«C'est un rapport hors sujet», cette déclaration du wali de Annaba, Mohamed-Mounib Sandid, a ponctué l'intervention faite par le directeur du tourisme de Annaba. C'était cette fin de semaine, lors de la session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya ayant, à l'ordre du jour, la préparation de la saison estivale 2014 et la situation du secteur de la jeunesse et des sports dans la wilaya. Le directeur de l'exécutif a davantage enfoncé le clou en soulignant : «Ce rapport constitue en fait un alignement de programmes des différentes directions de l'exécutif. On aurait aimé connaître les mesures prises destinées à faciliter le séjour des estivants. Comme par exemple l'organisation des plages pour permettre aux estivants de ne pas être incommodés et de profiter dans de bonnes conditions, de leurs vacances.» Cet autre passage d'une des longues interventions du wali dénote l'état de dilettantisme dans la gestion de ce secteur véritablement stratégique pour le développement économique local. Dans les propos du wali perçait une certaine déception quant à son appréciation des chiffres et des lettres ayant permis au premier responsable local du tourisme d'élaborer le rapport présenté lors de cette séance plénière de l'APW Annaba. «Nous n'admettrons pas que s'installe l'anarchie dans la concession des plages. Dans leur majorité, celles-ci doivent être accessibles aux baigneurs», a ajouté Mohamed-Mounib Sandid. Cette mise au point faite aussitôt achevé l'énoncé du rapport, le wali a interpellé les 12 P/APC présents à cette session. Il s'agissait en quelque sorte, d'une autre mise au point quant au laisser-aller qui a caractérisé les opérations de démoustication, dératisation et d'éradication des chiens errants sans lesquelles on ne peut prétendre attirer les touristes et encore moins répondre aux attentes de la population. Très suivie et même fortement appréciée, l'évaluation du secteur local du tourisme n'est pas passée inaperçue. Particulièrement par les élus, les membres de l'exécutif de wilaya, les représentants du mouvement associatif et ceux des agences de tourisme et de voyages. «Si vous voulez que les touristes choisissent la destination Annaba, soyez ordonnés et offrez des prestations à la hauteur de leurs attentes et du prix à payer», claire, nette et précise que cette orientation du premier responsable de la wilaya comme pour souligner qu'à l'avenir, il n'admettrait plus une quelconque insuffisance dans la gestion du tourisme local. Il a même cité, à titre de référence, la commission de wilaya pour la préparation de la saison estivale installée en janvier 2014. Présidée par le secrétaire général, cette commission a aussitôt entamé ses travaux. Depuis, ses membres ont passé en revue les infrastructures d'accueil, l'entretien de la vingtaine de plages autorisées à la baignade, décidé de la mise en place du camp de toile à Oued-El-Ghnem, dans la commune de Chetaïbi et des mesures à appliquer pour le contrôle des établissements hôteliers et de restauration, les analyses des eaux de baignade ainsi que l'octroi d'un prix pour chacune des trois meilleures plages de Annaba dont le premier est doté d'un million de dinars. Le deuxième dossier à l'ordre du jour de cette session portait sur le potentiel infrastructurel de la jeunesse et des sports. Très important de par ce qu'il représente d'intérêt pour la masse des sportifs et des jeunes des deux sexes, il a fait l'objet d'une minutieuse préparation par la commission des affaires sociales, de la culture, des wakfs et de la jeunesse et des sports, présidée par Mohamed Ayad, vice-président de l'APW. De nombreux projets d'infrastructures sportives et de jeunesse non réalisées depuis des années, d'autres non entretenues ou livrées à l'abandon, d'autres encore dont les travaux ont été suspendus depuis des années pour défaillance caractérisée des entreprises en charge desdits projets..., sont autant de dossiers qui forment le réquisitoire établi par les membres de cette commission. Cependant, au-delà de salles de sport achevées et non exploitées dans les communes pour des motifs fallacieux, il y a les dossiers de la piscine olympique du 19-Mai, celle de la Tabacoop et le Centre régional d'éducation physique et sportive (Creps) de Seraïdi. Particulièrement, cette dernière infrastructure qui, durant plusieurs décennies, avait fait le bonheur d'élites nationale et internationale, avant de subir les affres de la dégradation commise par les hommes. Pour sa rénovation prévue pour être entamée dès 2000, le Trésor public avait engagé plus de 1,90 milliard de dinars. Il s'agissait d'une première tranche d'une enveloppe financière que le bureau d'étude initial avait estimée à 3,60 milliards de dinars. Depuis, de tergiversations en hésitations et de fausses promesses aux engagements sans lendemains, les travaux sont réalisés à un rythme très lent. «J'ai visité le site plusieurs fois depuis ma prise de fonction, le chantier n'avance presque pas. J'ai même relevé qu'il n'y avait pas d'agents de gardiennage et encore moins ceux de l'entreprise de réalisation. Si cela devait persister, il est indispensable d'envisager la résiliation du marché avec l'entreprise désignée», a menacé le wali. Il a précisé que dorénavant, il suivra personnellement l'avancement des travaux. La situation du club hippique de Aïn-Achir est un autre dossier abordé lors de cette session d'APW. Il le fallait, car cette structure spécialisée dans les sports équestres a atteint le point de non retour. Une gestion opaque qui n'a pas permis aux autorités de bien cerner les tenants et aboutissants relatifs à la prise en charge des différentes activités. «On ne sait pas qui fait quoi dans ce club hippique», s'est interrogé le wali tout en soulignant : «C'est un établissement qu'il faut bien gérer pour permettre aux familles d'y venir et de s'oxygéner. Les moyens humains et matériels existent. Il reste la volonté, d'autant qu'il comprend un haras conséquent avec plusieurs chevaux.» A. Bouacha Mila «Un joyau archéologique à préserver absolument !» La ville de Mila recèle d'énormes trésors en poterie, monnaies, statues et autres vestiges révélant sa riche et prestigieuse histoire où subsistent des maisons anciennes et des ruelles pavées et tortueuses et comme témoin d'un pan de l'histoire, l'entrée romaine inébranlable ! «La ville antique de Mila, plusieurs fois millénaire, est un véritable musée à ciel ouvert, une perle archéologique qu'il faut à tout prix préserver en freinant, un tant soit peu, toutes ces formes de dégradations qu'elle ne cesse de subir ; car elle présente incontestablement et c'est là une chance inouïe, un visage éblouissant et toujours intact quant à la lecture des différentes civilisations qui s'y sont succédé durant tout son long et tumultueux parcours à travers les siècles et les époques !» Tel est le SOS lancé par un éminent professeur/chercheur de la Faculté d'histoire et d'archéologie de l'Université de Constantine, Bouba Medjani, à la fin des travaux de la 9e édition des journées intitulées «Mila à travers l'histoire», qu'organise l'association des amis du vieux Mila depuis 2006, à cette même époque de l'année coïncidant avec la dernière semaine du mois du patrimoine. Une association qui milite et se bat, contre vents et marées, malgré le peu de moyens dont elle dispose mais aussi et surtout, un environnement hostile et contraignant ! Heureusement que la poignée d'acteurs qui l'animent sont armés d'une volonté à toute épreuve, car convaincus de l'importance de la cause et de la faisabilité de l'opportunité, d'autant plus que cette initiative connaît un succès de plus en plus retentissant auprès de la communauté universitaire, étudiants et chercheurs, avec la participation cette fois-ci, des étudiants et enseignants venus de Constantine (Facultés d'histoire et d'architecture), de Sétif (Faculté d'histoire et d'archéologie) et des étudiants en master de l'Université d'Oum-El-Bouaghi. Ainsi donc, d'éminents universitaires, des étudiants, des invités de marque venus de différents horizons pour «les beaux yeux de l'antique Milev» mais en l'absence remarquable et remarquée des autorités locales et du centre universitaire de la wilaya dont l'évènement semble être le dernier de leurs soucis ! Dommage, vraiment dommage ! Mais ne dit-on pas qu'on ne peut donner que ce qu'on possède ? Plusieurs communications et un débat riche et de haut niveau ont tenu en haleine la nombreuse assistance où les Bouba Medjani, Youcef Aïbèche, Mohamed Salah Nabti, Zoheir Hafdi, Brahim Maïche et Abdelhamid Chiaba ont, chacun de son côté, présenté une des multiples facettes de ce décor fascinant de Milev ! Une cité qui renferme en son sein : Aïn Lebled, une fontaîne âgée de plus de 17 siècles et qui représente, incontestablement, l'unique fontaine au monde qui continue à alimenter l'être humain depuis ses constructeurs romains jusqu'aux habitants algériens de nos jours. De l'époque byzantine, Mila conserve surtout des pans entiers du mur d'enceinte qui la ceinturait sur une longueur de 1 200 mètres. La ville recèle d'énormes trésors en poterie, monnaies, statues et autres vestiges révélant sa riche et prestigieuse histoire où subsistent des maisons anciennes et des ruelles pavées et tortueuses et comme témoin d'un pan de l'histoire, l'entrée romaine inébranlable ! La citadelle qui fut utilisée par les Français comme caserne, est devenue le musée de la ville en attendant mieux ! Première cité conquise par les musulmans en l'an 55 de l'Hégire correspondant à l'année 674, on y trouve la mosquée Sidi-Ghanem, première mosquée construite en Algérie sur les décombres d'une église. A-t-on le droit d'abandonner à son triste sort, donc au délabrement et à la dégradation, une cité qui recèle un tel trésor civilisationnel et humanitaire ?