Alger se réveille d'une fête de sacrifice dans une atmosphère de pollution totale. Les citoyens qui reprenaient hier le chemin de leurs préoccupations quotidiennes, ont découvert des ruelles qui baignent encore dans le sang et le foin. Mehdi Mehenni – Alger (Le Soir) Une peau de mouton par-ci, une flaque de sang par là. Du foin éparpillé un peu partout sur un sol loin d'être purifié par un geste de sacrifice. «Faut-il encore nettoyer après soi... » lâche un passant du côté de Bab Ezzouar, visiblement incommodé par les mauvaises odeurs. Un peu plus loin, vers le boulevard Hassiba Benbouali, les cages d'escaliers des immeubles donnent l'impression d'un abattoir abandonné par son personnel. «Je te rassure qu'il s'agit bien d'un carnage bestial et non pas humain», ironise un habitant d'un immeuble. L'atmosphère est digne d'une série meurtrière et notre interlocuteur ajoute : «les Wisighoths sont passés par-là». Bab El Oued. Ça respire le cadavre. Les poubelles communales débordent de restes ovins. Celles anarchiques et sauvages, cumulent plutôt les déchets de la gourmandise «citadine». Sur les hauteurs, à Bouzaréah, la terre ne glisse plus par le fait de pluies orageuses, mais de saletés à outrance. Des «inondations» d'ordures ménagères. Le bidonville de ce qui était, autrefois, le Beau Fraisier, offre un spectacle de pollution visuelle. A la périphérie de la capitale, l'Arbaâ, Baraki et les Eucalyptus, sont encore plus nocives à découvrir à l'œil nu. Plus que les allures d'un abattoir clandestin, ces régions respirent un marché aux bestiaux permanent. «ça donne la nausée», proteste Ahmed, un autochtone de l'Arbaâ. Il ne manquera pas d'ailleurs de relever : «On dirait qu'ils sont passés du couteau sur la gorge, aux brochettes sur le brasier... ». Alger, si elle n'a pas eu encore le temps de digérer le foin et les flaques de sang de ses regrettables ruelles, ne peut tout de même pas espérer vivre pour la dernière fois un tel scénario d'un autre âge ! M. M.