Par Kader Bakou Kan y kolli d'Amel Zen, c'est du foxtrot ou du charleston ? En tout cas, lors de la finale de la première édition des Algerian Music Awards, Safy Boutella avait félicité la jeune artiste pour avoir eu «l'audace» d'enregistrer une chanson dans un genre musical très ancien et peu connu en Algérie. Le foxtrot ou fox-trot (littéralement «pas du renard») est, à vrai dire, un style de danse exécutée sur du ragtime, un genre musical généralement considéré comme précurseur du jazz. Le ragtime fut populaire surtout dans l'entre-deux-guerres et perdura jusqu'aux années 1950. Le charleston fut créé aux Etats-Unis à la fin des années 1920, dans la ville de Charleston, en Caroline du Sud. Grâce à son style dynamique et spectaculaire, il eu un succès considérable. Le charleston se danse en solo, en duo ou en groupe, sur des rythmes du jazz hot. Il est fondé sur des déplacements du poids du corps, d'une jambe à l'autre, pieds tournés vers l'intérieur et genoux légèrement fléchis. Le black bottom est une variante de cette danse. Un des pas favoris de cette danse consiste à faire des pas sautillés en avant et en arrière (boogie). Le charleston, et en particulier le collegiate charleston, est le précurseur du lindy hop et du jazz roots, des danses des années swing nées à Harlem dans les années 1930 et dansées respectivement en couple et en solo/groupe. De nos jours, les danseurs de hip-hop ou de deep house reprennent beaucoup de pas de cette danse. Le ragtime est un genre musical d'origine américaine, très populaire entre 1890 et le milieu des années 20 du siècle dernier. Scott Joplin (1867-1917) est le plus célèbre compositeur de ragtime. Le ragtime est donc considéré comme l'un des principaux précurseurs du jazz. Mais à partir des années 1920, le jazz a commencé à supplanter le ragtime, même si celui-ci a pu continuer à se développer au travers de dérivés tels que le novelty. Le ragtime a toutefois connu un regain d'intérêt dans les années 1950 et 1970, grâce notamment à la musique du film L'Arnaque (The Entertainer), empruntée à Scott Joplin. Kan y kolli (il me disait), c'est peut-être du swing ! Le swing désigne tout d'abord une manière d'être essentielle du jazz, celle qui donne à balancer, à se balancer, à danser avec son corps dans l'espace. Pour certains auteurs, le swing a accompagné toute l'histoire du jazz. Pour d'autres comme André Hodeir, le swing s'est plutôt cristallisé durant les années 1930-1940 avec l'avènement des big bands (les grands orchestres). Historiquement, Le swing désigne aussi, l'ère swing, c'est-à-dire la période allant de 1930 à 1945. Cette période faste est illustrée par les big bands «blancs» comme celui de Benny Goodman surnommé «le roi du swing», Glenn Miller ou Gene Krupa. Elle est également illustrée par les orchestres «noirs» tels ceux de Duke Ellington, Count Basie, Chick Webb ou Jimmie Lunceford. Ces différents orchestres emblématiques du phénomène swing surent allier perfection de la mise en place, décontraction de l'énoncé et équilibre entre pulsion vitale, chaleur d'expression, maîtrise instrumentale et imagination mélodique. Cette musique avait donné aussi la fameuse expression «avoir le swing» et le mystère de cette impression qui saisit les initiés... K. B.