Annoncée en grande pompe en février 2009 par le Président Bouteflika, la politique de renouveau agricole et rural qui a pour objectif principal d'assurer la sécurité alimentaire du pays n'a pas donné les résultats escomptés. C'est du moins ce que pense Akli Moussouni, expert en développement agricole. Salah Benreguia - Alger (Le Soir) Intervenant hier lors d'une rencontre-débat organisée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Aile Boulenouar), cet expert soutient, bec et ongle que la sécurité alimentaire, contrairement à ce qui se dit çà et là, est loin d'être un enjeu de souveraineté nationale et de cohésion sociale. Chiffres à l'appui, le conférencier a souligné que 95% des importations agricoles sont des produits destinés globalement à la consommation et uniquement 5% des équipements agricoles. «Les importations de tous les produits agricoles avoisinent les 11milliards de dollars alors que celles des équipements agricoles ne dépassent pas les 500 millions de dollars», se désole M. Moussaoui. En clair, ajoute-t-il, «il n'existe pas de programme agricole» en Algérie, qui s'identifie notamment via «le niveau de mécanisation agricole». Et pourtant, insiste la même source, la menace d'une insécurité alimentaire persiste : «Entre 2000 et 2007, les importations agricoles ont augmenté de plus de 500 millions de dollars et durant la période 2007-2013, la facture des importations a connu une hausse de 800 millions de dollars.» Devant l'absence de résultats palpables au niveau de la politique agricole du pays, ces chiffres donnent froid dans le dos. Last but not least. En effet, dans le continent africain qui importe 33 milliards de dollars desdits produits, l'Algérie se classe à la tristement célèbre première place en termes de volume d'importation. A lui seul, notre pays importe un tiers des besoins de l'Afrique, soit environ 11 milliards de dollars. Un autre pavé dans la mare : «La politique agricole fonctionne avec des prévisions théoriques et irréalisables. On a prévu un taux de croissance dans le secteur agricole durant l'actuel quinquennat à 11%, mais on ne l'a pas atteint», souligne cet expert. Et de conclure qu'on est en train d'assister à la déconfiture d'un secteur de souveraineté... En guise de solution, cet expert préconise la création de ce qu'il appelle «un cadre politique de sécurité alimentaire», qui touchera plusieurs ministères ainsi que la réorganisation des filières agricoles «autour des produits, tels que la viande, le lait...». L'autre mesure suggérée est l'association, dans cette problématique, de la recherche universitaire. «L'élite économique doit se transformer en locomotive de développement» a-t-il plaidé plus loin.