Parallèlement à la grande exposition du 5e Festival national de la photographie d'art qui se tient au MaMa jusqu'au 20 novembre, la galerie Isma abrite les œuvres de dix jeunes photographes ayant participé à la résidence photographique de Toudja. Toudja est une commune située à une quinzaine de kilomètres du chef-lieu de Béjaïa. Réputée pour son aqueduc romain dont on conserve de beaux restes, elle est surtout connue pour son eau de source. Et c'est autour de la thématique de l'eau qu'une dizaine d'artistes ont participé à une résidence de création initiée par le photographe Rafik Zaïdi et encadrée par Hocine Zaourar, auteur de la fameuse et immortelle Madone de Bentalha. Le projet paraît difficile : élaborer des approches artistiques différentes sur le thème de l'eau et de sa gestion sans verser dans la redondance et le lieu commun. La plupart des artistes de cette exposition ont tout de même réussi à proposer un travail visuel diversifié où il s'agit avant tout de sublimer la chorégraphie entre eau et lumière mais aussi de se pencher sur des scènes de la vie quotidienne des habitants du village. Yasser Amer, artiste plasticien dont le travail est salué par ses pairs tant il se distingue par une originalité et une recherche graphique rafraîchissantes, transpose sa sensibilité de peintre sur la photographie en focalisant sur les variations de couleurs sur les cours d'eau de Toudja. Une de ses œuvres ressemble d'ailleurs à s'y méprendre à une toile impressionniste où l'eau limpide crée un amalgame chromatique avec les feuilles mortes et la végétation. Mais le photographe s'intéresse également à quelques scènes de la vie quotidienne des villageois, beaucoup moins inspirées tant elles sont directement restituées sans grand effort artistique. De son côté, Yassine Bellahcene essaie, lui aussi, de capturer les nuances et les différents degrés de luminosité qui donnent à voir des tableaux d'une saisissante beauté. Lorsqu'il pointe son objectif sur la vie au village, certaines images permettent de ressentir, à travers les choix judicieux de l'artiste, cette atmosphère à la fois apaisée et pleine de vie, qui règne sur Toudja. Cette même vision domine les photographies de Zakaria Akni qui consacre une série de photos en sépia aux enfants, tendrement regardés et immortalisés dans des portraits subtils et poétiques. Houari Bouchenak est également attiré par l'élément humain, et plus particulièrement par les personnes âgées : on y admire le jeu sur l'ombre et la lumière et l'esthétique toute discrète et néanmoins éloquente où les visages photographiés parlent plus et mieux que des textes qu'on aurait pu écrire sur ce village atypique. Plus loin, une débauche de couleurs nous attend avec Abdelhafid Chennane qui semble, lui aussi, attiré par les innombrables opportunités graphiques suscitées par la magnifique diversité du paysage et accentuées par une riche palette chromatique. Habiba Haddaden, quant à elle, préfère les plans serrés sur les jets d'eau et les cascades dont elle réussit parfaitement à capturer le mouvement et sublimer la splendeur dans un style épuré et puissant à la fois. Dans sa préface, le plasticien Arezki Larbi souligne avec son habituel style poétique : «Au gré des expositions et des rencontres, la matière re-figurée – studieuse – a donné des images et des arômes. Les bourgeons éclatent les angles de vue, et le flamboyant promis est saisissant.» Même si on peut relever une certaine répétition dans quelques photographies, l'exposition dans sa globalité mérite l'intérêt tant elle aborde un thème aussi important que rarement exploité. Pour rappel, elle se tient dans le cadre du 5e Fespa et dure jusqu'au 20 novembre à la galerie Isma de l'Office Riad El-Feth.