Intense, la baisse des prix du pétrole l'est encore, encouragée par les réductions décidées par l'Arabie Saoudite. Une décélération des cours assez perturbante pour l'Algérie, notamment pour ses ventes de gaz, et dont l'impact sur l'Afrique du Nord pourrait être cerné lors du 9e Sommet nord-africain du pétrole et du gaz qui s'ouvre demain à Alger. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) La décélération des cours du pétrole se poursuivait encore. Comme la veille à New York et Londres, les cours de l'or noir étaient hier vendredi en baisse en Asie. Le baril de Light sweet crude (WTI), pour livraison en janvier, perdait 31 cents, à 66,50 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance cédait 38 cents, à 69,26 dollars. Jeudi, en clôture des marchés, le baril de WTI pour livraison en janvier a perdu 57 cents à 66,81 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 69,64 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 28 cents par rapport à la clôture de mercredi. Les cours du pétrole étaient en fait pénalisés par l'annonce de la réduction des prix de l'or noir saoudien destiné à l'Asie et aux Etats-Unis. Selon des analystes, la décision du royaume wahhabite de baisser le prix du brut vendu en Asie et aux Etats-Unis va avoir de grosses conséquences sur les marchés ces jours-ci. En effet, Saudi Aramco, la compagnie nationale de pétrole et de gaz d'Arabie Saoudite, a décidé jeudi de baisser ses prix officiels pour les exportations vers l'Asie (un baril moins cher de deux dollars dès janvier) et les Etats-Unis. Une décision motivée, considèrent ces analystes, par le souci de l'Arabie Saoudite de se battre pour ses parts de marchés. Saudi Aramco avait déjà le mois dernier fortement secoué le marché de l'or noir après l'annonce d'une baisse de ses prix pour les exportations de brut vers les Etats-Unis. Ce faisant, l'attitude du royaume wahhabite, membre influent de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a certainement influé sur la décision de cette organisation de maintenir sa production à 30 millions de barils par jour malgré le plongeon des cours du brut depuis l'été, de l'ordre de 40%. Le chef de file de l'influent cartel chercherait à rivaliser avec les Etats-Unis dont la production a explosé ces dernières années, une offre inédite de 9 millions de barils par jour. Or, l'offre américaine a été dopée par le pétrole issu du schiste, considèrent des analystes. Certains vont jusqu'à assurer que l'Arabie Saoudite laisserait le marché arriver à un niveau approprié de prix et serait même favorable à des cours stabilisés autour de 60 dollars le baril. Ce qui ne serait pas dans l'intérêt des producteurs les plus chers mais aussi nuirait au développement des hydrocarbures non-conventionnels (gaz de schiste), des énergies nouvelles et renouvelables. Toutefois, cette baisse des prix reste assez préoccupante pour l'Algérie, en termes de recettes d'exportations et de revenus qui pourraient diminuer de 30 à 40% si la dégringolade perdure. Et une baisse perturbante encore pour les exportations de gaz algérien. Celles-ci devraient baisser en valeur d'autant que le prix du gaz est indexé à celui du pétrole mais aussi dans la mesure où les marchés d'exportation ne sont plus aussi attractifs, qu'il s'agisse de l'Amérique du Nord ou de l'Europe. Et cela même si la rhétorique gouvernementale se veut rassurante, sereine. Ce faisant, cette décélération des cours de l'or noir a-t-elle un impact sur l'Afrique du Nord ? Une problématique qui sera certainement abordée lors du 9e Sommet nord-africain du pétrole et du gaz qui s'ouvre dès demain et pendant trois jours à l'hôtel Sheraton-Club des Pins à Alger. Organisé avec le soutien de Sonatrach, ce 9e Sommet qui se tiendra parallèlement au 2e Sommet nord-africain de l'aval, devrait être marqué par la participation de quelque 500 représentants des six pays de l'Afrique du Nord (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte), tant officiels et institutionnels qu'opérateurs et experts. Au menu, des conférences et des ateliers sur les thématiques liées à la coopération inter-compagnies, l'exploration, les capacités de développement de l'aval, le financement, les meilleures pratiques de valorisation des hydrocarbures non-conventionnels, l'innovation technologique, l'offshore...