La dernière déclaration de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, reprise par l'APS, affirmant ouvertement que «le MAK de Ferhat Mehenni est impliqué dans l'enlèvement et l'assassinat du ressortissant français, Hervé Gourdel», a suscité une vague d'indignation dans le milieu de la société civile de la région en général, et des militants du combat démocratique et identitaire en particulier. Dans une déclaration intitulée «Halte à la stigmatisation de la Kabylie», signée par plusieurs militants de divers horizons et animateurs du combat identitaire et démocratique, à l'instar de Malika Baraka, Hamou Boumedine, Idir Ounoughène, Ahmed Aït Bachir, Mouloud Lounaouci, Mohand Larbi Tayeb, Hacène Hirèche ont fustigé la porte-parole du PT. «C'est dans un climat de consternation et de tristesse vécue par la Kabylie, suite à l'horrible assassinat de Hervé Gourdel, que nous avons pris connaissance, avec stupéfaction et indignation, des propos tenus par madame Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs (PT), affirmant l'éventualité d'une implication du Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie (MAK) dans l'enlèvement et l'assassinat du ressortissant français, commandités de l'étranger, afin de placer la région sous protection internationale». «Connaissant les liens qu'entretient Mme Hanoune avec le sérail algérien», les signataires du document considèrent que c'est la Kabylie qui est visée à travers cette accusation. «Il y a une volonté politique manifeste de lui faire porter la responsabilité de cet acte abject alors que celui-ci est à l'évidence le résultat d'une politique algérienne menée depuis des décennies, faite de renoncement et de réconciliation avec l'idéologie islamiste. Personne n'ignore que la Kabylie a toujours été le bastion des idées de liberté, de laïcité et de résistance à cette politique et que toutes les organisations politiques nées en terre kabyle se sont inscrites dans une démarche de lutte politique démocratique et pacifique, le MAK compris», note-t-on. Et d'ajouter : «Mme Hanoune devrait plutôt répondre à nos questions : pourquoi disculper le terrorisme islamiste allant jusqu'à remettre en cause la revendication authentifiée du groupe affilié à Daech (Etat islamique au Levant) dans cet assassinat et désigner à l'opinion nationale et internationale la Kabylie et les Kabyles comme boucs émissaires ? Pourquoi n'avoir pas réagi aux nombreux enlèvements suivis parfois de meurtre de Kabyles résidant dans une Kabylie livrée à l'insécurité ? Peut-être ne sont-ils que des «indigènes» kabyles qui ne peuvent susciter qu'indifférence de votre part ? Pourquoi les décideurs, vos alliés, n'ont pas eu la réponse d'envergure qui convenait après la mort de nombreux militaires dans la même zone géographique, le 19 avril 2014 ? Pourquoi maintient-on des poches terroristes en Kabylie, créant ainsi un appel d'air à tous les terroristes algériens et d'ailleurs, alors que notre région s'est toujours distinguée par son refus de l'islamisme ?» Les mêmes signataires s'interrogent comment Louisa Hanoune, qui vient de confirmer, «une fois de plus, son allégeance au régime, prétend-elle défendre l'unité nationale, soit disant chère à ses yeux, avec cette annonce irresponsable et dangereuse qui stigmatise la Kabylie dans un contexte international explosif». «Que madame Hanoune sache, ainsi que ses parrains, que cette manœuvre grotesque ne peut que conforter l'idée que la Kabylie est au centre de diverses manipulations sordides, telles que l'exploitation éhontée de la tragédie qui a coûté la vie au joueur de la JSK, Albert Ebosse, pour nous discréditer aux yeux de l'opinion internationale, tout en poursuivant la politique visant la destruction de la Kabylie et de ses valeurs», poursuit-on dans le même document. Et de conclure, «Qu'elle sache, ainsi que ses commanditaires, que nous, Kabyles, autonomistes ou non, adhérents au MAK ou non, ne pouvons tolérer que la Kabylie soit ainsi déshonorée et instrumentalisée à des fins inavouées. Les manœuvres obscures qui sont orchestrées, aujourd'hui, contre notre région, nous commandent de faire preuve d'une extrême vigilance à l'effet de déjouer tout entraînement vers la violence. La Kabylie est et restera toujours une région qui portera les valeurs de démocratie, de tolérance, de paix et d'amitié entre tous les peuples.»