfin, l'allergie aux insectes est déclenchée par les puces, les tiques et les blattes, ceci principalement suite à leur piqûre que l'allergie apparaît. Elle peut être, aussi, déclenchée par les hyménoptères (abeilles, guêpes, frelons...) dont l'allergène est contenu dans leur venin. Leur piqûre peut être dangereuse chez quelqu'un d'allergique. Les allergies au pollen L'allergie au pollen, également appelée pollinose, est une allergie provoquée par le pollen des arbres, arbustes et plantes mis en suspension dans l'air par le vent ou les insectes. Les pollens peuvent être transportés par le vent à plusieurs dizaines de kilomètres de leur source. L'allergie au pollen est plus fréquente à certaines périodes de l'année, notamment au printemps lors de la floraison. Il existe 3 principaux types de pollens. D'arbres, de graminées (plante communément appelées «herbes et céréales») et des herbacées (plante qui a la nature de l'herbe et dont la partie aérienne généralement verte meurt après la fructification). Les allergies au pollen se manifestent principalement par une rhinite et une conjonctivite allergiques. Dès que la personne est en contact avec l'allergène, elle éternue, pleure, a le nez bouché et elle présente des démangeaisons au niveau des yeux et du nez. Cependant, une allergie au pollen peut donner d'autres signes tels qu'une urticaire (éruption de la peau ressemblant à celle provoquée par la piqûre d'ortie), un eczéma, un asthme allergique, voire un choc anaphylactique. L'allergie au pollen est une allergie fréquente. Elle toucherait près d'un quart de la population. Elle est plus fréquente chez l'adolescent et le jeune adulte. Il est possible de limiter les symptômes de l'allergie au pollen, notamment la rhinite et la conjonctivite allergiques grâce à des traitements tels que les antihistaminiques. Il est recommandé d'éviter de sortir lorsque la période de pollinisation bat son plein. Il existe un traitement qui permet de diminuer de façon conséquente les crises d'allergie au pollen, voire de les faire disparaître : la désensibilisation. L'allergologue détermine au préalable à quels pollens la personne est allergique grâce notamment à des tests cutanés. L'allergie aux moisissures cause différents symptômes dont la toux, les difficultés respiratoires, les démangeaisons au niveau des yeux, du nez, de la gorge, l'apparition ou aggravation de l'asthme, des réactions cutanées et des troubles nerveux, hépatiques, rénaux, digestifs. Les allergènes les plus fréquents Deux conditions essentielles et nécessaires pour qu'une allergie puisse s'installer. D'abord, l'organisme doit être sensible à une substance, appelée allergène, et ensuite cette substance doit se trouver dans l'environnement de la personne. Les allergènes les plus fréquents se trouvent parmi les «allergènes aériens» représentés par le pollen, les déjections des acariens et les squames (fines lamelles de l'épiderme qui se détachent de la peau lors de certaines affections) des animaux domestiques. A ce propos, l'allergie dite aux «poils d'animaux» n'est en fait pas une allergie aux poils stricto sensu mais aux squames ou à la salive des animaux, pas plus qu'on ne l'est aux plumes d'oreiller ou de couettes, mais plutôt aux déjections des acariens qui s'y cachent. Quant aux «allergènes alimentaires», on trouve les arachides, le lait de vache, les œufs, le blé, le soja (soya), les noix, le sésame, les poissons, les crustacés et les sulfites (un agent de conservation). D'autres produits et composés peuvent jouer le rôle d'allergènes, en particulier des médicaments, le latex, le venin d'insectes (abeilles, guêpes, bourdons, frelons) ainsi que le contact, dite «allergie de contact», de la peau avec certains produits.. Quant à l'origine des allergies, on en sait encore peu. Néanmoins, les spécialistes s'entendent pour dire qu'elles sont causées par une variété de facteurs. La majorité des enfants atteints d'allergies proviennent de familles sans antécédent d'allergies bien qu'il y ait plusieurs cas d'allergies familiales. Il existe donc bien une prédisposition génétique mais d'autres facteurs sont impliqués, parmi lesquels, la fumée du tabac, le mode de vie et l'environnement, notamment la pollution de l'air. Le stress peut faire apparaître des symptômes d'allergies, mais il n'en serait pas directement responsable. Le lait et le gluten : allergie ou intolérance ? Une confusion ou un abus de langage reviennent souvent concernant certaines réactions pathologiques liées à la consommation du lait ou du gluten (substance contenue essentiellement dans les céréales représentant une partie des protéines du blé, de l'orge, du seigle et qui donne la consistance gluante lors de la préparation d'une pâte). En effet, il ne faudrait pas confondre l'allergie au lait de vache causée par certaines protéines du lait contre lesquelles une réaction de type allergique peut exister avec l'intolérance au lactose qui constitue une impossibilité de digérer ce sucre contenu dans le lait. Dans ce cas, il s'agit d'un déficit génétique en lactase (enzyme cellulaire digérant le lactose) et dans ce cas, les symptômes de l'intolérance au lactose peuvent être éliminés en consommant des produits laitiers sans lactose ou en prenant des suppléments à base de lactase au moment de la consommation de produits laitiers. Quant à l'intolérance au gluten, il s'agit bien d'une prédisposition génétique de certaines personnes à provoquer une réaction inflammatoire lors de la transformation du gluten au niveau de la paroi intestinale se traduisant par le destruction les villosités (tissu intestinal sous forme de replis) intestinales. Cette intolérance au gluten est d'origine immunologique dont le gluten ne constitue pas l'allergène mais l'antigène déclenchant une réaction auto-immune contre les villosités intestinales. C'est la maladie cœliaque et ce n'est donc pas une allergie. Diversité des allergènes et réchauffement climatique Des milliers d'allergènes sont susceptibles de provoquer des manifestations allergiques. Beaucoup font partie de notre vie quotidienne et de notre proximité immédiate : - les acariens : ils constituent la principale cause des allergies respiratoires dans nos pays et peuvent aussi provoquer de l'eczéma, des démangeaisons, de la conjonctivite. Quand on parle d'allergie à la poussière, ce sont ces organismes qui en sont responsables. L'automne est la plus mauvaise saison pour les personnes allergiques aux acariens ; - l'allergie aux blattes (ou cafards) va souvent de pair avec l'allergie aux acariens. Il faut la suspecter si les tests aux acariens sont négatifs alors que les symptômes font penser à une allergie à la poussière (allergie qui dure pendant toute l'année) ; - les aliments : ils sont capables de provoquer une allergie alimentaire chez les individus hypersensibles. Les principaux aliments responsables sont : le blanc d'œuf, l'arachide, le lait de vache, les légumineuses, le poisson, les aliments du «groupe noix» (amande, noisette, noix...), les aliments du «groupe latex» (avocat, banane, kiwi...), les céréales, les crustacés, les ombellifères (aneth, carotte, céleri, fenouil, persil...). L'apparition des signes est en général très rapide, de quelques minutes à 4 heures après l'absorption de l'aliment. Mais en cas d'eczéma et de signes digestifs, les signes sont permanents ou apparaissent dans des délais pouvant aller jusqu'à quelques jours après la consommation de l'aliment. Pour l'instant, le seul traitement de l'allergie alimentaire est le régime d'éviction de l'aliment identifié par les tests d'allergie. Il consiste à éliminer de l'alimentation toute forme de l'aliment. C'est un long processus d'éducation car il faut apprendre à reconnaître les allergènes même masqués (dans les préparations industrielles par exemple), à décrypter les étiquettes, à savoir à quoi correspondent certains codes barres ou appellations ; - les pollens : cette allergie est causée par les pollens diffusés par les arbres et plantes au moment de leur floraison. Rhinite et conjonctivite sont les symptômes les plus courants mais la réaction peut aller jusqu'à la crise d'asthme. Certaines personnes réagissent aussi par de l'eczéma, des démangeaisons aux endroits découverts, de l'urticaire lorsqu'elles se couchent dans l'herbe, tondent la pelouse ou se promènent simplement dans les prés. On peut attraper le rhume des foins à tout âge. Comme toutes les allergies, l'allergie pollinique peut se modifier au fil des années. Ces changements inattendus sont souvent dus à un excès d'allergènes dans l'environnement. La période à risque commence en février-mars avec les pollens d'arbres. Le principal coupable est le bouleau qui pollinise en avril. La saison des graminées s'étend de la mi-mai à la mi-juillet ; - les animaux et les insectes : avec plusieurs millions de chiens, autant de chats et oiseaux, hamsters, lapins, la multiplication en perpétuelle augmentation des animaux de compagnie qui ont envahi nos maisons, contribue également à cette augmentation du nombre de personnes allergiques. Les allergies au venin d'insectes causent des éruptions cutanées rouges, de la douleur et de l'enflure à l'endroit où se trouve la piqûre, rapidement après avoir été piqué. En cas d'allergie plus grave, une réaction anaphylactique (réaction allergique d'apparition rapide et violente) peut se produire ; - le latex : ce produit est très répandu parmi le personnel des hôpitaux mais aussi dans d'autres professions comme le personnel de maison, employés en crémerie... Des cas d'enfants sensibilisés par leur tétine ou par le gonflage de ballons de baudruche sont également de plus en plus nombreux. Il peut toucher la peau (eczéma), les yeux et le nez (rhinite, conjonctivite...), le système respiratoire (asthme) ou encore l'ensemble du système immunitaire ; - les médicaments : il n'est pas nécessaire de prendre souvent un médicament pour y être allergique. Un seul comprimé ou une seule injection suffit. L'apparition d'une allergie peut aussi se produire à tout moment pour un médicament qui était auparavant bien supporté. Le plus souvent, l'allergie apparaît après quelques jours de traitement sous forme d'une éruption cutanée, parfois un urticaire banal, parfois une réaction plus dramatique pouvant mettre la vie en danger. Divers types de médicaments peuvent provoquer des allergies comme les antibiotiques (pénicilline...), les anti-inflammatoires, les vaccins. L'aspirine aussi peut provoquer une allergie particulière : la maladie de Fernand Widal ; - les métaux (nickel, chrome...) : ce sont souvent des accessoires comme certains bijoux de fantaisie, les fermetures Eclair ou les boutons de jeans qui sont responsables d'allergies aux métaux dès le plus jeune âge. Le chrome est présent dans les teintures pour cuir (chaussures, gants ...), les ciments, les détergents, les ombres à paupière... -les produits chimiques : on constate l'apparition de réactions d'allergie ou d'intolérance aux produits chimiques car ils sont de plus en plus utilisés. Ils induisent des problèmes respiratoires (asthme, rhinite...), de l'eczéma, des maux de tête... Parmi les plus connus, on peut citer le formol ou formaldéhyde présent dans les colles, les meubles en contreplaqué, les enduits protecteurs du bois..., le béton, les particules de laine de verre, le polychlorure de vinyle (PVC), les vitrificateurs de parquet, les peintures à l'huile (solvants, white spirit...), les produits d'entretien et lessives (de nombreux produits d'entretien contiennent également des parfums, conservateurs, voire des substances chimiques irritantes pour la peau ou pour les bronches) ; -les cosmétiques et parfums : les produits de beauté, shampooings, mousses de bain, mousses à raser, vernis à ongles etc., peuvent être responsables d'allergies de contact (eczéma, dermite, rougeurs, urticaire, démangeaisons) mais aussi d'asthme, de problèmes respiratoires... -le soleil : il faut savoir que certaines personnes présentent d'authentiques allergies au soleil lors des premiers rayons de soleil ou après une exposition prolongée à celui-ci. Une éruption de type urticaire se développe et peut s'étendre sur la peau et s'associer à des signes généraux (malaise). La cause repose sur une intolérance aux rayons ultraviolets. Quant au climat, un des problèmes des allergies liées à l'environnement tient au fait que celui-ci évolue. En effet, le climat a un impact incontestable sur l'asthme et les allergies, en agissant à deux niveaux. D'une part, les conditions météorologiques agissent sur le développement des allergènes, d'autre part, les variations brutales de température (surtout un refroidissement) accompagnées de vent peuvent déclencher une contraction des bronches. Le changement climatique auquel nous assistons depuis quelques années représente une source d'inquiétude sur l'évolution de ces maladies, d'autant plus que ces changements sont liés à la pollution et que les polluants sont susceptibles de favoriser la sensibilisation aux pneumallergènes. Un accroissement de la pollution atmosphérique paraît difficilement évitable en présence d'un réchauffement climatique de grande ampleur. Les patients qui souffrent d'allergies au pollen ont des manifestations de plus en plus sévères, sur des périodes de plus en plus longues. De nombreuses études cliniques indiquent en effet que les changements climatiques ont un impact sur les quantités de pollen émises par la végétation, sur sa répartition et probablement sur ses propriétés allergisantes. En outre, par ses plantations, l'homme est capable de modifier considérablement la répartition des espèces, et d'anticiper très largement l'évolution naturelle. Le diagnostic Le diagnostic est complexe. Il repose sur trois éléments fondamentaux. Il s'agit d'abord de l'histoire clinique de la maladie (les antécédents permettront au médecin d'évoquer l'origine allergique des symptômes) ensuite des tests cutanés et enfin des examens biologiques en complétant par une exploration fonctionnelle respiratoire. Ces tests ont pour but de rechercher l'allergène en cause. Il existe plusieurs types de tests cutanés. Les «pick tests» sont les plus pratiqués et consistent en une injection, sous la peau, de très faibles doses de plusieurs allergènes (sur l'avant-bras ou dans le dos). En cas de réaction positive, il apparaît au bout de 10 à 15 minutes un gonflement et une rougeur à l'endroit de la piqûre, s'accompagnant de démangeaisons. Les «tests intradermiques» (piqûre dans le derme superficiel à l'aide d'une seringue munie d'une petite aiguille) sont maintenant réservés au diagnostic des allergies aux venins ou aux médicaments. Les «open tests» consistent en une application régulière d'un produit suspect d'allergie de contact sur le même emplacement cutané. Les «patch tests» consistent à plaquer des substances sur le dos et à vérifier (en général au bout de 48 heures) si des réactions locales sont apparues et permettent de rechercher une allergie de contact ou médicamenteuse. Les «tests de provocation» en particulier le test de provocation labiale est une méthode de contrôle de la disparition d'une allergie (réalisé en ambulatoire). S'il est négatif, un test de provocation orale est réalisé à l'hôpital et permet de confirmer la «guérison» d'une allergie alimentaire. En cas de discordance entre les manifestations observées et le résultat des tests, le médecin va prescrire des examens complémentaires, en particulier une analyse de sang pour doser les anticorps totaux ou spécifiques à un allergène donné. Les traitements Comme dans toute affection chronique, l'éducation du patient, son autonomie et son observance (assiduité) au traitement sont fondamentales. L'adhésion au traitement au sens large du terme permet aux jeunes allergiques de suivre une vie parfaitement normale. L'éducation vise à expliquer et à clarifier tant les aspects pathologiques que thérapeutiques. Globalement, le schéma thérapeutique est basé sur une démarche concertée avec les médecins thérapeutes. Elle comprend, selon les cas, des situations d'éviction de l'allergène, de désensibilisation des allergies et des traitements symptomatiques. En effet, l'éviction de l'allergène est le traitement le plus efficace une fois le ou les allergènes identifiés, car en absence d'allergène, la réaction allergique ne peut avoir lieu. Cela est possible pour certains allergènes, notamment alimentaires, (allergie au kiwi). Par contre, d'autres allergènes présents en grande quantité dans l'environnement, notamment dans l'air, sont difficiles à éviter (allergie au pollen). Quant à la désensibilisation des allergies, il s'agit d'une méthode de traitement. Toutes les allergies ne peuvent pas être traitées par désensibilisation. Tout d'abord, il faut que l'allergène responsable soit identifié avec précision grâce aux tests cutanés. Ensuite, l'allergène en question doit pouvoir être administré soit par injection soit par voie sublinguale. La désensibilisation est particulièrement utilisée dans les cas suivants : allergie aux acariens, allergie aux pollens, allergie aux poils d'animaux et allergie au venin d'hyménoptères (guêpes, abeilles...). Il existe deux principales méthodes de désensibilisation : par injections et par voie sublinguale. En ce qui concerne les injections, il s'agit de la méthode la plus connue qui consiste à injecter des doses de l'extrait allergénique au niveau sous-cutané. Une fois l'injection faite, le patient doit rester sous surveillance pendant 20 à 30 minutes. En effet, il existe un risque de réaction allergique durant ce laps de temps qui peut aller du simple urticaire à un choc anaphylactique. La voie sublinguale est une méthode de plus en plus utilisée. Le patient dépose lui-même, quelques gouttes d'extrait allergénique sous la langue, puis les laisse fondre pendant 2 minutes sans les avaler. Des réactions locales de type démangeaison ou picotements locaux peuvent apparaître. Plus rarement, ce sont des épisodes de rhinite allergique ou d'urticaire. Il est rarissime que des évènements graves (type choc anaphylactique) surviennent. Le traitement par voie sublinguale concerne principalement les allergies au pollen. Une cure de désensibilisation doit être poursuivie au moins 3 à 5 ans pour que son résultat se maintienne durablement. Si elle ne fait pas la preuve de son efficacité 6 mois après obtention de la dose optimale pour les allergènes perannuels (allergènes de présence quasi permanente dans l'environnement du patient) ou après deux saisons polliniques, elle sera arrêtée. La désensibilisation n'est pas indiquée chez les personnes poly-sensibilisées (allergiques à plus de 3 allergènes), chez les patients atteints de certaines affections chroniques et chez les personnes traitées par certains médicaments comme les bêtabloquants (traitements des troubles du rythme cardiaque). Et enfin en ce qui concerne le traitement symptomatique, ce dernier soigne les signes de la maladie mais non sa cause. Nous pouvons citer les antihistaminiques, médicaments qui servent à réduire les effets de l'histamine (produit fabriqué en excès par la cellule lors de la réaction allergique induisant les effets délétères de l'allergie tels que la contraction des muscles des bronches entraînant les crises d'asthme), se fixent sur les mêmes récepteurs que l'histamine et empêchent ainsi son action. Les antihistaminiques sont utilisés pour le traitement symptomatique de nombreuses manifestations de l'allergie en particulier l'urticaire, la rhinite allergique ou la conjonctivite allergique. Ils ne sont pas efficaces pour l'asthme et le choc anaphylactique. Aussi, les corticoïdes sont des médicaments efficaces lors de crises sévères d'allergie avec un important phénomène inflammatoire. Ce traitement est efficace dans l'asthme. Les corticoïdes sont utilisés par voie orale en cure courte de 3 à 4 jours. Il ne faut pas arrêter brutalement un traitement par corticoïdes mais diminuer progressivement les doses ou en espacer l'administration sinon il existe un risque d'insuffisance surrénale suite à la mise au repos des glandes surrénales. En conclusion, la prévention constitue le meilleur traitement. Pour être efficace, elle doit être globale et dirigée contre tous les facteurs de risque. Mais il est impossible de se soustraire à tout contact avec les particules allergènes en suspension et d'exercer un contrôle environnemental strict. Il existe des facteurs qui concourent à diminuer ou à prévenir les allergies alimentaires du nouveau-né dont l'allaitement maternel, qui permet d'éviter l'ingestion de lait de vache et la diversification trop précoce de la nourriture, source de sensibilisation de l'enfant prédisposé. Des mesures simples et à la portée de tous semblent capables de réduire le risque allergique : ne pas avoir d'animaux à poils si on y est allergique, diminuer l'exposition à la poussière dans les cas d'allergie aux acariens (avoir le moins de tapis possible, passer souvent l'aspirateur, recouvrir les oreillers et le matelas d'une housse imperméable anti-poussière). Dans le cas de la rhinite professionnelle, éviter le contact avec l'agent causal. En Europe depuis une dizaine d'années, un guide propose à tous les parents de mettre l'accent sur trois points. Favoriser l'allaitement maternel. Eviter le tabagisme passif. Diminuer la température intérieure et améliorer la ventilation du domicile. Selon une enquête récente, ces mesures se seraient avérées efficaces.