L'incident majeur survenu aux premières heures de la journée de mercredi dernier au HF n°2 du complexe ArcelorMittal El Hadjar remet sous les feux de la rampe les expertises établies par les Russes et les Polonais. Ces expertises concernaient particulièrement les deux installations stratégiques en termes de production de coulées continues que sont la cokerie et le haut-fourneau n°2. Il en est ressorti que la première installation était à rebuter et la deuxième à réhabiliter. En ce qui concerne cette dernière, les avis des experts étaient partagés entre le changement total et la réhabilitation. Autre unité de production également qualifiée d'obsolète, le convertisseur qui s'était signalé par une panne prolongée. Ces trois installations avaient été l'objet d'«incidents majeurs», particulièrement en ce qui concerne le HF n°2. C'était ce que répétait à chaque fois le directeur général de l'époque, Vincent le Gouic. Ce responsable était allé plus loin lorsqu'il avait affirmé : «Il y a des risques d'explosion à la cokerie.» Pour ce qui est du HF n°2, là également, il devait exprimer son scepticisme quant à une opération de réhabilitation. «ça ne tiendra pas», avait-il soutenu. Ces déclarations avaient été faites la veille de l'approbation du plan d'investissement pour la réhabilitation des installations. Notamment celles en butte à des difficultés d'exploitations comme le HF N°2, la cokerie, les deux laminoirs, les aciéries... Plusieurs mois après, non seulement le plan d'investissement a été approuvé mais le montant a été revu à la hausse pour atteindre 1,5 milliard de dollars. Ce montant est à débourser par le Trésor public algérien tel que décidé par le chef du gouvernement. Alors qu'on s'attendait à une accélération de la procédure de mise en route dudit plan, l'on n'a toujours pas émis les appels d'offres portant sur la réhabilitation des installations ciblées. En ce qui concerne la cokerie, le dossier a été mis au placard et l'installation destinée à la casse. Les responsables d'ArcelorMittal Algérie ont préféré importer du coke au lieu d'investir dans l'acquisition d'une nouvelle cokerie. Objet d'une opération de réhabilitation, le HF n°2 avait été mis à l'arrêt total durant près de quatre mois, période à l'issue de laquelle il était entré en phase de redémarrage. A partir de là, apparaîtront les problèmes notamment lors des essais techniques. Ces mêmes problèmes sont à l'origine de l'incident majeur souligné par la direction générale dans son dernier bulletin d'information. D'où la réaction de nombreux techniciens et observateurs de la chose économique quant aux motifs du retard mis par les bureaux d'études pour le lancement des appels d'offres. Cette situation fait l'affaire de ceux qui veulent s'accaparer, d'une manière ou d'une autre, d'une partie de l'enveloppe destinée à la réhabilitation des installations. Ce qui explique la multitude d'opérations de déstabilisation des activités du complexe sidérurgique d'El Hadjar avec ses unités de production. Déstabilisation fomentée par un groupuscule intra et extra- entreprise qui a réussi à paralyser toute la production sidérurgique durant plusieurs jours. Nomination et remerciement de secrétaires généraux du syndicat ont caractérisé la vie du complexe depuis plus d'une année. Ils se sont succédé au gré des intérêts des uns et des autres. Et lorsque le préjudice financier atteint un million de dollars par jour, que 5 000 salariés sont quotidiennement contraints au chômage technique et qu'aucune autorité ne réagit pour mettre un terme à cette situation, il y a comme une action visant la liquidation de la sidérurgie nationale avec pour corollaire la disparition de milliers de postes de travail. Sans oublier bien entendu l'impact négatif qu'a eu cet incident au HF N°2 sur les activités de la société ArcelorMittal Algérie. Il a fait réagir de nombreux anciens techniciens spécialisés dans l'entretien et la maintenance de ce type d'installation de production de l'acier. Pour ces techniciens connus pour leurs compétences et haute qualification, la réhabilitation du HF serait inutile. «Son changement s'impose comme étant une nécessité absolue», diront-ils. Le même incident a également fait réagir la direction générale. Après le communiqué sur l'incident et les premières mesures d'urgence prises, elle a réuni la totalité de ses cadres dirigeants pour étudier toutes les opportunités à même de permettre un retour rapide à la normale. Il en a résulté la décision portant envoi dimanche prochain d'une délégation composée de plusieurs de ces cadres auprès du ministère de l'Industrie et des Mines. Ils ont pour mission de plaider l'accélération de la mise en route du plan d'investissement prévu en deux phases.