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L'Identité suprême de Himoud Brahimi
Où serait Dieu sans l'amour et le savoir ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 10 - 2014

Momo était en lui-même une fresque à plusieurs personnages. Ou le personnage allégorique que chacun pouvait interpréter librement, par exemple à travers sa poésie. Mais le Himoud Brahimi philosophe, qui explorait les eaux profondes de la métaphysique à la recherche de l'élévation mystique et spirituelle ?
Cette dimension essentielle de l'homme et de son esprit éclectique épris de liberté figurait déjà en bonne place dans un texte publié en 1958 à Alger. Himoud Brahimi dit Momo avait alors 40 ans lorsqu'il fit paraître L'identité suprême. Une sorte de manifeste théosophique qui, en pleine guerre d'indépendance, pouvait évidemment passer inaperçu. Sauf d'être remarqué de quelques initiés et proches de l'auteur. Le livre a eu la trajectoire d'une comète, dont l'ellipse très allongée a duré le temps que Amar Belkhodja découvre le passage de l'astre puis en marque le retour. Grâce à quoi, le texte sorti de l'oubli est aujourd'hui disponible en librairie. L'éditeur El Kalima salue la contribution de Amar Belkhodja par ces mots : «Admirateur de Himoud Brahimi, il s'est soucié de faire connaître le grand poète de La Casbah, notamment l'aspect soufi et métaphysique souvent méconnu chez le complice du poète de la caméra : Mohamed Zinet. Nous devons au biographe de Ali El Hammami cette recherche et la découverte d'un exemplaire de l'identité suprême qu'il a pris le soin de présenter en lui annexant deux intéressantes réflexions de Himoud Brahimi.»
En réalité, Amar Belkhodja y a intégré une troisième réflexion de Momo (cela forme quatre textes en tout), suivie d'une préface du docteur Mohamed Benbrika. Maître de conférences à l'université d'Alger, expert international en matière de soufisme, l'auteur de deux encyclopédies sur le soufisme a tout de suite décelé la valeur de l'ouvrage. «L'identité suprême a toute sa place dans les patrimiones spirituels algérien et universel», reconnaît l'éminent préfacier. Pour rendre le texte moins ésotérique et en faciliter la lecture, Amar Belkhodja a pris le soin de l'intégrer à la fin du livre, juste avant la partie iconographique (Himoud Brahimi en photos). L'identité suprême, réflexion de base qui a donné son titre à l'ouvrage, est donc précédée de la présentation qu'en fait son dénicheur, puis de trois textes de Momo. Grace à ces pièces indissociables qui font l'harmonie de l'ensemble, l'opuscule d'une centaine de pages achève sa complétude. De sorte que le lecteur a toute la place pour entrer dans l'univers métaphysique de Himoud Brahimi. Il y pénètre en sachant comment et pourquoi. Surtout, le lecteur aura en sa possession quelques clés qui lui ouvriront les sept portes de la connaissance et de la sagesse. Porte après porte, il découvrira alors cette cité himoudienne où l'homme aspire à la sérénité suprême.
Dans sa présentation, Amar Belkhodja s'avère, déjà, un précieux guide. «C'est pratiquement une gageure que d'aller à la découverte de la pensée de Himoud Brahimi et de toutes ses subtilités.
Car, pour s'imprégner des visées de l'esprit de l'enfant de La Casbah, il faudrait nécessairement disposer des clés spéciales pour déchiffrer tous les codes et élucider toutes les énigmes que l'auteur semblait éparpiller tout au long d'un texte d'une haute portée spirituelle et métaphysique à la fois. Il faut être un initié pour déchiffrer toutes les paraboles et la symbolique que dégage l'ouvrage et accéder, en définitive, aux breuvages de l'ivresse que procure le soufisme, ce défi qui ne dresse de limite ni à la raison ni à l'intelligence», prévient-il d'emblée. Mais, n'est-ce pas le propre des difficultés que de rendre une entreprise plus attrayante ? Il évoque, ensuite, quelques-unes des facettes de ce personnage fascinant : le talent, l'intelligence, l'intransigeance avec sa conscience, la vie parmi les humbles, l'ascèse... Principal trait : «Himoud Brahimi était un homme qui aimait trop sa liberté de penser, sa liberté tout court.» L'une des rançons à payer, c'était «de renoncer à la richesse matérielle». Un tel renoncement (au profit des valeurs spirituelles notamment) a commencé à un âge précoce. «En vérité, précise Amar Belkhodja, L'identité suprême est le produit de plusieurs tentatives antérieures qui annonçaient le philosophe face à une multitude de points d'interrogation qu'il lui a fallu élucider et franchir. Le mûrissement se poursuivait certainement depuis les rencontres parisiennes, dans les années 1940, avec Mohamed Gabsi et Michel Valsan, deux personnalités marquantes dans la vie de Himoud Brahimi». En particulier «Michel Valsan, qui n'est autre que le spécialiste du grand penseur René Guénon, va orienter Himoud Brahimi sur les lectures de Yahia Abdelwahid (nom de Guénon après sa conversion à l'islam), notamment La crise du monde moderne». Cet ouvrage du philosophe et mathématicien français «aura une influence éblouissante sur Himoud Brahimi dont les prédispositions à la métaphysique, enfouies ou insoupçonnées, feront surface comme des laves volcaniques».
L'excellente introduction de Amar Belkhodja rappelle d'autres rencontres, les lieux propices à la «kheloua» (le Môle du port d'Alger, Tlemcen), la quête spirituelle sans cesse poursuivie («le Coran demeurait la source intarissable de toutes les autres sources» spirituelles). Des haltes, des événements féconds... «Voilà pourquoi il a paru essentiel d'annexer à la nouvelle édition de L'identité suprême trois textes, l'un, Cas de conscience, antérieur à la publication de 1958, le second, intitulé Le songe d'un été est une remémoration du premier. Il nous permet de mieux appréhender les choses parce qu'il explique les phénomènes et les attitudes de ses partenaires et nous fournit une multitude d'informations et de noms de lettrés français d'Algérie. Enfin, un troisième texte, Confidence de l'esprit, par lequel Himoud Brahimi, tout en faisant état de L'Identité suprême, rappelle aussi et surtout les conditions et les moments fébriles vécus en deux endroits différents et si éloignés l'un de l'autre», explique Amar Belkhodja. Ecrit en 1951, le texte Cas de conscience s'adresse, en particulier, aux «amis français d'Algérie». Façon intelligente de placer ces derniers devant le miroir de leur conscience, en leur exposant le problème algérien comme le ferait un psychanalyste de l'âme. Un texte évidemment rejeté, à l'exception des vraies «consciences libres» qui pouvaient partager un tel plaidoyer politique dissimulé sous le vernis du discours gnostique et humaniste. Les deux textes suivants (Le songe d'un été et Confidence de l'esprit) apportent d'autres éclairages sur le Momo de l'époque, sur ses relations, sur la révélation du divin et comment il a voulu exprimer cette découverte capitale... Genèse d'une évolution, d'un parcours singulier et d'une œuvre (L'Identité suprême) que le chercheur et présentateur Amar Belkhodja a su exprimer dans le langage de tous.
Ce texte d'une quarantaine de pages a été composé comme un septuor (composition vocale ou instrumentale à sept parties). Himoud Brahimi y invite le lecteur, son «frère», à l'accompagner tout au long de ce «compte rendu de (son) voyage spirituel». Le but ultime est de réaliser le «Pèlerinage sanctificateur», promesse de «moisson sacrée» (titre de la septième et dernière partie). Au cours de ce voyage soufi, sept étapes («La voix du sang», «Le confident de l'amour», «L'appel du souffle»...) vont permettre l'accomplissement de la personne humaine, c'est-à-dire l'union intime de l'homme et du principe de l'Etre (Dieu). Dans son traité théosophique, Himoud Brahimi prône naturellement un éclectisme philosophique contenant toutes les connaissances sacrées. De la gnose et, bien plus que cela, le Savoir par excellence. Et c'est cette «identité suprême» que Momo désire communiquer au lecteur, fidèle en cela à la tradition et aux règles d'initiation que véhicule l'héritage spirituel des aînés. «La charge des héritiers est que la parole sacrée soit vécue par tous ceux qui se veulent fidèles à l'éternité», recommande-t-il à la fin du texte. Le lecteur, lui, a enfin réussi à déchiffrer cette œuvre d'apparence impénétrable et énigmatique. Maintenant il sait que «l'amour n'est pas un vain mot. Sinon où serait Dieu sans l'amour ?» (Le Songe d'un été).
Hocine Tamou
Himoud Brahimi, L'Identité suprême, éditions El Kalima, 108 pages.


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