Encore une fois après quelques semaines d'accalmie, le complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar est confronté à de graves perturbations. Elles sont à l'origine de l'arrêt depuis ce mardi 7 octobre du laminoir rond à béton, seule source de revenus encore en production, et du port où sont déchargés les produits semi-finis importés. Il s'agit de billettes et brames nécessaires pour faire tourner les machines des autres laminoirs. Le communiqué émis en fin d'après-midi de ce dernier jeudi signé conjointement par A. Benabbas et M. V. Kulkarni respectivement directeur général du groupe Sider et président du Conseil d'Administration ArcelorMittal Algérie, et directeur général ArcelorMittal Algérie met en accusation un groupuscule de travailleurs. Approuvé par le secrétaire général du conseil syndical de l'entreprise et celui du Comité de Participation (C.P), le communiqué précise également que ce nouvel arrêt intervient à un moment où la situation financière de la société est très critique en raison de l'arrêt prolongé du haut fourneau N°2. L'alerte est beaucoup plus accentuée par les deux signataires du même document qui affirment que : «...arrêter le laminoir rond à béton signifie la mort de la société». Jamais, au plus fort des différentes crises qui ont secoué ArcelorMittal, les deux associés au capital social (l'état algérien via Sider 46% et le fonds national d'investissement 5% soit 51% et ArcelorMittal 49%), n'ont été aussi clairs dans leur prise de position. C'est donc pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore qu'ils ont tenu à souligner que la société entend appliquer la règlementation dans toute sa rigueur à l'encontre des agents perturbateurs. Comme a été soulignée la volonté des cadres dirigeants à défendre les intérêts du groupe Sider et ceux d'ArcelorMittal dans un cadre légal, D'autant précise, le même communiqué, qu'ArcelorMittal a respecté tous ses engagements contenus dans le pacte social et qu'elle a entrepris la matérialisation du plan d'investissement jusqu'à 2017 pour la construction d'une nouvelle sidérurgie algérienne. Cet autre passage du document se veut être une interpellation des pouvoirs publics quant à la machination dont est victime ArcelorMittal au lendemain de l'octroi par l'état d'une nouvelle aide de 1 milliard de dollars après celle des 500 millions de dollars pour la réhabilitation des installations de production du complexe d'El Hadjar dont le Haut Fourneau n°2 ainsi que celles des mines de l'Ouenza et de Boukhadra dans la wilaya de Tébessa. Et lorsque le SG du conseil syndical de l'entreprise et son homologue du CP prennent ouvertement position contre ce qu'ils qualifient d'agents perturbateurs, c'est que la fermeture du LRB et de la partie du port d'Annaba traditionnellement connue comme étant une place forte des activités sidérurgiques ArcelorMittal, ne sont pas des actes isolés. «Devant cette situation illégale, la société a pris les mesures nécessaires et entend appliquer la règlementation dans toute sa rigueur pour défendre ses intérêts», la mise en garde parait bien futile. A ce niveau d'atteinte à l'économie nationale et à la pérennité de plus de 5 000 postes de travail, ce n'est plus des dispositions d'une règlementation interne aussi rigoureuse soit-elle qu'il faut appliquer, mais celles sanctionnant tout acte portant atteinte aux intérêts supérieurs du pays. Tel est en tout cas l'avis de tous les travailleurs et cadres qui s'interrogent sur la passivité des pouvoirs publics à réagir pour mettre un terme à l'activisme de quelques syndicalistes et députés véreux travaillant pour le compte d'intérêts étrangers à l'entreprise. Il faut en effet savoir que cette dernière occupation des installations de production du complexe sidérurgique d'El Hadjar et du port est synonyme de mise au chômage technique de la totalité des effectifs d'ArcelorMittal Algérie. Les deux cadres dirigeants et leurs partenaires sociaux (syndicat et C.P) ont pris conscience que l'avenir de la sidérurgie algérienne est en péril. C'est certainement à cette conclusion que sont arrivés ceux qui tirent les ficelles d'un jeu dangereux en imposant en toute impunité la fermeture du port et du LRB et de là, porter l'estocade à une société ArcelorMittal pratiquement à genoux. Ce qui a amené la direction générale à suspendre 4 travailleurs qualifiés de «meneurs» au niveau de ses installations portuaires. Tout comme elle a saisi en référé la justice contre ceux de l'atelier LRB pour entrave au travail. Dans une ordonnance émise par la section civile du tribunal d'El Hadjar, les mis en cause ont été appélés à reprendre leur travail. Et dire que début septembre, la société était en fête avec les perspectives que laissait entrevoir l'apport d'argent frais engagé par l'état algérien sur la base d'un prêt de 1 milliard de dollars accordé par la Banque Extérieure d'Algérie.