La nouvelle ministre de l'Education, Nouria Remaoune Benghebrit, se fixe d'emblée des priorités avec comme premier objectif la refonte de la pédagogie qui, selon elle, doit être au centre de la réforme. C'est le message qu'elle a tenu à transmettre, hier, lors de la conférence nationale du secteur. La ministre qui compte aussi s'attaquer à la réforme des examens de fin d'année a annoncé la mise en place de l'Observatoire national de l'éducation et de la formation. F.-Zohra B. - Alger (Le Soir)br Installée depuis une semaine à la tête du secteur de l'éducation, Nouria Benghebrit Remaoune a présidé, hier, une réunion avec les directeurs de wilaya. D'emblée, la première responsable du secteur de l'éducation transmettra aux présents les grandes lignes par lesquelles elle compte aborder les principaux grands dossiers qui handicapent le secteur. Pour la ministre, la priorité est donc de se concentrer sur la refonte pédagogique qui selon elle, doit être au centre de la réforme. Cet objectif, et non des moindres selon la ministre a, néanmoins, besoin de mise en cohérence avec comme premier objectif une meilleure prise en charge de l'élève. Elle abordera ainsi la question cruciale de la formation qui doit impérativement, selon elle, être de qualité. L'autre objectif qu'a mis en évidence la ministre est la réforme des examens de fin d'année. Elle évoquera principalement la valeur symbolique du bac qui doit être réhabilitée, précise-t-elle. Pour cela aussi, elle impliquera les partenaires sociaux «à s'engager dans une politique de communication pour ensuite arriver à identifier les théories et solutions les plus rationnelles et non pas appliquer une réforme avec un listing d'actions». Pour ce qui est de la refonte pédagogique, La ministre de l'Education dira qu'elle doit revenir au centre des actions avec une réforme des programmes. «Il est normal qu'il y ait des dysfonctionnements et des remises en ordre, la réforme est un processus qui suppose une mobilisation et de la compréhension», a aussi souligné la ministre. Elle exprimera sa volonté de redynamiser la refonte pédagogique à travers la redynamisation de la commission nationale des programmes, comme elle mettra l'accent sur la faiblesse de la partie recherche dans le secteur. Pour ce qui est de la question des ressources humaines, la ministre soulignera le fait qu'il ne saurait y avoir de refonte sans accorder toute sa place à la ressource humaine au travail et à la formation. Elle annoncera, de ce fait, de larges discussions au mois de juillet prochain avec l'organisation d'assises du secteur de l'éducation. L'objectif de la rencontre étant de faire un état des lieux de l'évaluation d'étape à mi-parcours de la réforme. Elle annoncera aussi la mise en place d'un Observatoire national de l'éducation et de la formation, ainsi qu'une commission nationale de l'éducation. Concernant la question d'une deuxième session pour le bac 2015, Nouria Benghebrit précisera qu'il s'agit d'une théorie comme une autre pour ce qui est de la réforme des examens, notant qu'une série de propositions sont à l'étude et qui rentrent dans le cadre de la réforme des examens. Elle s'est aussi estimée convaincue de la possibilité de prendre exemple sur ce qui se fait en la matière dans le monde et dans les pays voisins. «Le dernier mot revient aux pédagogues», a par ailleurs souligné la ministre. Elle ne manquera pas aussi de qualifier les tricheries au bac de l'année passée d'indicateur puissant et dangereux, assimilant les événements à l'idée que se font les élèves de l'autorité. «Nous devons donner une lecture à ces événements en apparence marginaux et qui nous renvoient vers la relation entre les élèves et les enseignants, les responsables et les familles», a déclaré la ministre. S'agissant de la question du seuil des leçons pour l'examen du bac, les présents s'accorderont à dire qu'il faudra arriver à dépasser cette étape qui n'est pas pour assurer la crédibilité de l'examen du baccalauréat. F.-Z. B. Les élèves de terminale désertent les lycées Le troisième trimestre sacrifié Un air de vacances plane déjà sur les établissements scolaires du cycle secondaire. L'introduction du fameux «seuil» pour les épreuves du baccalauréat et la suppression de la fiche de synthèse poussent les élèves à déserter les classes. L'année scolaire se retrouve de fait raccourcie et le troisième trimestre est en phase de disparaître. Une aberration, estiment le pédagogues. Nawal Imès - Alger (Le Soir) Les élèves des classes de terminale subissent depuis dimanche les épreuves du bac blanc. Des examens qui les mettent dans les conditions réelles et sont une parfaite simulation de l'épreuve décisive qu'ils sont appelés à subir dès le 1er juin. Beaucoup d'entre eux n'ont pourtant pas jugé utile de faire le déplacement. Ils boudent tout simplement les examens qui, estiment-ils, n'ont aucun impact sur leur cursus. Beaucoup de lycéens n'ont plus donné signe de vie depuis la fin du deuxième trimestre sans que leurs parents ne soient convoqués ou que l'administration ne prenne des mesures. Et pour cause : depuis des années déjà, l'année scolaire est de facto raccourcie et amputée des derniers mois par les élèves de terminale sous prétexte de se consacrer aux révisions. Avec la complicité de l'administration, ils quittent les bancs de l'école pour suivre des cours particuliers. Ils le font car ayant la garantie de connaître le seuil des cours à réviser et ne jugent donc pas utile d'être présents en classe. Le seuil introduit en 2008 dans une conjoncture marquée par des grèves à répétition a finalement été travesti. Il sert aujourd'hui d'alibi aux lycéens qui ne jugent plus utile de fournir des efforts, notamment au cours du dernier trimestre car les notes qui leur sont attribuées n'ont au final aucun impact sur l'examen du baccalauréat. Syndicats du secteur et pédagogues crient pourtant au scandale depuis de longues années. Comment a-t-on pu permettre l'instauration de ces mœurs au sein des établissements scolaires ? Pourquoi des directeurs tolèrent les absences de longue durée sans les signaler ? En cédant chaque année un peu plus aux exigences des élèves, les différents ministres de l'Education ont fini par porter atteinte à la crédibilité de l'examen. Ils ont institutionnalisé un seuil dont la suppression exige aujourd'hui du courage politique. Des pistes de réflexion avaient été ouvertes par Baba Ahmed qui s'était ouvertement positionné contre cette pratique antipédagogique. Il a finalement quitté son poste sans prendre la décision attendue par la famille de l'éducation. Il avait cependant ouvert le chantier en évoquant la possibilité de réintroduire le rachat via la fiche de synthèse. Une piste que les syndicats du secteur privilégient car estiment-ils, les élèves seront alors dans l'obligation de fournir des efforts tout au long de l'année. L'école retrouvera alors toute sa dimension pédagogique. Baba Ahmed avait également évoqué la possibilité de l'instauration d'une seconde session de rattrapage. Il laisse le chantier ouvert. A charge de la nouvelle ministre de l'Education de prendre les décisions qui s'imposent pour la réhabilitation de l'examen mais aussi de l'ensemble du système éducatif. N. I. Elle a lancé plusieurs messages aux syndicats La ministre appelle à un pacte social Lors de son intervention, hier, lors de la conférence nationale, la nouvelle ministre de l'Education s'est adressée à plusieurs reprises aux syndicats du secteur, précisant qu'elle souhaitait les impliquer aussi bien en tant que partenaires sociaux qu'en tant que pédagogues. Le message de la ministre a été en fait un véritable appel à la trêve en direction des syndicats du secteur qu'elle devra rencontrer cette fin de semaine ainsi que les associations de parents d'élèves en vue de passer en revue les dossiers en suspens ainsi que les priorités pour le secteur. Ses objectifs, Nouria Benghebrit dira vouloir les réaliser aussi avec les partenaires sociaux qui, selon elle, sont aussi des pédagogues. «Nous devons mettre en place une culture de la délibération pour trouver ensemble des solutions. Les négociations ne se feront pas cependant au détriment de la qualité», a tenu à souligner la ministre. La ministre leur a aussi précisé que l'application des statuts nécessite l'ouverture d'un débat sur leur mise en œuvre. «Je fais appel à la responsabilité de chacun. Il faut dans ce secteur une prise de conscience générale, l'enjeu est fondamental. Je demande donc aux partenaires sociaux de nous donner un délai et de ne pas nous perturber avec des grèves», a déclaré la ministre qui a ainsi précisé aux syndicats que s'ils acceptaient un pacte social, elle s'engagerait «à fournir les efforts nécessaires pour prendre en charge les dossiers en suspens. Les partenaires sociaux ne doivent pas jeter de l'huile sur le feu à la veille des examens mais plutôt rassurer les élèves». F.-Z. B. Examens de fin d'année à Ghardaïa Pas de mesures spéciales S'agissant des examens de fin d'année dans la wilaya de Ghardaïa qui a connu des troubles au cours des derniers mois, aussi bien la première responsable du secteur que les responsables se sont accordés à dire qu'au niveau de cette région, le programme a bel et bien été achevé dans les normes. Pour eux, les élèves de Ghardaïa passeront notamment l'examen du bac dans les mêmes conditions que les élèves des autres régions du pays. Selon eux, la wilaya de Ghardaïa a réalisé toutes les leçons de référence et figure parmi les premières wilayas qui les ont réalisées, comme les établissements restent ouverts selon eux. Les établissements scolaires qui doivent encore achever les programmes ne sont pas nombreux, ont assuré les responsables lors de la conférence nationale de l'éducation. Par ailleurs et pour sa part, M. Azzedine Djilani, directeur de l'éducation de la wilaya de Ghardaïa évoquera les conditions particulières dans lesquelles les élèves de terminale notamment se sont rendus dans les établissements en raison des tensions et des heurts quotidiens. Il citera entre autres, la nécessité de transporter les élèves d'un établissement à un autre par bus et la programmation spécifique et dans l'urgence pour les enseignants des deux communautés.