La population de Iboudrarène, dans la daïra des Aït Yenni, a rendu un hommage émouvant à Amar Sghir, un chanteur qui a connu un grand succès dans les années 1960-1970. De son vrai nom Outoudert Amar, aujourd'hui âgé et malade (il est né le 27 septembre 1949, à Tala n'Tazart, dans la commune Iboudrarène) a eu droit à la reconnaissance des siens. Durant deux jours, Amar Sghir a été à l'honneur dans son village natal. En association avec le direction de la Culture de Tizi-Ouzou et l'APC d'Iboudrarène, le comité d'organisation a mis en place un riche programme d'animation et d'activités festives pour marquer l'événement où le parcours de ce chanteur a été mis en avant. Mohamed Chemmoun, Ouazib Mohand Ameziane, Makhloufi, Djaffar Aït Menguellet, Ali Meziane, et bien d'autres chanteurs se sont succédé sur scène pour rendre hommage, par la chanson et le témoignage à un chanteur qui a marqué de son empreinte la scène artistique kabyle et dont la carrière a débuté en 1959 sous la houlette du regretté Cheikh Nordine et aux côtés, entre autres, de Kamal Hamadi et de Mohamed Rachid. Venu des nombreux villages voisins, le public a eu à découvrir ou redécouvrir celui qui s'est choisi Amar Sghir comme nom d'artiste pour échapper au «qu'en-dira-t-on» et au jugement réprobateur de son entourage auquel il n'échappera, malheureusement, pas. Ainsi, et pour avoir interprété Ulac wia3zizen falli siwa yemma ad vava, une chanson où il a rendu hommage à ses géniteurs, son père lui intimera l'ordre de ne plus le citer dans ses chansons, avait-on témoigné. Amar Sghir s'est illustré à sa façon dans la revendication amazighe, puisqu'il sera le premier à avoir utilisé le mot amazigh dans une chanson, avait-on encore témoigné. Auteur d'un riche répertoire embrassant une thématique dominée par un romantisme de jeunesse et les sujets de société, et dont l'essentiel a été enregistré avec l'orchestre de la Radio nationale, Amar Sghir, qui avait également composé des titres interprétés par d'autres chanteurs, à l'instar d'Aït Meslayen qui a quitté précocement la scène artistique, en raison de sa santé fragile, est resté en marge d'une scène artistique où des chanteurs approximatifs et sans talent s'épuisent et s'égosillent à s'imposer comme des astres scintillants. L'hommage qui vient de lui être rendu par les siens, en présence d'un nombreux public intergénérationnel et de beaucoup de ses amis et chanteurs, pas seulement de sa génération, est une preuve de reconnaissance pour le talent et le mérite de celui qui a fait son apprentissage dans la célèbre école algéroise Al Ankaouia, selon le témoignage de Wahid, son demi-frère.