De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Pour les Belges, la rencontre inaugurale contre l'Algérie le 17 juin prochain est un enjeu non pas à trois mais à six points voire plus... Un chroniqueur de De-Morgen (Flandre-identifié comme progressiste du Centre) écrit pourquoi «les Algériens dans leur histoire avec la Coupe du monde nous indiquent qu'ils ne succombent pas face aux grands et ont des ratages inexplicables ensuite». Le chroniqueur se méfie et appelle à la méfiance diable rouge «les Fennecs comme leurs fans les désignent (le Fennec est un renard du désert en plus de la ruse légendaire de ses cousins du Nord a développé un sens aigu et raffiné de la patience) ont battu l'Allemagne en Espagne, résisté à l'Angleterre en Afrique du Sud et ont perdu contre une Autriche de nullards». «Contre nos Diables rouges, ici, à Bruxelles, avec une équipe expérimentale composée de joueurs de leur championnat, médiocre et pas compétitif, ils ont tiré leur épingle du jeu...». L'expert néerlandophone ajoute «relevons quand même que les Belges alors étaient qualifiés en Coupe du monde et que trois jours après leur déconvenue face à l'Algérie, ils avaient battu la France dans son stade éponyme. Avec facilité, d'ailleurs». «Ce qui, selon lui, doit inciter Wilmots et ses joueurs à de la prudence et au sens de la mesure». D'autres motivations guident ce journaliste modéré, «il est vrai que nous sommes favoris, vrai aussi que tactiquement et même physiquement nous sommes un cran au-dessus des Algériens, mais une contre-performance contre eux nous mettrait dans une situation difficile, peut-être même qu'elle nous ligoterait pour l'ensemble de la compétition». «Si on perd ou les Algériens imposent le nul blanc ou avec score, les autres adversaires, notamment les Russes, changeraient leurs prévisions. Nous deviendrions, alors, abordables et jouables, ce qui mettrait la pression sur nos diables... D'autant que, ajoute cette voix de la sagesse, d'ici juin, beaucoup de choses peuvent arriver. Blessures, trop-plein de compétition, méforme de joueurs cadres, erreurs d'arbitrage défavorables...». «A quoi donc», précise-t-il, «rater l'Algérie et engager une bataille incertaine, ardue contres les Russes et les Coréens». Puis de poursuivre : «On peut, certes, se qualifier même en négociant mal la première rencontre auquel cas, ne l'oublions pas, on tirera l'Allemagne...». Le correspondant de De-Morgen n'écrit pas que la Belgique n'a jamais battu l'Allemagne et que l'Algérie a terrassé à deux reprises la Mannshaft. En 1963, avec Mustapha Zitouni, Mekhloufi et Lalmas et à Gijon en 1982. Le système algérien des Germaniques peut même se décliner par trois si on compte la fabuleuse talonnade de Madjer contre le Bayern de Munich, club allemand, tout de même. Il y a quelques semaines, lorsque N. Korichi, entraîneur adjoint des Verts avait déclaré : «Je souhaiterai rencontrer les Allemands au Brésil» beaucoup de journalistes et d'experts, ici, étaient étonnés de la témérité de Korichi; De-Morgen leur apporte la réponse en même temps qu'il conclut son article : «Nous, il ne faut pas se le cacher, avons la trouille devant les Allemands alors qu'eux, ils veulent les jouer... N'est-ce pas là un signe qui doit nous inciter à de la modestie...». Pourtant, ces propos de bons sens et d'objectivité, feinte ou réelle, ont peu de chances d'être pris en compte. La machine de guerre diable rouge s'est ébranlée et rien ne l'arrêtera. La messe belge est dite. Pas de quartiers. Les Algériens, les Russes et les Coréens passent à la trappe. La note que paieront les Fennecs sera salée, beaucoup plus que celle des autres, parce que le sort les a mis sur le chemin des Diables rouges en premier. Sont-ce convictions réelles ? Est-ce de la guerre psychologique, voire des manœuvres d'intimidations ? On ne le sait. Toujours est-il que la démarche des Diables rouges par rapport à l'Algérie reste illisible, confuse, tantôt c'est le respect absolu, tantôt c'est une hargne haineuse et des charges violentes. Pourtant, des techniciens, des entraîneurs encore en activité et des commentateurs avisés, peu nombreux mais crédibles, ne cessent d'en appeler à la raison, au regard froid et à la vigilance. Marc Wilmots, le chef technique s'était laissé aller, il y a quelque temps à l'analyse sereine et objective. Cela n'a pas résisté à la vague rouge qui s'est emparée du pays et le sénateur Wilmots avait compris. Le peuple diable rouge veut un langage de conquérants, de guerriers, d'intrépides, d'une équipe qui n'a peur de rien et qui doit écraser tout sur son passage. Le pronostic de Rudi Garcia, entraîneur de la Roma plaçant la Belgique au moins dans le dernier carré au Brésil a donné davantage de résonnance à la furia belge. On a aimé les paroles qui placent au-dessus de tout. L'Algérie, le 17 juin ? Simple formalité. Le 17 juin après le match, on en parlera plus et on sera déjà sur orbite pour saccager du Russe et du Coréen. Un proverbe algérien peut résumer les choses dans la planète diable rouge : «Celui qui tire des plans sur la comète, réalise de gros bénéfices» (li yahsab ouahdou ichitlou). N'empêche ! Les Diables rouges sont devenus une véritable entreprise à gagner. C'est une réalité. Rien ne sert de le nier.