Le ministre de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri, a présidé lundi l'ouverture du Salon destiné principalement à la promotion de la mécanisation de l'activité agricole, un méga-Salon avec des centaines d'exposants de machines et de produits adjuvants et de vulgarisation des méthodes de culture pour, dit-on, accroître et optimaliser la production agricole dans toutes ses filières. Le Salon s'est tenu dans et autour de la salle omnisports, et même sur l'esplanade y attenante. Le ministre, accompagné du wali, du P/APW, à la tête de l'importante délégation qui a vu la participation de très nombreux responsables du secteur de l'agriculture, de producteurs de différentes filières, piloté par M. Djaalali El Hadj, président de la Chambre de l'Agriculture, le responsable le mieux au fait des activités du monde agricole, a passé en revue tous les stands et distribué à tous des encouragements et promis le soutien de l'Etat à tous ceux qui contribuent au développement de ce secteur stratégique qu'est l'agriculture. Lors de ses entretiens avec les gros producteurs, il a été beaucoup question de la flambée des prix des produits agricoles et principalement de celui de la pomme de terre, produit de consommation de base, dont le prix du kilo à l'étalage frise les 70 DA. Le ministre prend la parole pour dire à certains gros producteurs : «Quand les prix chutent vous vous plaignez à l'Etat et sollicitez du soutien et quand les prix flambent vous vous attaquez aux consommateurs... alors ayez un peu plus de rahma envers vos frères concitoyens.» En un mot, au lieu d'une gestion à même de maintenir un équilibre de l'offre et de la demande durant les périodes de soudure (inter-saisons) c'est le discours moralisateur qui est prôné. Selon certaines analyses, la flambée des prix a pour origine la diminution de l'offre parce que les capacités de stockage restent faibles, ce qui entraîne au début des récoltes la chute vertigineuse des prix mais dès que les excédents sont liquidés, le produit se raréfie et les prix accusent des hausses importantes et les premiers touchés sont les populations à faible revenu. Toujours selon ces analyses, de nombreux producteurs stockent d'importantes quantités pour les transformer en semences, plus lucratives, le kg de pomme de terre peut atteindre et même dépasser les 100 DA. Dans ce contexte, les importateurs tarabustent l'Etat pour importer des semences qui, une fois reçues, sont écoulées en priorité entraînant des pertes considérables pour ceux qui tentaient de transformer en semences des milliers de tonnes soustraites au marché de la consommation et qui deviendront des déchets, des pertes sèches. Ainsi la peur des pertes plane sur les places boursières de la pomme de terre, tant chez les producteurs que sur les stockeurs. Cette peur se répercute sur les surfaces à cultiver qui accusent cette année une diminution sensible, qui serait compensée, dit-on, par une culture intensive et à haut rendement. Autre dimension de ce qui se joue en coulisses c'est que les semences importées ne concernent que deux variétés, la Spunta et la Désirée, des variétés qui ne figurent pratiquement plus au tableau des semences privilégiées à produire. Aussi, dans cette situation, les producteurs de ces deux variétés font de la surenchère puisque leurs commandes deviennent des commandes spécifiques «spéciales pour l'Algérie», donc acquises plus cher par les importateurs, le surcoût sera répercuté sur le coût de production donc à la hausse. C'est au niveau de la ferme pilote Zeraoula, en partenariat avec la société SIM que l'envoyé du gouvernement a donné le signal du début de la campagne labours-semailles. Lors du point de presse au niveau de cette ferme, le ministre a parlé de la fièvre aphteuse. «Grâce à la mobilisation des responsables locaux, au dévouement du corps vétérinaire, félicité au passage, l'épidémie est jugulée.» Au sujet du prix du mouton de l'Aïd, le ministre a indiqué que 20 000 têtes d'ovins sont mises à la vente sur le marché par la société Proda, à des prix raisonnables. Il a été aussi question, en réponse à une question formulée par un confrère, des dossiers de concessions des terres agricoles. «Le dossier va connaître bientôt sa clôture», a fait savoir le ministre. Lors de la rencontre avec les agriculteurs organisée dans la maison de la Culture, Abdelwahab Nouri a décerné des récompenses symboliques aux meilleurs producteurs des différentes filières. Il a fait savoir aussi que la superficie concernée par l'irrigation d'appoint s'élèvera de 1 à 2 millions d'hectares tandis que l'enveloppe qui sera allouée à l'investissement dans l'agriculture, dans le cadre du prochain plan quinquennal, passera de 2 à 300 milliards de dinars.