Le grand artiste et poète Daho Meziane est décédé samedi dernier, à Mascara, suite à une longue maladie. Il avait 79 ans. Né à Mascara en 1934, le défunt est un pur produit de la culture mascaréenne. Il avait de qui tenir, son grand-père n'étant autre que le grand poète Mokadem Meziane. Dès l'âge de 13 ans, Daho Meziane commence à s'initier au théâtre et à la poésie, grâce aux SMA (Scouts musulmans algériens). Le scoutisme est également une école de nationalisme. Il est d'ailleurs arrêté en 1956 pour son engagement révolutionnaire, et interné au camp de Berrouaghia. C'est là qu'il a côtoyé de grands noms tels Moufdi Zakaria, Cheikh Smati, Haddad, le coureur cycliste Kebaïli et d'autres nationalistes. Il est libéré en 1959. Daho Meziane commence à chanter des chansons humoristiques dès sa prime jeunesse, dont la première était un chant de scouts pour animer les veillées Zdoudouda zdoudouda... Et c'est depuis cette chanson qu'il a d'ailleurs été surnommé Zdoudouda. Puis il devient l'animateur principal du grand orchestre mascaréen El Fen oua El Amel, durant la période post-indépendance. Dirigé par Bachir Zahaf, l'orchestre comprenait tous les grands artistes de la ville et produisait même de courtes pièces de théâtre et de la danse folklorique. Daho Meziane était connu pour chanter le social avec beaucoup d'humour. Parmi ses chansons de style comique, Bini ou bin oumi a eu un succès retentissant au début des années 1970. Il a également chanté le bédoui, dont les textes de Abdelkader Khaldi et des poèmes de sa composition. Daho Meziane a d'ailleurs toujours présenté le festival annuel dédié à Abdelkader Khaldi, le grand poète mascaréen. En 1985, il est l'un des acteurs principaux du film consacré au poète du melhoun, et réalisé par Miloud Touadjine pour l'ENTV. Poète satyrique, amoureux du melhoun et de sa région de Mascara, Daho Meziane n'a eu de cesse de militer pour le regain des activités culturelles dans sa bonne ville. Il a toujours milité pour la culture, depuis son engagement dans l'OCFLN (organisation civile du FLN) jusqu'à quelques mois avant sa disparition, en passant par la troupe Art et Action qu'il avait fondée avec d'autres artistes. Cette troupe avait même décroché le prix national du Festival des arts populaires en 1979, puis cessa ses activités. Avec le décès de Daho Meziane, c'est un autre pan de la mémoire de la ville qui s'en va. Le riche passé culturel de Mascara risque d'être encore plus oublié après le départ de celui qui continuait à l'incarner...