Par Kader Bakou Il était une fois, dans les faubourgs d'Alger, une belle villa de style dit «colonial». Dans son vaste jardin poussent des fleurs, des rosiers, du jasmin, des orangers, des cyprès et d'autres genres d'arbres et d'arbustes, entourant la maison et sa véranda. Le vaste portail métallique de la villa est joliment décoré. Il s'ouvre sur une allée surmontée d'une sorte de toiture recouverte de vignes. Des deux côtés de l'allée poussent des roses et du jasmin. A l'extrémité de l'allée, deux escaliers mènent vers une partie du jardin ou vers la véranda et la maison. Dans les années 1970, un nouveau propriétaire s'est installé dans cette villa. C'est un riche homme d'affaires qui possède d'autres propriétés à Alger et dans sa ville d'origine en Algérie. Le nouveau propriétaire a très vite commencé des travaux de modifications dans la villa conçue par un architecte français. Il a condamné le vaste portail et ouvert une autre entrée (des escaliers étroits conduisant directement vers la véranda). Le nouveau propriétaire, sa famille et ses invités, n'ont presque jamais profité du plaisir de passer par la large allée fleurie. Sa famille ne s'est jamais réunie le soir pour un dîner sous la véranda. Le vaste jardin a très vite été abandonné. Pour une raison inconnue, le nouveau propriétaire a construit une bâtisse en dur près de la nouvelle entrée, en grignotant sur la terre du jardin. Il n'y a que l'argent qui compte et qu'on compte. Il y a quelques années, le nouveau propriétaire a décidé de supprimer complètement le jardin afin de bâtir un gros et moche bâtiment carré avec des magasins au rez-de-chaussée. La belle villa coloniale jadis entourée de verdure est aujourd'hui noyée dans le béton ! Où est le savoir-vivre ? K. B.