Hassan Benzerari, Rym Takoucht et Malika Belbey discutent. On s'attendait presque à entendre Mohamed Lakhdar Hamina, Bachir Derais ou Yamina Chouikh lancer le traditionnel «silence, on tourne !». Mais ces comédiens, réalisateurs et producteurs, ne sont pas ici pour le tournage d'un film. La grande famille du cinéma algérien s'est réunie ce jeudi à la Bibliothèque nationale d'Algérie pour assister à la rencontre initiée par la ministre de la Culture, Mme Nadia Labidi, avec les professionnels du cinéma. «Votre présence est une bouffée d'oxygène pour moi. Comment développer le secteur du cinéma ? C'est ensemble que nous pourrons tracer les grandes lignes de la politique culturelle en Algérie ainsi qu'un plan de réformes de l'activité cinématographique. Le fait de se rencontrer constitue déjà un facteur d'encouragement et d'espoir. C'est une rencontre d'échanges, sans ordre du jour préétabli et vous pouvez me considérer comme une des vôtres», a déclaré la ministre de la Culture, elle-même réalisatrice de cinéma, après avoir rappelé que cette rencontre entre dans le cadre de la préparation de la conférence nationale sur le cinéma en septembre prochain. Premier à prendre la parole, Hassan Benzerari a parlé du problème des salles et a proposé, notamment de «revoir la composition des structures culturelles». Le comédien Abdelhamid Rabia n'y est pas allé par quatre chemins : «Le cinéma algérien se portait bien avant que ne s'abattent sur lui les vents de la démocratie» qui avaient vu la dissolution des entreprises publiques de production. Pour relancer le secteur, il estime qu'il faudrait une politique culturelle nationale adéquate. Il a, en outre, lancé un appel aux jeunes pour essayer de profiter de l'expérience des «anciens». Le comédien Fouzi Saichi estime nécessaire la création d'une école de cinéma, tout en faisant remarquer qu'aujourd'hui, il n'y a pas d'ingénieurs de son en Algérie. Le réalisateur Rabah Laradji, de son côté, estime que le cinéma algérien souffre d'un manque de scénaristes. Il a aussi proposé la création d'une cité du cinéma. Pour Jaoudet Gassouma, il faudrait «réhabiliter les structures qui existent» et diversifier la formation dans les différents métiers du cinéma. «Il faudrait aussi casser ce tabou qui dit que c'est h'ram de gagner de l'argent avec la culture. La culture vit avec l'argent et pour gagner de l'argent avec des films, il faudrait aussi revoir la diffusion», a encore souligné Gassouma. Larbi Lakehal a évoqué les questions relatives aux financements des films. Sid-Ali Mazif a proposé la création d'une salle de répertoire (cinémathèque) dans chaque wilaya. Reprenant la parole, Mme Nadia Labidi est d'accord sur le fait que la formation est la base d'une relance durable dans tous les secteurs de la culture. Concernant les diplômes et les certificats, elle a déclaré que des consultations sont en cours avec les ministères de l'Education et de la Formation professionnelle. Concernant, l'Ismas, elle a proposé l'idée de séparer les formations en arts dramatiques et audiovisuelles, en créant des instituts spécialisés dans chacun de ces domaines. La ministre considère nécessaire d'introduire une formation artistique dans les programmes scolaires, car «les enfants d'aujourd'hui seront le public de demain». Concernant le Fdatic (Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique), elle a annoncé la création de nouveaux fonds pour la promotion de l'écriture de scénarios et la réalisation. Enfin, la ministre a annoncé la création d'une revue de cinéma consacrée à la critique. Cette rencontre à la Bibliothèque nationale (El Hamma, Alger) entre dans le cadre d'une série de consultations initiées par la ministre de la Culture avec les professionnels des arts visuels, du «livre et de l'édition», des «arts du spectacle», de la musique et, enfin, du patrimoine.