Mohamed Tahar Mellizi, délégué aux risques majeurs auprès du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a animé, jeudi à Boumerdès, une journée de sensibilisation sur les risques majeurs. Les directeurs exécutifs, les chefs de daïra et les maires de la wilaya constituaient l'auditoire de cette rencontre. L'orateur s'est inspiré de la loi 04/20 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable pour expliquer les tâches qui attendent ses services avec notamment la création d'une grande commission intersectorielle qui s'occupera de la prévention et de la gestion des calamités. Comme nous sommes en début de saison des orages, cette journée a été en grande partie consacrée aux risques d'inondations. En la matière, c'est le nouveau directeur des ressources en eau de la wilaya, Belkacem Zoghdani, qui a le mieux résumé la situation qui prévaut dans cette région. Il a, en effet, tenté de donner l'alerte. «La situation est catastrophique. Nous enregistrons des agressions contre les lits d'oueds. Ces lits d'oueds sont transformés en décharges où des milliers de tonnes de gravats sont déversées quotidiennement. De plus, des constructions illicites sont érigées en toute impunité obstruant les voies d'eau.» L'orateur citera par la suite les opérations de prévention et de maintenance en cours de réalisation dans certaines localités de ce département et les milliards dépensés à cet effet. Mais tout le monde a compris que cela reste largement en deçà des risques encourus par les populations puisque la prévention n'est, semble-t-il, pas le souci majeur des collectivités locales. Comment, en effet, parler de prévention lorsque l'on construit illicitement et en toute impunité en creusant des fondations à l'aide d'un engin de travaux publics — à Foais —, à quelques centaines de mètres du siège de la wilaya, du siège central de la Police nationale, de celui de la Gendarmerie nationale et de la daïra de Boumerdès, au-dessus d'une conduite de gaz de gros diamètre ? D'ailleurs un confrère a posé une question, lors du point de presse animé par Mellizi, sur le nombre de constructions illicites recensées en Algérie. Il n'a pas eu de réponse. Notre question portait sur les plans Orsec (organisation des secours) locaux, régionaux et national. Existent-ils à l'heure actuelle, d'autant qu'ils sont rendus obligatoires par l'article 52 de la loi citée précédemment pour être actionnés en cas de grandes catastrophes ? Pour introduire notre question, nous avons cité l'exemple du séisme de 2003 de Boumerdès qui a vu les institutions de l'Etat intervenir en retard et de manière anarchique parce que tout simplement on s'était aperçu qu'aucun plan Orsec n'existait. Par ailleurs durant les débats avec les responsables locaux sur un thème aussi important que sensible – les risques majeurs-, aucun responsable ni aucun maire — ils étaient nombreux à intervenir — n'a fait allusion à l'élaboration de ces plans d'intervention. On peut même se demander et s'inquiéter légitimement : est-ce que tous les maires du pays savent ce qu'implique un plan Orsec ou tout simple ce que veut dire ce plan ? Dans sa réponse, le délégué a tenté de faire le comparatif de deux calamités survenues l'une en Algérie et l'autre en Italie pour dire que les services de secours algériens ont été plus prompts à intervenir. Il affirmera en plus que ces plans (Orsec) sont régulièrement mis à jour. Mellizi aurait été plus convainquant s'il avait fourni des informations précises sur le sujet. Ce n'est pas le cas de sa réponse.