La crise qui secoue l'Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa ces derniers temps est visiblement loin de connaître une accalmie. Annulée le 8 décembre passé pour faute de quorum, suite au boycott de 22 élus de l'opposition sur les 43 mandats que compte l'APW de Béjaïa, la session ordinaire de l'institution élue de la wilaya, qui devait se tenir hier conformément aux dispositions du code de wilaya avec une éventuelle adoption du budget primitif 2015 et l'examen entre autres des secteurs de l'hydraulique et du foncier, a connu un deuxième blocage par les mêmes élus de l'opposition. Pointant du doigt «la mauvaise gestion de l'APW par le groupe FFS», les 22 élus de l'opposition (10 FLN, 9 RCD, 1 RND, 2 Forum socialiste), devant le «refus» du président de l'APW d'accéder à leur demande de renouvellement de l'exécutif de l'APW et la restructuration des commissions permanentes, ont décidé de rejeter en bloc l'ordre du jour proposé pour la réunion. Un rejet de l'ordre du jour qui a entraîné nécessairement le blocage de cette deuxième réunion ordinaire convoquée en l'espace d'une semaine. Sur fond de très fortes tensions après l'ouverture protocolaire de la session, les élus de l'opposition ont vainement tenté d'inscrire à l'ordre du jour le point relatif au changement de l'exécutif et la restructuration des commissions permanentes. Dans une intervention très virulente à l'encontre du président de l'APW, Hassani Mohamed Lyazid, président de la commission développement local, investissement et emploi, avertit que «la non-application de ces nouvelles dispositions entraînera inévitablement le blocage de l'institution» tout en désignant le président de l'APW comme «le seul responsable». «Il est vrai que la loi vous autorise à demeurer président de cette assemblée, nous avons pris acte, nous aussi, nous avons pris nos responsabilités. C'est pourquoi, une majorité d'élus a décidé d'un redressement de cette assemblée. Oui nous le réclamons et nous l'imposerons», a martelé avec force le même intervenant. Le groupe FLN ira par la voix d'un de ses élus jusqu'à réclamer la dissolution de l'APW. Mohamed Bettache, président de l'APW, tout en reconnaissant «des grincements dans le fonctionnement de l'exécutif et des commissions», propose à l'opposition une réunion aujourd'hui qui regroupera les chefs de groupe des différents partis représentés au sein de l'APW pour programmer une autre session dans les dix jours et discuter de l'éventuel remaniement et de la restructuration des commissions. «Personne ne peut remettre en cause le principe du respect de la majorité. On ne doit pas décider dans la panique. Il n'y aucun problème, la majorité doit être respectée, je veux seulement qu'on aborde ce sujet dans la sérénité», n'a cessé de rappeler en substance dans ses différentes réponses aux élus de l'opposition le P/APW. Des échanges très acerbes entre le groupe FFS et l'opposition rejoint par deux ex-élus du FFS ayant rejoint le Forum socialiste formant ainsi la nouvelle majorité à l'APW ont duré plus d'une heure avant que le président ne décide de soumettre à la plénière l'approbation de l'ordre du jour. Une proposition qui sera rejetée par 22 voix sur les 43 élus de l'APW. Se voulant apaisant après ce nouveau «crash» , le président de l'APW a appelé «à la conscience de tous les élus dans l'intérêt des citoyens». «La haine n'a jamais fait avancer les choses, les esprits se sont quelque peu chauffés, il faut travailler dans un climat serein et dans le respect (...) il faut trouver un consensus, je ne refuse pas de parler du fonctionnement de l'APW pour avancer. Je dirai qu'à quelque chose malheur est bon pour prendre conscience de nos erreurs et œuvrer tous ensemble pour le développement de notre wilaya», a indiqué devant la presse le président de l'APW. «Il ne faut pas non plus faire d'un blocage d'une session un événement grave», a conclu le président de l'APW dans sa tentative de dédramatiser la situation. Ce nouveau crash, s'il renseigne sur le profond malaise régnant au sein de l'institution, préfigure aussi après la perte de la majorité du groupe FFS aux commandes de la gestion des affaires de la wilaya depuis deux années d'une suite de mandat qui s'annonce houleuse. Les élus de l'opposition qui ont réussi à bloquer cette deuxième réunion se disent déterminés à se faire entendre encore lors des prochaines sessions qui promettent d'être aussi chaudes.