L'Algérie appelle la communauté internationale à se mobiliser afin de trouver une solution à la crise sécuritaire et politique en Libye. A Tripoli et Benghazi, la situation s'est encore détériorée obligeant de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants. La Tunisie, qui fait face à un afflux de réfugiés libyens, envisagerait de fermer ses frontières terrestres. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Alger fait part officiellement de son inquiétude au sujet de la détérioration de la situation en Libye. «Les développements graves de la situation sécuritaire en Libye préoccupent au plus haut point l'Algérie», a affirmé, hier, le ministre des Affaires étrangères dans une déclaration à l'agence publique APS. Ramtane Lamamra a appelé «l'ensemble de la communauté internationale à se mobiliser pour aider la Libye à relever tous les défis qui l'assaillent». «Les dures épreuves qui ont été infligées au peuple libyen frère durant les derniers jours, coïncidant avec l'Aïd El Fitr el moubarek assombrissent l'avenir immédiat du pays et inspirent une inquiétude légitime en ce qui concerne les perspectives de sortie de crise rapide à travers l'avènement de la Libye nouvelle, démocratique, et en paix avec elle-même que nous appelons de tous nos vœux. L'Algérie presse tous les acteurs libyens impliqués dans cette montée effrénée de la confrontation fratricide de s'en remettre à leur Parlement élu en vue de la prise des mesures nécessaires à une indispensable réconciliation nationale ainsi qu'à la mise en place d'institutions crédibles et efficaces pour assumer les missions relevant de la souveraineté de l'Etat libyen.» Le ministre des Affaires étrangères a annoncé que le gouvernement algérien participe à une initiative avec des «pays voisins de la Libye» afin d'aider les autorités et les «forces patriotiques». «L'Algérie mène des consultations avec les autres pays voisins de la Libye en vue de la conjugaison des efforts pour aider l'Etat et les forces patriotiques à faire prévaloir les intérêts supérieurs du peuple libyen frère dans ces circonstances décisives de son histoire.»Lamamra ne le dit pas ouvertement, mais les «forces patriotiques» auxquelles il fait référence semblent être les troupes d'unités d'élites de l'armée libyenne commandées par le général à la retraite, Khelifa Belqasim Haftar qui mène une guerre aux «djihadistes» à l'est du pays. Hier, les troupes de Haftar ont subi un sérieux revers lorsque la principale base militaire des forces spéciales de Benghazi est tombée entre les mains des miliciens du Conseil de Choura des révolutionnaires de Benghazi. Cette organisation se présente comme un consortium de différentes milices et groupes terroristes activant essentiellement en Cyrénaïque. Selon le Croissant-Rouge libyen, 35 corps de soldats ont été retirés des décombres de cette caserne. Et selon un responsable de l'organisation humanitaire, il pourrait y avoir «d'autres corps». Le chaos règne également à Tripoli où les milices rivales ont transformé la capitale en zone de guerre. Les combats qui ont débuté le 13 juillet se sont poursuivis, hier, pour le contrôle de l'aéroport de Tripoli. Totalement dépassées par les événements, les autorités libyennes concentrent actuellement leurs efforts sur l'incendie qui s'est déclaré dans un dépôt de carburant qui avait été déclenché par un tir de roquette. Hier, un responsable du ministère libyen du Pétrole a avoué que l'incendie est «hors contrôle». Les pompiers libyens sont incapables d'éteindre le feu qui brûle depuis plusieurs jours 90 millions de litres de carburant à cause des combats entre les différentes factions armées et le manque d'eau et de matériels. La dégradation de la situation sécuritaire a obligé de nombreux pays à évacuer leurs ressortissants. Ainsi, l'armée française a procédé à une opération d'exfiltration par voie maritime d'une cinquantaine de Français et de Britanniques. Les étrangers ne sont pas seuls à quitter ce pays puisque de nombreux Libyens ont choisi de se réfugier en Tunisie. Un phénomène qui risque de prendre de l'ampleur ces prochains jours avec la recrudescence de la violence. Hier, le ministre tunisien des Affaires étrangères a prévenu que son pays ne pourrait pas faire face à un afflux massif de réfugiés libyens. «La situation économique dans notre pays est précaire et on ne peut pas supporter l'arrivée de centaines de milliers de réfugiés», a indiqué Mongi Hamdi en précisant que la Tunisie pourrait prendre la décision de «fermer les frontières si l'intérêt national l'exige».