De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari En enterrant vivants les Brésiliens, la Mannschaft a semé l'effroi chez les autres nations encore qualifiées et celles qui ont déjà été éliminées. Les Allemands, par le score de handball qu'ils ont infligé au pauvre Brésil, reconfigurent la Coupe du monde. Désormais, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre. Jouer à domicile ne suffit plus et être le Brésil n'est même plus une marque de prestige. Tout le monde est terrorisé, cloué sur place. Les Français écrivent «nous l'avons échappé belle». Cette performance des Germains donne encore plus de faste et de valeur à la prestation algérienne contre eux. Peut-être que l'ingratitude légendaire algérienne a déjà minimisé l'exploit de Halilhodzic contre la Mannschaft, mais revenons quand même sur quelques faits. Pendant le temps réglementaire, l'Algérie pouvait remporter le match, Halilhodzic a adopté une tactique révolutionnaire, un «spécial-Allemagne» et au plan physique, les Verts ont tenu. Ce qui n'est pas rien. La presse européenne en s'inclinant devant le haut fait d'armes allemand devant le Brésil évoque la résistance algérienne. De-Morgen (belge-néerlandophone) écrit : «Dieu et les Algériens nous ont rendu un sérieux service en nous évitant l'Allemagne.» «Pas sûr, relève courageusement le gazetier, que nous aurions réalisé la même prestation qu'eux (les Algériens ndlr...) Ils ont un culot que les Diables rouges n'ont pas». L'un des commentateurs de la télévision publique francophone (RTBF) reste dans la même veine : «J'ai toujours dit que lors de leur rencontre contre nous, les Algériens étaient tétanisés par l'enjeu, autrement les Belges n'auraient pas enlevé la joute...» Il est vrai qu'aligner deux pointes (Slimani et Soudani), disputer à l'Allemagne la suprématie du milieu du terrain et fixer les latéraux de la Mannschaft dans leurs bases arrière n'était pas à la portée de n'importe qui. En ce sens, Halilhodzic peut être considéré comme un novateur, une sommité de la science footballistique et que sa marge de progression comme coach est immense. Il n'est, d'ailleurs, nulle part écrit qu'il ne reviendra pas un jour en Algérie au poste qu'il a quitté récemment : sélectionneur de l'équipe algérienne. En plaçant la barre de la performance très haut, Halilhodzic contraint son successeur à rester dans les cimes du succès, de la réussite. Le peuple vert n'acceptera pas, c'est évident, un retour vers la médiocrité et les réalisations nulles. Gourcuff ou un autre, pas possible de faire autrement que continuer sur la trajectoire Halilhodzic. D'une certaine façon, le départ de Halilhodzic peut être considéré comme une bonne chose. On verra bien si l'autre ou les autres apporteront le plus nécessaire. Il est, cependant, acté que l'Algérie a l'habitude des moins-values et que ce sont toujours les gagneurs qui... perdent. En football ou dans d'autres domaines. Les loosers, les fainéants, les boute-en-train, les tire-au-flanc et les médiocres ne craignent rien, personne ne s'attend à ce qu'ils soient performants. On ne demande pas à une mouche de produire du miel même si elle est une proche cousine de l'abeille...