Le rêve enfin réalisé : l'Algérie tient sa première finale en ligue des champions d'Afrique. Grâce à l'Entente de Sétif, battue certes hier à Lubumbashi par le TP Mazembe (3-2), mais qualifiée pour le double rendez-vous de fin octobre- début novembre, contre les Congolais de l'AS Vita Club, auteur d'un exploit semblable, samedi à Sfax. L'histoire est un éternel recommencement ! 26 ans après avoir remporté son unique titre africain, en 1988 à Constantine, face à l'Iwanwanyu National du Nigeria, l'ESS écrit une nouvelle page dans la légende de «Kahla ou Beïda». Grâce à ses deux buteurs, Ziaya et Younès déjà à l'honneur la semaine dernière lors de la première manche jouée, à huis clos, à Sétif. Et un match d'hommes des poulains de Madoui. Les Sétifiens ont abordé cette seconde demi-finale dans de meilleures dispositions. Un premier quart d'heure plein de maîtrise et d'opportunisme. Un raid suivi d'un centre-tir de Ziaya, buteur déjà lors de la première étape de ces demi-finales, que le portier du TPM, Kidiaba accompagnera dans ses propres filets offrira l'avantage aux hommes de Madoui (9').En face, les joueurs de Patrice Carteron semblaient «observateurs» sur ce début pour le moins tonitruant des camarades de Zerara. Cependant, profitant d'un inexpliqué recul du bloc algérien, les Congolais vont progressivement venir acculer la zone de Khedaïria. Après quelques essais repoussés avec bonheur par l'arrière-garde sétifienne, le TPM parviendra à obtenir l'égalisation. Un coup franc botté par Asanté Salomon est dévié par le portier algérien sur le poteau gauche. Le cuir revient en jeu profitant à Daniel Nii Adjei qui n'avait qu'à le pousser au fond des bois (21'). Sur leur lancée, les camarades de Kasusula doubleront la mise grâce à une nouvelle balle arrêtée. Un corner à droite des bois de Khedaïria est repris de la tête par le Malien Salif Koulibaly (38'). Les Congolais auront, du coup, réussi à rééquilibrer le tableau d'affichage (3-3) sur les deux matches. Mais avec la certitude de pouvoir accentuer leur pressing et espérer de nouveaux buts synonymes de qualification en finale pour y rencontrer leurs compatriotes de l'AS Vita. Une quête qui attendra une bonne vingtaine de minutes. On joue la dixième minute de la seconde mi-temps, le Zambien Samatta se joue de la défense algérienne et adresse un centre parfait à son équipier, Boulingui, qui venait juste de prendre sa place sur le terrain, dont la reprise de volée, au point de penalty, fait mouche (54'). 3-1, le score qu'il fallait pour aller en finale, en somme. L'ESS de Kheïreddine Madoui étant, dès lors, dans l'obligation de jouer son va-tout. Le coach des Aigles Noirs va opérer les changements qu'il faut pour rectifier le tir et, pourquoi pas le cours de l'histoire. Djahnit puis Younès vont être incorporés. Une paire qui apportera du sang neuf au sein de la formation algérienne et permettra aux Bianconeri de reprendre l'ascendant. Aussi, après deux ratages de Benyettou et Belameiri, Younès (qui venait à peine de succéder au meilleur buteur de la LCD) parviendra à inscrire un but d'anthologie : un débordement sur la droite ponctué d'un long centre-tir qui lobera le portier du TPM, Kidiaba (78'). C'est la consternation dans les gradins du TPM Stadium. Le club de Moise Katumbi qui tentera un dernier pressing n'arrivera pas à inscrire ce quatrième but si nécessaire pour «construire» la «finale 100% congolaise» comme rêvée par Hayatou et sa CAF. M. B. Sétif en fête Dans un tintamarre de klaxons et de sifflets, de cris et de chants, les Sétifiens ont salué la qualification de leur équipe fétiche pour la finale de la Ligue des Champions d'Afrique face au club congolais du Tout Puissant Mazembe, hier après-midi à Lubumbashi. Dès le coup de sifflet final donné par l'arbitre égyptien Djihad Gricha, des vivats et des cris de joie fusaient de toutes parts pour saluer les Aigles noirs qui ont honoré leur engagement et représenté dignement l'Algérie lors de cette compétition continentale. Brandissant des drapeaux aux couleurs nationales et celles du club, les fans de l'équipe défilaient sur les principales avenues formant des cortèges ininterrompus de véhicules. «Merci les noirs» ou encore «Bravo Madoui», chantent en chœur des supporters enthousiastes à Sétif, où les principales rues sont prises d'assaut par plusieurs dizaines de jeunes. Des dizaines de milliers de Sétifiens ont envahi, dimanche en fin d'après-midi, les rues et les places de la ville dans une explosion de joie sans précédent, fêtant dans une grande liesse la qualification historique de l'Entente de Sétif pour la finale de la Ligue des Champions d'Afrique, malgré sa défaite par trois buts à deux. En fait, les premiers coups de klaxon ont commencé à retentir en ville après le second but de l'ESS marqué par Younès. Vers 16h, tandis que la circulation automobile devenait quasiment «impossible» aux quatre coins de la ville, au regard de l'impressionnant cortège de plusieurs centaines de véhicules drapés de banderoles et surchargés de supporters, l'artère principale, qui s'étale de l'avenue Saïd- Boukhrissa, à l'ouest, jusqu'à Aïn-Tebinet, à la sortie est, était carrément prise d'assaut par une foule de 30 à 50 000 personnes. Les balcons des immeubles, par centaines, sont parés aux couleurs de l'ESS, et occupés par des femmes dont les youyous ont du mal à se faire entendre dans le vacarme assourdissant. Des groupes de jeunes se forment ça et là, autour de feux de Bengale et improvisent, aux sons des derniers «tubes» à la gloire de leur équipe, des «danses de la victoire» auxquelles, souvent, des vieilles femmes sont venues se joindre sans retenue, heureuses de se mêler à une telle ambiance. C'était notamment le cas, a-t-on constaté, aux abords de la fontaine mythique de Aïn Fouara. Encadrés par un service d'ordre aussi efficace que discret, les jeunes rivalisent d'imagination pour donner un cachet qu'ils veulent particulier à leur joie pour le moins débordante. Fumigènes, trompettes, tambour, rien ne semble avoir été oublié au cours de cette liesse qui risque de durer une bonne partie de la nuit, et qu'à l'évidence, Sétif n'est pas prête d'oublier. Bravo l'entente.