Alors qu'Amar Saâdani entreprenait de mobiliser pour un bouclier commun contre l'opposition et en faveur du président Abdelaziz Bouteflika, les partis pro-pouvoir, à l'exemple de Taj et l'ANR, semblent mieux se reconnaître dans la démarche dite consensuelle du FFS. Amar Ghoul a particulièrement désavoué et dans des propos tranchants le SG contesté du FLN. Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) Intrigante sortie médiatique du président du parti «Tajamoue Amel Jazaïr», avant-hier, samedi, à Alger. Dans une déclaration rapportée dans l'édition d'hier, du quotidien Liberté, Amar Ghoul n'a pas lésiné sur les mots, pour afficher sa position quant à la proposition d'Amar Saâdani de constituer un front commun pour contrecarrer la CNLTD : «Ce qui nous réunit avec le FLN est clair, mais nous ne voulons pas créer un bloc contre un autre, ni un clan contre un autre.» Une démarche qu'il soupçonne même susceptible de quelque «dérapage» et pouvant mener à l'«affrontement». Un désaveu loin d'être anodin, puisque le propos «ce qui nous réunit avec le FLN est clair», s'avère lourd de sens. En d'autres termes, le FLN et Taj sont, certes, autour d'Abdelaziz Bouteflika, mais désormais chacun le servira à sa manière, et dans l'alliance qui lui sied. Plus encore, puisque celui qui est également ministre des Transports, est allé jusqu'à médire de la démarche de son ex-coéquipier dans la campagne électorale de l'actuel président, lors des présidentielles d'avril 2014. En même temps, Amar Ghoul, dit tout le bien qu'il pense de l'initiative de consensus du FFS, qu'il juge «rassembleuse», appelant les différents acteurs de la scène politique nationale à y adhérer. Aussi, ce n'est certainement pas fortuit, si Amar Ghoul renonce à son projet de conférence nationale sur le consensus pour consolider les consultations d'Ahmed Ouyahia, autour de la révision de la Constitution, pour s'aligner sur une initiative plus récente que la sienne. Avec la position similaire de l'Alliance nationale républicaine de Belkacem Sahli, quoique exprimée à travers des propos moins crus, le même jour samedi, le doute est désormais permis sur le rôle que sera appelé à jouer le FLN dans l'avenir. Une telle précipitation des partis pro-pouvoir à rejoindre la démarche du FFS, tout en tournant le dos à l'initiative d'un Amar Saâdani dont la légitimité est largement contestée, peut dénoter d'une sommation venant d'en haut. Le FLN ne se voit-il pas retirer son rôle de fil conducteur des partis pro-système, pour le céder au plus vieux parti de l'opposition qui, à chaque fois, reformule sa prédisposition à «mettre sa légitimité historique au service du pays». Comme quoi, à chaque situation d'impasse politique son... cheval de bataille.