La protestation des agents de l'ordre public dans la wilaya de Ghardaïa, hier lundi, a été décryptée presque similairement par le RCD et la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Le premier ne lésine pas sur le lexique pour qualifier cette attitude, la «première» du genre, de «grave». Une démarche qui, selon le parti que préside Mohcine Belabbas, suscite moult interrogations parmi l'opinion publique locale quant au détonateur réel de cette manifestation policière. «Pour certains, elle serait un acte de désobéissance, pour d'autres, il s'agirait d'une instruction de la hiérarchie», écrit le RCD dans un communiqué rendu public hier, déplorant la «dégradation extrême de la situation sécuritaire dans cette wilaya» et considérant que «tout refus d'assurer la protection des biens et des personnes est d'abord une violation flagrante de la Constitution et une non-assistance à personne en danger». Et au RCD de mettre en garde les pouvoirs publics contre les «conséquences imprévisibles d'une telle dérive». La LADDH contre le «tout sécuritaire» Pour la LADDH, aile présidée par Me Salah Dabouz, cette «sortie» des policiers à Ghardaïa ne fait que la «conforter» dans ses convictions qu'elle déclinera sous forme de fausses questions tant les réponses sont évidentes dans un communiqué rendu public hier. «La gestion sécuritaire du pays, seule politique pratiquée en l'absence de tout dialogue réel avec les habitants de cette région ou des autres régions, ne fait-elle pas qu'envenimer la situation, aggraver les conflits et mener au chaos et que le discours officiel utilise comme prétexte pour instrumentaliser les forces de sécurité et l'appareil de justice ?». «Est-ce pour défendre un régime qu'ont été développés et qualifiés les corps de sécurité ou pour défendre et sécuriser la population, mission constitutionnelle ?» Suffisant pour la LADDH pour exhorter les pouvoirs publics à se départir de la «gestion sécuritaire», avec adoption d'une démarche «démocratique dans le but de construire des consensus en répondant aux attentes et besoins des Algériens et Algériennes». Par ailleurs, la ligue se dit pour «l'ouverture de l'activité syndicale aux corps de sécurité comme il est d'usage dans plusieurs pays». Car, estime-t-elle, «continuer à refuser cela exprime la volonté de persister dans l'utilisation de ces corps comme remparts contre la société et approfondir encore plus le déficit entre les autorités et la société ainsi qu'entre les différents corps de la société».