Une rumeur qui circule en ville dit que les mendiants et les SDF d'Alger feront l'objet d'une mesure d'expulsion. Sans le savoir, ils sont au centre de tractations politiques d'un (grand) parti rongé par ses luttes intestines. L'expression populaire h'chicha talba miîcha (un brin d'herbe qui ne cherche qu'à vivre, ou survivre) s'applique à merveille à cheikh Rahmoune, le héros (malheureux) du roman Les oiseaux de la nuit de Mohamed Djaâfar, paru dans la collection Lettres de Casbah Editions. Mais le problème est justement là : comment vivre ou survivre quand on est vieux, sans diplôme, sans «métier» (dans le sens algérien du terme) et sans domicile fixe ? «En cette nuit de fin d'hiver, Cheikh Rahmoune a vu défiler devant ses yeux le film de sa vie avec une précision cruelle, impitoyable. Les moments de bonheur revenaient plus souvent, mais il en éprouvait davantage de peine en ces jours difficiles. Il avait pourtant cru ses souvenirs effacés, définitivement oubliés après ces dix longues années d'errance dans la capitale», écrit l'auteur au début de l'histoire. Une rumeur qui circule en ville dit que les mendiants et les SDF d'Alger feront, très prochainement, l'objet d'une mesure d'expulsion. Sans le savoir, ils sont au centre de tractations politiques d'un (grand) parti rongé par ses luttes intestines. Un jour, l'inoffensif cheikh Rahmoune, victime d'un malaise subit, se retrouva dans une vieille mosquée d'Alger. Mais malgré son état, les hommes barbus qui l'entourent lui font subir un interrogatoire. L'absence de documents dans ses poches est pour eux une preuve qu'il est «le parfait espion». Ecrit en 1992, le roman Les oiseaux de la nuit a été réaménagé à l'occasion de cette nouvelle édition, sans que son intégrité et sa trame initiales en soient affectées. Il demeure d'une troublante actualité. Né en 1955 à Bordj Bou-Arréridj, Mohamed Djaâfar a fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, puis au lycée Kerouani de Sétif . Après un passage par la faculté de droit d'Alger, il part en Belgique pour faire des études de documentation à Bruxelles, avant de s'orienter vers une carrière militaire en Algérie. Après la retraite, il se consacre à l'écriture. Kader B. Roman Les oiseaux de la nuit de Mohamed Djaâfar. Casbah Editions. 142 pages. Année : 2014