L'affaire de poudre de lait mal stockée dans les dépôts de l'Office national interprofessionnel de lait, en 2012, à Mascara, refait surface. Un bras de fer oppose l'Onil à un producteur de lait privé qui affirme, documents et factures à l'appui, être en possession de 42 tonnes de poudre périmée qu'il refuse de mettre sur le marché. Pourtant ce quota de poudre avarié, subventionné par l'Etat, devait être totalement détruit. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) – Dans une correspondance adressée à l'Office national interprofessionnel de lait, et dont le Soir d'Algérie dispose d'une copie, la laiterie Waniss, de Khemis-Miliana, dans la wilaya de Aïn-Defla, parle de 42 tonnes de poudre de lait périmée mises à sa disposition par ce même office. L'affaire remonte ainsi au 29 avril 2012, lorsque cette matière entière (26% MG), d'origine allemande (Rumi), a quitté les dépôts de l'Onil pour atterrir chez ce transformateur privé. Il s'agit de M. Bouzekrini, gérant de la laiterie Waniss, qui souligne dans cette même correspondance que : «Dans le cadre d'une opération de vente exceptionnelle en hors quota habituel de l'Onil, sous le timbre de monsieur Chibane, directeur de la distribution et de la régulation, il a été mis à la disposition de la laiterie Waniss 42 tonnes de poudre de lait entier (26%MG), d'origine allemande Rumi». Mais ce que ce promoteur privé semble avoir le «regret de rappeler», c'est que «de par ce caractère exceptionnel et l'imminence de la péremption de cette poudre (fabriquée le 9 mai 2011), et qui devait intervenir le 9 mai 2012, nous avons entrepris tout de suite la transformation de cette poudre mais hélas ses qualités organoleptiques ont changé et elle dégageait une odeur de rance». Suite à quoi, M. Bouzekrini affirme que «10 000 litres de lait ont été retirés de la vente et détruits», et que «les différentes inspections de l'Onil de passage à la laiterie ont constaté de visu cette marchandise ». Plus grave encore, la laiterie Waniss révèle, toujours dans le même document, que 18 tonnes de cette poudre avariée «ont été rétrocédées à la laiterie Safilait le 7 mai 2012», c'est-à-dire deux jours avant la date limite de péremption. Reste maintenant à savoir si cette quantité a été écoulée sur le marché. Contacté par téléphone, le patron de la dite laiterie pense que les 42 tonnes de poudre de lait subventionnée par l'Etat, qu'il a achetées auprès de l'Onil, sont issues de l'affaire des quantités mal stockées dans les dépôts de l'office à Mascara au cours de la même année. «A un certain moment et pour étouffer l'affaire, on m'a demandé d'utiliser graduellement et par petite quantité cette poudre avariée avec d'autres quantités propres à la consommation», témoigne-t-il. Chose d'ailleurs, qu'il affirme avoir refusé d'entreprendre. «J'ai eu à l'époque des assurances pour que ce quota de 42 tonnes soit remplacé par de nouvelles quantités mais ce n'était finalement que de vaines promesses. J'ai fini par comprendre que l'Onil cherchait uniquement à gagner du temps. Je compte d'ailleurs alerter les services d'hygiène de la wilaya de Aïn-Defla pour qu'ils viennent prendre acte de la qualité de cette poudre que j'emmagasine toujours dans mes locaux. Une action en justice n'est pas aussi à exclure puisque je dispose de toutes les preuves et documents», clame-t-il. Le DG de l'Onil, Fethi Messar, qui était d'ailleurs difficilement joignable, indique de son côté qu'il est actuellement en congé et qu'il ne peut réagir par téléphone. «Je n'ai rien à dire, sinon de vous recevoir à partir de ce mardi dans mon bureau, lorsque je serai à nouveau de service. Je ne vous ai d'ailleurs rien dit et rien déclaré... et s'il y a un écrit je vais répondre par écrit», précise- t-il. Enfin, il est à signaler que dans les factures d'achat de cette poudre visiblement avariée, il est mentionné que le nom et l'adresse du fabricant sont domiciliés en Allemagne, alors que le nom du vendeur est domicilié à Paris. Il s'agit probablement d'une sous-traitance.