Des personnalités politiques qui meublent la cour présidentielle, Amar Saâdani, le secrétaire général du FLN, est celui qui a su le plus, voire le mieux capter l'intérêt des médias. Depuis sa cooptation à la tête du parti, dans des conditions fortement contestées, il s'est fait le héraut qui, au fil des jours, se chargea d'annoncer la candidature de Bouteflika. Sofiane Aït Iflis Alger (Le Soir) Même s'il a manqué de style, Amar Saâdani s'est néanmoins bien acquitté de la mission qui semble lui avoir été assignée : entretenir une vie médiatique du clan présidentiel, à travers une communication officieuse, en attendant que ce dernier se décide à une communication officielle. En la matière, Amar Saâdani offre le profil idoine. Ses déclarations, qui peuvent paraître candides, ont le mérite de traduire l'ambiance au sommet de l'Etat et, par moments, de trahir, sans en donner l'air, quelques aspects de la pratique politique. Lorsqu'il fut promu à la présidence de l'Assemblée populaire nationale (APN), en remplacement de Karim Younès démissionnaire, Amar Saâdani, qui était censé être élu par ses pairs au niveau de l'hémicycle, eut pour premières paroles de remercier le Président Bouteflika de la confiance qu'il a placée en lui. Même s'il a commis un impair, ce n'est pas pour autant qu'il n'ait pas parlé vrai. S'il s'est retrouvé président de l'APN, c'est parce que Bouteflika l'a voulu. De même pour son intronisation à la tête du FLN. Là encore, la décision présidentielle a prévalu. La mission a déterminé, là aussi, le profil : Saâdani devait à la fois surenchérir autour de la candidature de Bouteflika tout en apportant par ailleurs la caution partisane au démembrement du service de renseignement du DRS. Il devait aussi sonner la charge dès qu'il y a soupçon d'ambitions personnelles chez les collaborateurs de Bouteflika. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a essuyé ses foudres, lorsque ce dernier a pensé bon de lui tracer un pré carré. «Sellal n'est pas fait pour la politique. Sur ce terrain, il est un mauvais joueur. Il devrait se contenter de son rôle dans l'exécutif.» A la pelleteuse. Suffisant pour que Sellal comprenne sa douleur. Il a encaissé sans trop rechigner. Amar Saâdani avait pour charge aussi d'exprimer l'approbation de son parti au périlleux chantier de restructuration de l'armée sur lequel Bouteflika s'est engagé. Le clan présidentiel avait besoin que le chantier soit appuyé par un segment partisan. Et Saâdani l'a fait sans trop se poser de questions. Le troisième axe de sa mission était de produire de la sonorité autour de la candidature de Bouteflika. Une candidature qui devait apparaître comme une réponse à un appel pressant de partis politiques et d'organisations de la société civile. L'avantage avec Saâdani c'est qu'il s'acquitte de ce qu'on lui demande sans se fatiguer les méninges. Quitte à dire que Bouteflika est officiellement candidat et revenir le lendemain pour dire qu'il ne parlait pas au nom du Président. Amar Saâdani est capable de se rendre à un tel exercice. C'est pour celà qu'il a été choisi.