Un savant dosage entre continuité et rupture. C'est ce que propose Nouria Benghebrit pour poursuivre les réformes. Point question d'aller vite ni de jouer aux «apprentis sorciers». Dès cette rentrée, des mesures seront applicables : suppression du seuil au baccalauréat, retour à la fiche de synthèse et réhabilitation des classes spéciales. Nawal Imès- Alger (Le Soir) - La fiche de synthèse est à nouveau réhabilitée. Dès cette année, le travail continu sera pris en compte pour l'accès aux études universitaires. Les notes obtenues en deuxième et en troisième année secondaire seront désormais prises en compte pour le calcul de la moyenne du baccalauréat. Il ne s'agit nullement d'un retour au rachat puisque le recours à la fiche de synthèse ne concernera que les lycéens ayant obtenu la moyenne supérieure à dix obligatoire pour l'accès à l'université. Le ministère de l'Education n'a cependant pas encore pris de décision concernant le coefficient qui sera attribué à la moyenne annuelle et à celle obtenue au baccalauréat. Une mesure qui, selon Benghebrit, doit revaloriser l'effort et le travail continu mais surtout éviter que dès le mois de mars, des élèves de terminale désertent les lycées pour n'assister qu'aux cours particuliers. Nouria Benghebrit affirme néanmoins qu'il ne s'agit nullement de dévaloriser l'examen du baccalauréat qui ne perdra rien de sa valeur symbolique. Autre nouveauté, le retour des classes spéciales. La ministre de l'Education a donné des consignes aux directeurs de l'éducation afin que soient ouvertes des classes pouvant accueillir des élèves ayant plusieurs fois échoué à l'examen du baccalauréat. Vers une commission d'orientation dès le moyen Pas de mesures prises dans l'urgence, par ailleurs mais une démarche progressive. C'est le choix fait par Benghebrit qui dit avoir les coudées franches pour mener à bien son projet dans le cadre de quatre référents : la lettre de mission de Bouteflika aux membres de la commission Benzaghou, les recommandations de cette même commission, le Conseil des ministres de 2002 et les recommandations de la conférence nationale de juillet. La ministre de l'Education compte opérer une rupture dans l'approche mais pas dans le contenu mais le tout sans tomber dans la précipitation. Il faut, dit-elle, «arrêter dans le système éducatif de mener des actions urgentes» car, considère-t-elle, «l'urgence, c'est la pire des politiques» et que si la pression est forte sur le secteur, les mesures prises ne peuvent être bonnes. C'est pour cette raison que pour cette rentrée, quelques mesures seront effectives, en attendant la mise en place d'autres pour la prochaine rentrée scolaire. Plus question également du fameux seuil exigé par les lycéens. Au primaire, point de deuxième session pour l'examen de fin de cycle. Cette dernière a été supprimée puisqu'au fil des années, il a été démontré qu'elle n'était pas particulièrement efficace. Le poids des cartables des élèves de la première, deuxième et troisième année a été allégé de 30%. L'objectif du ministère à long terme, c'est d'aller vers le livre unique avec pour finalité d'arriver au livre solidaire mis à disposition des élèves en début d'année et restitué à la fin de cette dernière. Le dossier des volumes horaires sera ouvert mais pas de mesures pour cette année. Le ministère de l'Education compte également travailler en coordination avec d'autres secteurs comme celui de la culture pour l'animation des établissements solaires, avec celui des sports pour la promotion de la pratique sportive mais également avec la formation professionnelle et l'enseignement supérieur avec lesquels une commission va être mise en place pour suivre dès la quatrième année moyenne la question de l'oriention des élèves en fonction de leurs capacités et leurs volontés. Pour cette rentrée, la question de la surcharge se posera une fois de plus mais avec un peu plus d'acuité dans les classes de terminale avec l'arrivée de la cohorte de la «réforme» en dernière classe du cycle secondaire. Pour tenter de trouver des solutions, la ministre de l'Education dit ne pas avoir de solutions miracles mais que le secteur répondait à cette problématique en imaginant des solutions comme celle de la double vacation. Des solutions seront également trouvées pour redynamiser la vie scolaire avec l'introduction des activités artistiques avec un recentrage au niveau des programmes. Il sera désormais possible de projeter un film pour introduire un cours d'histoire. Il sera fait appel à des intervenants issus du ministère de la Culture qui, aux dires de Benghebrit, sont mieux outillés que les enseignants. N. I. «La grève n'est pas une fatalité» La ministre de l'Education est bien décidée à éviter tout bras de fer avec les partenaires sociaux. Un dialogue permanent sera initié avec les partenaires sociaux car, dit-elle, «il n'y a pas de problèmes qui ne puissent trouver de solutions» même si elle pense que la majorité des revendications ont déjà été satisfaites. La ministre de l'Education compte d'ailleurs faire un guide pour informer les différentes catégories des employés du secteur au sujet des revendications déjà satisfaites. Pour la ministre de l'Education, la grève n'est nullement «une fatalité». N. I. Obligation de résultats pour les écoles privées Un courrier sera prochainement envoyé aux chefs d'établissements privés pour leur rappeler qu'ils devaient au même titre que ceux du secteur public être soumis à des obligations de résultats. Cela concerne surtout le cycle secondaire puisque certains établissements privés ont obtenu un taux de réussite de 0%, une «performance » que même les pires lycées ne réalisent pas. Il ne s'agit pas de diaboliser ces écoles, selon la ministre de l'Education mais de pousser ces dernières vers la qualité.