Par Arris Touffan L'autre jour, une «Une» de ce même journal annonçait une réunion de l'opposition. La photo qui illustrait la manchette alignait les tronches de, je crois, cinq ex-Premiers ministres, qui inquiet, qui rigolard, qui souriant. Il y avait, là, le solennel et un chouia sombre Mouloud Hamrouche, le pimpant et un chouia poseur Sid-Ahmed Ghozali, l'inquiet et un chouia introverti Mokdad Sifi, le grognon et un chouia rigolard Ahmed Bentitour et le souriant et un chouia trop Ali Benflis. Ils devaient, nous disait le journaliste, prendre part à la réunion de mise en place de l'instance de coordination et de suivi de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). C'est bien tout ça. Il faut attendre maintenant que Belkhadem soit suffisamment en rogne contre qui vous savez pour qu'il rejoigne, lui aussi, la confrérie. Plus tard, inch'Allah, les rangs de cette opposition first class seront qualitativement augmentés de l'arrivée de jeunes qui ont pour nom Ouayahia et Sellal. Comme ça, à l'exception de Belaïd Abdeslam qui a abdiqué publiquement devant Bouteflika et Réda Malek dont l'opposition semble modulable et éventuellement quelque autre que j'aurais oublié, on aura dans l'opposition tous les Premiers ministres vivants de la République algérienne démocratique et populaire et, depuis 1962, indépendante. Politiquement, qu'est-ce qui les sépare ? Peut-être, au fond, ce à quoi ils s'opposent individuellement et bientôt collectivement, c'est de ne plus en être. S'il ne faut compter que sur les ex-Premiers ministres pour animer une opposition qui a besoin de s'immerger dans la société pour rester vivace, le pouvoir peut dormir sur ses deux oreilles. ça restera un Club. Normalement, comme dit l'autre, l'opposition, on en vient et, après le pouvoir, en y retourne. C'est rare que ça se fasse dans l'autre sens. A. T.