La solution sécuritaire imaginée par les pouvoirs publics pour faire revenir le calme à Ghardaïa se révèle à présent inefficiente. Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, aura calé devant son vrai premier test sécuritaire. Sofiane Aït-Iflis - Alger (Le Soir) Même s'ils ne sont pas d'intensité équivalente à celle qu'ils connurent à leur éclatement, les affrontements entre les jeunes des communautés mozabite et arabe dans la wilaya de Ghardaïa se sont néanmoins poursuivis tout au long des huit derniers mois. La mort d'un Mozabite jeudi, dans des circonstances suspectes, a mis à nouveau le feu aux poudres. Les Mozabites pensent que cette victime, la dixième, depuis le début des affrontements, a été assassinée, comme le fut le jeune tué le premier jour du mois de carême. Ces deux morts en moins de quinze jours témoignent, pour le moins qu'on puisse dire, de l'échec de la solution sécuritaire préconisée par les pouvoirs publics. Les grands renforts de policiers et de gendarmes déployés aux quatre coins de Ghardaïa ne sont pas parvenus à sécuriser durablement une ville ébranlée par la violence intercommunautaire. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui ne trouve toujours pas la parade idoine pour endiguer cette violence cyclique, vient d'annoncer un nouveau plan sécuritaire pour la région. «Le gouvernement a tracé un plan pour restaurer la sécurité et rétablir l'ordre public à Ghardaïa. C'est un plan élaboré sur la base de la raison et de la sagesse. Les pouvoirs publics ont été instruits pour l'appliquer (...)», soutenait Belaïz à l'APN face à des journalistes qui l'interpellaient sur la situation à Ghardaïa. Par sa déclaration, le ministre de l'Intérieur laisse entendre que le gouvernement a réfléchi et mis en branle un nouveau plan de sécurité pour la région. Ce qui donne à conclure que l'ancien plan a échoué, ou du moins n'a pas atteint les résultats escomptés. On ne connaît pas comment se décline le nouveau plan auquel Belaïz fait référence. On sait en revanche qu'en février dernier, le gouvernement avait décidé de mettre en place un centre opérationnel de sécurité (COS) qui associe la Sûreté nationale et la Gendarmerie nationale. Ce centre est cogéré par les deux corps de sécurité. 60 000 agents de l'ordre public, 28 unités rapides et de Sûreté (URS) et 18 sections de la gendarmerie ont été déployés à Ghardaïa. L'association de la gendarmerie dans des opérations de rétablissement de l'ordre public est intervenue après que la communauté mozabite eut accusé la police de prêter main-forte lors des affrontements aux jeunes Arabes. Comme preuves de ces accusations, des vidéos ont été postées sur le net. La DGSN avait réagi à ces accusations qu'elle a infirmées. Néanmoins elle a ouvert une enquête. Au final, trois policiers ont été sanctionnés. La communauté mozabite se montre insatisfaite. Elle maintient de réclamer l'ouverture d'une enquête pour faire toute la lumière sur ces tragiques événements. Lors des différentes manifestations publiques, l'incapacité du gouvernement à assurer la sécurité des personnes et des biens est dénoncée.