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C'est ma vie
Naïma Boukra, redescendre pour remonter le temps
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 09 - 2014

Très jeune, Naïma Boukra voulait faire de la géologie. Une passion qui l'habitait depuis sa tendre enfance et qui trouvera son expression dans le métier d'archéologue qu'elle embrassera dans des circonstances inattendues.
Les sites archéologiques se trouvant dans des zones d'effondrement propices aux fouilles des matériaux utilisés pour les constructions, elle s'accommoda de ce métier voisin. Une immersion dans l'histoire qui lui a permis de remonter le temps pour aller à la rencontre des anciennes civilisations. Et une aubaine pour cette fille aimant la vie en mouvement. Voyager était une obsession pour elle qui voulait d'abord être astronaute. Avant de voler vers son destin qui était de faire le cheminement inverse : descendre pour remonter le temps. Et le temps compte beaucoup pour Naïma.
Attachée de recherche au Centre national de recherche en archéologie, elle a commencé comme attachée de conservatoire au musée national du Bardo au tout début de sa carrière archéologique avant d'aller au Sud où elle a travaillé pendant cinq ans au Parc national de l'Ahaggar. Puis elle revient à Alger pour intégrer l'Agence nationale de la conservation et de la protection des sites et monuments archéologiques et historiques qui a été restructurée puis elle a opté pour le Centre national de l'archéologie, sous tutelle du ministère de la Culture à ce jour.
En 3e année secondaire, elle est orientée vers les lettres bien qu'elle fut la meilleure dans les branches scientifiques au lycée Omar-Racim. Un malentendu avec un prof de sciences naturelles a chamboulé ses plans et en avait décidé ainsi. Le Bac en poche, elle voulait à la base faire de la géologie, impressionnée et fascinée qu'elle était par une étude de texte traitant de géo
logie et des hommes préhistoriques. Trouvant dans l'évolution de l'homme un rapport très étroit avec la géologie ­— les géologues étant versés dans la Préhistoire avec ce lien ténu entre la géologie et les études préhistoriques —, elle n'en demandera pas mieux pour assouvir sa passion. C'est ainsi qu' elle a atterri à la section archéologie sachant qu'à travers cette discipline elle pouvait étudier l'homme et la culture. Un pur bonheur pour elle.
Et la voilà étrennant sa passion des voyages qui la mènent de Béjaïa à Sétif, de Tipasa à Cherchell et de l'est et à l'ouest du pays. Si bien qu'elle n'a pas du tout regretté cette option.
Ne pouvant donc aller vers le ciel, elle s'essaye à l'univers des profondeurs qui lui procure un bonheur infini : les fouilles dans les profondeurs de la Casbah entamées en 2009 avec l'Inrap où elle a appris les techniques de fouilles dans le cadre de l'archéologie préventive. Avec la réussite de l'expérience de 2009, elle a continué avec l'Inrap et c'est pour cela qu'en 2013 l'institut est venu aider les archéologues algériens à se former dans l'archéologie.
D'abord à enlever toutes les structures archéologiques de la Basse Casbah avec des méthodes scientifiques universelles et tout documenter avant la destruction et l'installation du projet de métro qui était en marche. Avec ses collègues elle a fait des fouilles pour dégager nombre de structures archéologiques afin de comprendre les différentes occupations qu'a connues Alger depuis les temps préhistoriques jusqu'à l'époque actuelle. Et l'équipe a trouvé des vestiges qui remontent à bien avant la période coloniale et Naïma sa passion perdue au croisement des chemins de la vie que l'on voit dans ses yeux qui paraissent toujours chercher quelque chose à quoi s'accrocher. Parmi les grandes découvertes qui ont été faites à la place des Martyrs, elle a été troublée par les successions de civilisations dans des sépultures se trouvant dans un périmètre d'environ 2000 m2 à 50 cm au niveau de la mer.
En commençant à déterrer des vestiges de l'époque coloniale, son équipe a trouvé la grande canalisation qui vient de la Haute Casbah et qui descend vers la mer orientée est-ouest où elle a trouvé des structures de l'époque ottomane illustrée surtout par la découverte des structures des ateliers de forge. Et la voilà déambulant dans un quartier d'ateliers de forge de part et d'autre de la rue de l'ancienne Casbah sous la place des Martyrs avec ses structures se rapportant au travail de fer et de la métallurgie. Et la voilà imaginant les forgerons rougir le fer, le forger, le limer et le tremper, le buste protégé des étincelles par le tablier de cuir et le visage suintant de gouttelettes noires.
D'où ont-ils extrait le charbon ? Comment l'acheminaient-ils et quels rapports entretenaient-ils avec les autres corps de métier? Autant de questions qu'elle se pose sur ces artisans dont dépendait pour une large part l'économie de l'époque. Témoignage vivant de la maîtrise du feu et du fer de la part des Algériens de l'époque ottomane. Ce qui l'intéresse dans ce métier, c'est de revisiter les époques antérieures à travers leurs vestiges qui lui donnent le vertige par leur flamboyance et leur luminescence qui lui procurent des sensations extraordinaires. Travailler sous un soleil torride en plein Ramadhan dans des galeries avec tous ces risques d'effondrement ou d'asphyxie ne lui pèse guère. Viabiliser les terrains avant leur exploitation ne constitue ainsi pas non plus un handicap pour cette femme pour qui arpenter un dallage datant du XVIIe siècle en imaginant tous ces pas qui l'ont foulé, ces gestes, rires et pleurs qui résonnent encore dans les oreilles, procure une joie teintée d'émotion qui n'a pas son pareil, ces gestes, rires et pleurs qui résonnent encore dans les oreilles, procure une joie teintée d'émotion qui n'a pas son pareil. Imaginer ces commerçants vantant leur marchandise, marchandant avec leurs clients en criant leurs arguments suffit à son bonheur. Traverser les époques et les civilisations, remonter le temps en descendant toujours plus, heureuse de savoir que ces forgerons qui martelaient le fer avec vigueur et adresse n'étaient pas venus d'Istamboul mais bien de chez nous. Des hommes toutes races et confessions confondues cohabitant dans la paix et la fraternité.
Des scènes parallèles vécues simultanément à des époques différentes les unes 7 m sous terre et les autres au-dessus de leurs têtes. Richement décorée, la basilique de la place des Martyrs, l'une des plus grandes et des meilleures au monde, la fascine encore. Et la vue d'une simple pièce de monnaie suffit à déclencher un torrent de questionnements chez elle : comment est-elle venue là, qui l'a fabriquée, à quel cataclysme elle a résisté, quelle était sa valeur ? La fouille des tombes et l'examen des ossements, la découverte de nos richesses oléicoles et leur commerce comptent beaucoup pour Naïma qui pense que la connaissance de notre histoire depuis l'antiquité par les nouvelles générations nous vaudra leur respect et à l'inverse, si on leur cache des vérités, ils se retourneront contre nous un jour. Idéal de recherche de société, le rapport de l'archéologue et sa vision sur ce qui le lie au panorama de la vie est on ne peut plus inévitable pour Naïma dès lors qu'elle ne supporte plus que les gens se désintéressent de leur histoire que nous envient bien des peuples.
Face à une archéologie et à une anthropologie de tous les combats, elle essaye d'imaginer tant de choses jusqu'aux rites funéraires des sociétés. Comment sont-ils morts ? Naturellement ou sacrifiés à quelque dieu ? Le rêve, synonyme de quête du passé, est également présent chez cette femme pour qui la projection dans le passé est synonyme d'un retour à une réalité qui nous fuit souvent.


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