[email protected] Génocide, chut ! Exclusivité israélienne : il n'y a que les Israéliens qui ont le droit d'utiliser ce mot, en référence unique, et pérenne, à l'holocauste. C'est pour ne pas briser ce monopole que la «purification ethnique» a été inventée, pour qualifier le massacre des musulmans de Bosnie. Parler d'un génocide à Ghaza, c'est faire preuve d'antisémitisme, et l'antisémitisme aujourd'hui c'est l'apanage des Arabes(1). C'est la version islamisée du projet de Choukeiri de «jeter les juifs à la mer», l'arme fatale des «guerres préventives» israéliennes. Alors que les victimes semblent devoir se compter par milliers, les lucarnes arabes pavoisent, en brandissant des crânes d'enfants défoncés en guise d'étendards. Il y a de quoi être effaré à la vue de certains titres qui proclament déjà la victoire du Hamas à Ghaza, alors que la cité martyre n'en finit pas d'enterrer ses morts. Pour ces supporters acharnés et aveugles, la «victoire» du Hamas est évidente, puisque les assaillants israéliens n'ont pas réussi à venir à bout de l'organisation islamiste. Or, il apparaît de plus en plus que l'éradication du Hamas n'est pas un objectif de guerre, mais que le but à atteindre, c'est d'éliminer le plus grand nombre, et de terroriser les survivants. Il est de plus en plus clair, à chaque opération sur Ghaza, que la disparition du Hamas n'entre pas dans les plans d'Israël, plus que jamais accros à la guerre, leur guerre, celle de leur pot de fer contre le pot de terre palestinien. Et qu'a donc fait le Hamas de si grandiose pour justifier une guerre impitoyable, susceptible d'aboutir à sa destruction ? Le fait qu'il y ait plus d'un millier de morts, et que la tuerie continue, n'arrête pas plus les amis bornés qu'il ne suscite le remords des agresseurs. La sinistre vérité des chiffres, et la qualité des victimes, des civils et des enfants dans leur écrasante majorité, n'arrivent pas à étouffer les clameurs triomphalistes. Et l'on voit surgir çà et là des banderoles et des slogans saluant la «résistance» du peuple de Ghaza, alors que des centaines d'hommes, de femmes, et d'enfants, ne songent qu'à échapper aux bombes et à la mitraille. La seule «résistance» dont il s'agit en l'occurrence et celle du corps humain aux objets perforants et à l'effondrement des bâtiments et des maisons bombardés. Ces illuminés qui voient de l'héroïsme dans ces corps d'enfants à moitié enfouis sous les gravats, peuvent-ils nous dire à partir de combien de milliers de morts, ils s'arrêteront de crier victoire ? La résistance : jamais mot ne fut aussi galvaudé, autant soumis à l'usage des propagandistes qui exaltent des victoires illusoires, sur des champs de bataille virtuels, où leurs invocations ne font pas plus d'effets que les roquettes sur Israël. C'est ainsi que la milice iranienne du Hezbollah au Liban s'est emparée du mot pour en faire son fonds de commerce, et soumettre le pays des cèdres à ses quatre volontés. Ceux qui applaudissaient le Hezbollah, lorsqu'il jouait à cache-cache avec l'armée d'invasion israélienne, rivalisent de mutisme, quant à la soudaine disparition des «résistants» de Nasrallah au Sud-Liban. Depuis les événements de Syrie, il est vrai, des alliances se sont nouées et dénouées, et les amis d'hier sont devenus les amis d'aujourd'hui à la grande satisfaction d'Israël. À un Etat fondé sur l'appartenance religieuse, il fallait des adversaires tournant le dos à des décennies de résistance, et menant une guerre religieuse. Tous comptes faits, et avec le recul, Leïla Khaled était beaucoup plus dangereuse pour l'Etat sioniste que ne l'a été cheikh Yassine, le prédicateur du Hamas. À mon humble avis, les Algériens Mohamed Boudia, et Mohamed Benmansour, ont plus donné à la cause palestinienne que Khaled Machaal, et consorts, ces «Salafistes cinq étoiles». Et l'on se surprend à évoquer avec nostalgie les anciennes figures de la vraie résistance, telles que Georges Habbache et Nayef Hawatmeh, des hommes qui ne se contentaient pas de lever les mains vers le ciel. Mais pendant que Ghaza brûle, l'Irak se fissure, et se délite, alors que le nouvel Islam sunnite programmé pour les Arabes s'installe et se renforce dans un pays en ruines, à partir de sa forteresse de Mossoul. Après la chasse aux chiites, et aux minorités religieuses comme les chrétiens, le califat de l'émir des croyants, Al-Baghdadi, s'en prend directement aux corps des femmes, après leur avoir imposé le voile intégral. Toute personne de sexe féminin avéré sera désormais soumise à l'horrible mutilation des organes génitaux qui est l'excision. Pour bien montrer qu'ils ont de qui tenir, et ce qu'ils doivent au Wahhabisme, les intégristes de l'EIIL se sont attaqués aux sépultures historiques. Selon le programme commun aux «islamistes de tous pays», ils ont déjà détruit, dans la portion d'Irak qu'ils contrôlent, une dizaine de mausolées et tombeaux, dont celui du Prophète Younès (Jonas). Les islamistes ne se donnent même plus la peine de se référer aux textes fondamentaux pour justifier cette mesure. Ils savent désormais que l'ère de la raison est révolue, et que «l'ignorance sacrée» a soumis l'esprit critique, et s'est substituée à lui. En fait, toutes ces mesures qui paraissent devoir choquer les non-musulmans sont inscrites en filigrane dans la profession de foi de tous les tenants de l'islam politique. Il n'y a pas de divergences doctrinales fondamentales, mais des différences d'appréciation sur la longueur de la lame et la profondeur de la coupe. Hormis quelques voix qui prêchent dans le désert, l'establishment islamiste parlait d'une même voix, et poursuit les mêmes objectifs, y compris et surtout lorsqu'ils parlent de l'Islam, «religion de paix». Une paix qui ressemble, à s'y méprendre, à la «Pax Romana» impérialiste, d'où seraient seulement exclus les dieux de l'Olympe. L'Islam d'Erdogan qui a attendu que des compagnies américaines le fassent pour suspendre les vols de la «Turquish Airlines»(2), vers Tel-Aviv, et au 12e jour de guerre contre Ghaza. L'Islam du trémulant Fayçal Al-Kassem, l'animateur de la chaîne «Al-Djazeera» qui recommande à l'armée syrienne de prendre exemple sur «l'armée israélienne qui avertit les populations avant de les bombarder». Fayçal Al-Kassem qui affirme, toute honte bue, que l'armée d'occupation française en Syrie «respectait les villes et les lieux de culte» (!!!). Face à eux, il y a heureusement un Islam qui fait de la résistance, qui marie heureusement raison et les sentiments, un Islam comme celui de cette consœur irakienne. Dalia Al-Aqidi, célèbre journaliste, musulmane et sunnite, est apparue dernièrement à l'écran, arborant une croix, et proclamant «Nous sommes tous des chrétiens !». Dalia Al-Aqidi, fille d'artistes irakiens connus, a voulu exprimer ainsi sa solidarité avec les chrétiens opprimés par le «califat» de Mossoul, alors que le monde arabe n'a d'yeux que pour Ghaza. Certes, nous sommes tous des Palestiniens, plus ou moins convaincus, mais sachons aussi faire l'effort d'être «tous avec Dalia Al-Aqidi», puisqu'il nous reste encore un long chemin à faire avant d'être «tous des Dalia Al-Aqidi», purement et simplement ! A. H. http://ahmedhalli.blogspot.com/ (1) Les Arabes sont choqués qu'on les traite d'antisémites, alors qu'ils sont eux-mêmes d'authentiques sémites. C'est pourtant une étiquette politiquement correcte à voir la haine qu'ils se vouent les uns aux autres, et l'acharnement qu'ils mettent à s'entretuer. Pour se laver de l'accusation d'antisémitisme, ils n'ont qu'un seul argument à faire valoir, le masochisme, le credo enfoui dans le subconscient islamiste. (2) Pour mieux apprécier ce double jeu, il faut savoir que la compagnie turque a choisi Messi, le joueur de Barcelone, comme vedette d'un de ses spots publicitaires, alors que les sites islamistes ne parlent que de la contribution du footballeur argentin à «l'effort de guerre» israélien.