Troisième édition du forum de la Radio. A l'honneur, les secteurs de l'éducation, de la santé, des affaires religieuses et du tourisme. Tour à tour, les ministres ont répondu à des questions d'actualité évoquant la rentrée scolaire prochaine, l'avenir de l'activité complémentaire, la liberté de culte ou la politique nationale visant à renforcer le tourisme. Nouria Benghebrit Vers une année scolaire à 32 semaines Plus question d'année scolaire raccourcie. La ministre de l'Education plaide pour l'application stricte des textes réglementaires. Dès la prochaine rentrée, l'année scolaire comptera 32 semaines, selon la ministre de l'Education. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Nouria Benghebrit avait fait part de son intention de réviser les rythmes scolaires. Elle s'attaque dans un premier temps au volume horaire non pas en le raccourcissant mais en appliquant la loi qui stipule qu'une année scolaire doit obligatoirement s'étaler sur 32 semaines. Une disposition datant de sept années et jamais appliquée car, estime Nouria Benghebrit, la réforme avait été menée «sans cohérence» et sans implication des principaux concernés qui n'ont pas adhéré aux principes de cette réforme notamment en ce qui concerne le projet d'établissement qui n'était subordonné à aucune obligation de résultats. Evaluant les résultats des examens de fin de cycle, la ministre de l'Education a fait savoir que s'ils étaient satisfaisants pour le cycle primaire, il était difficile d'être optimiste pour le moyen et le secondaire. Réaliste, elle affirme que l'objectif tracé d'atteindre les 75% de réussite au baccalauréat en 2015 n'était pas réalisable pour plusieurs raisons dont la surcharge des classes dans certaines régions et les enseignants pas toujours bien formés. Pour tenter de pallier au manque de formation, les 24 000 nouvelles recrues du secteur recevront au mois d'août une formation pédagogique avant de rejoindre les établissements scolaires à la rentrée. A l'occasion de la conférence nationale de l'éducation qui se tiendra la semaine prochaine, un bilan d'étape sera établi. Seront présents à cette conférence tous les acteurs du secteur y compris les partenaires sociaux qui, selon la ministre de l'Education, avaient réussi à arracher la majorité de leurs revendications. Les engagements du gouvernement en la matière, dit-elle, sont en passe d'être concrétisés, ce qui devrait garantir une rentrée scolaire sans remous. N. I. Abdelmalek Boudiaf : «La nouvelle loi sanitaire tranchera la question de l'activité complémentaire» Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière Abdelmalek Boudiaf a expliqué hier lors du forum de la radio nationale que la nouvelle loi sanitaire tranchera la question de l'activité complémentaire. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir) Intervenant hier lors du forum de la radio, Abdelmalek Boudiaf a assuré que si l'activité complémentaire a été gelée, ce sera à la nouvelle loi sanitaire de trancher sur la question qui a suscité un vif débat lors des dernières assises de la santé. Les partenaires sociaux ainsi que des députés et des membres de la société civile ont exigé la suppression de cette activité a assuré le ministre. S'agissant de la nouvelle loi sanitaire, le ministre a précisé qu'elle devenait une urgence du fait de la nécessité de revoir la réglementation et de la mettre à jour en vue de répondre aux besoins des citoyens. Il rappellera de ce fait que suite à la tenue des assises régionales et nationales, deux commissions ont été créés et qui seront notamment chargées de l'application et du suivi des recommandations des assises nationales. Les textes seront aussi présentés aux partenaires sociaux pour que le travail soit prêt à la fin de l'année. Pour Abdelmalek Boudiaf «la nouvelle loi sanitaire devra s'adapter à ce qui est attendu du secteur et sera axée sur les besoins des citoyens». Le ministre a aussi assuré qu'une stratégie a été mise en place par le secteur de la santé à moyen terme pour identifier les principales lacunes. Il rappellera qu'un audit a été réalisé sur le territoire national. Ce dernier a révélé, selon le ministre, des lacunes sur les plans organisationnels et de gestion au niveau des établissements de santé notamment. «Nous avons opté pour des actions urgentes, notamment pour la prise en charge au niveau des urgences et leur accorder davantage d'importance», a déclaré le ministre de la Santé. I l évoquera aussi la réalisation de neuf établissements hospitaliers universitaires qui, selon lui, seront une locomotive pour l'amélioration des services. Ces mêmes établissements, selon le ministre, seront livrés clés en main et avec une gestion déléguée. La construction de cinq de ces infrastructures a déjà été lancée selon le ministre, avec le démarrage à partir du mois de septembre de trois autres chantiers. Le ministre a aussi précisé que les établissements déjà opérationnels devront être réhabilités et rentabilisés. S'agissant du Service civil, le ministre a expliqué qu'il s'agissait d'une activité «normale» vu que les régions du sud du pays et des hauts plateaux ont besoin de spécialistes. Ce derniers, rappelle le ministre, se concentrent sur les régions du nord du pays. F.-Z. B. Yamina Zerhouni : «Le développement du secteur est lié à la stabilité sécuritaire» Invitée du forum de la radio, Yamina Zerhouni, ministre du Tourisme, a relevé hier le manque d'infrastructures d'accueil dans le secteur qui a connu d'importants ralentissements dans son développement au cours des années 1980 et lors des années 1990, en raison de la situation sécuritaire de l'époque. Pour Yamina Zerhouni, la situation sécuritaire influe directement sur le secteur touristique. Elle dira de ce fait que le nombre de touristes a diminué dans le sud du pays en raison des problèmes sécuritaires au niveau des pays limitrophes. La ministre du Tourisme a assuré hier que le secteur a été choisi comme étant une locomotive pour le développement durable. Elle mettra aussi en évidence «les capacités touristiques de l'Algérie» et la nécessité de créer une industrie touristique en raison du nombre important des postes d'emplois qui pourront ainsi être crée. Cet objectif pourra être réalisé selon Yamina Zerhouni grâce aux nouveaux projets et investissements privés. «L'état du secteur n'est pas reluisant, il a notamment souffert de la crise économique des années 80 et de 15 années de terrorisme», a déclaré la ministre, assurant aussi qu'il y a une relation directe entre la stabilité sécuritaire et le tourisme. Yamina Zerhouni a ainsi rappelé qu'il n'y a pas eu d'investissements touristiques au cours de ces périodes. Elle citera néanmoins 394 projets en cours de réalisation et dont les travaux sont avancés à hauteur de 60%. Il s'agit, selon la ministre, de petits complexes touristiques et hôtels. Elle mettra ainsi l'accent sur le manque important d'infrastructures d'accueil sur l'ensemble du territoire national. La ministre a aussi annoncé que 200 autres projets sont en cours de lancement. Ces projets devraient générer, selon l'invitée de la radio, 4 500 postes d'emploi. «Cette dynamique pousse vers la concurrence», a déclaré la ministre. F.-Z. B. Mohamed Aïssa Favorable à une académie de la fetwa Le ministre des Affaires religieuses n'est pas favorable à la nomination d'un mufti de la République. Mohamed Aïssa lui préfère une académie de la fetwa présidée par une personnalité charismatique épaulée par un comité de scientifiques. Le débat autour de la nécessité d'instaurer une institution en mesure d'établir des fetwas en Algérie a été tranché par le ministre des Affaires religieuses. Mohamed Aïssa ne partage pas l'avis de ceux qui plaident depuis des années pour l'installation d'un mufti de la République. Il reconnaissait hier que l'Algérie était à la recherche d'une institution savante qui soit en mesure de faire des arbitrages sur des questions religieuses et expliquait qu'il était question à une certaine période de nommer une personnalité consensuelle mais cela ne fait pas partie de l'approche de son département ministériel qui lui préfère une approche institutionnelle avec l'installation d'une académie qui sera présidée par une personnalité charismatique entourée de chercheurs dans plusieurs spécialités ayant trait aux sciences humaines. Une institution qui veillera au respect du référent religieux national, héritage de plusieurs siècles de pratique religieuse, expliquait hier le ministre. Un référent, dit-il, qu'il faudra renforcer en mettant entre les mains des imams les outils nécessaires pour mener à bien leur mission. Mohamed Aïssa promet de revoir le régime indemnitaire des imams, de mettre à profit les zaouias et les écoles coraniques pour renforcer le respect du référent national. Interrogé au sujet de la liberté du culte, le ministre des Affaires religieuses répondra que ce principe était garanti par la Constitution affirmant que la réouverture des lieux de culte non musulmans était régie par une loi qui garantit aux communautés chrétiennes et juives la pratique de leur culte. Une réouverture qui ne saurait se faire sans la garantie d'un minimum de conditions sécuritaires qui, selon lui, n'induisent pas la mise en place de cordon de police mais plutôt une acceptation sociale. Au sujet du Hadj, le ministre des Affaires religieuses dira que les préparatifs sont quasiment terminés. A terme, dit-il, l'Etat pourrait se dessaisir de l'organisation du Hadj au profit des agences de voyages.