La création d'une académie de musique afin de traiter en profondeur les problématiques de l'enseignement et de la recherche musicale a été proposée lors de la rencontre de Mme Nadia Labidi, avec les professionnels de la musique, jeudi à la Bibliothèque nationale d'Algérie (El Hamma, Alger). Dans ce sens, la musique en Algérie ne possède pas une structure nationale «comme il en existe pour le livre ou pour le cinéma», a reconnu la ministre de la Culture. L'enseignement et la formation musicaux se sont pratiquement taillé la part du lion dans les débats. «La musique est un moyen de développement humain incontestable, c'est pourquoi il faut une démocratisation la plus large possible de l'apprentissage et de la pratique musicale», a souligné M. Ammar Azzouz, ancien ministre de la formation professionnelle et auteur-compositeur. Ainsi, a-t-il ajouté, «généraliser l'enseignement musical à l'école, avec un fort coefficient et dans toutes les communes d'Algérie», influerait positivement sur le niveau et la qualité des postulants aux conservatoires et aux instituts supérieurs de musique. Une «démocratisation de l'éducation et de l'apprentissage mettrait fin aux structures «fourre-tout», devenues un refuge pour les baccalauréats faibles !», a fait remarquer, de son côté, Noureddine Saoudi, chanteur, musicien et membre fondateur d'associations algéroises de musique andalouse. M. Fethi Salah, enseignant au département de musique de l'ENS, a rappelé que le fait de réduire la fonction éducative de la musique au seul profit de sa fonction ludique et de divertissement a développé des aspects «mercantilistes» qui nuisent aux musiciens et à la société en général. De l'avis de plusieurs intervenants, l'éducation musicale ne devrait pas être l'apanage du ministère de la Culture mais devrait plutôt constituer un lieu de convergences de différents ministères notamment, de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle. Une refonte des conservatoires et une reconsidération des programmes d'enseignement des actuels instituts (nationaux, régionaux et annexes) d'enseignement musical a été, par ailleurs, préconisée par des participants à la rencontre. La situation des artistes (chanteurs, musiciens, auteurs, compositeurs...) a eu elle aussi une part non négligeable lors des débats. Pour certains, l'ouverture de l'Ansej aux musiciens et le développement des initiatives privées concernant aussi bien l'enseignement de la musique que celui de la promotion du spectacle, de la diffusion et de la distribution, serait une bonne chose pour le secteur. D'autres ont parlé d'un «statut des musiciens», une nécessité, selon eux, afin de leur éviter la «précarité humiliante en fin de vie qui est souvent leur lot». A la fin de la rencontre, la majorité des présents se sont inscrits sur la liste des participants aux futures conférences nationales prévues pour «après le mois de septembre» et dont la préparation démarrera le 15 août. Aujourd'hui samedi 26 juillet, et toujours à la Bibliothèque nationale d'Algérie, la ministre de la Culture rencontrera les professionnels du patrimoine.