La prise en charge des malades atteints de cancer devra s'améliorer à partir de 2015. Du moins c'est l'objectif du lancement du plan national cancer 2015-2019. Dévoilé hier, le plan cancer a fait de la réduction du taux de mortalité sa première ambition. D'ici 2019, le taux de mortalité devra baisser à 20%. Actuellement, un malade sur deux décède. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) Le plan cancer est prêt. Le professeur Messaoud Zitouni, chargé de sa mise en œuvre, a présenté hier les grandes lignes du plan national cancer 2015-2019. Selon le professeur chef de service au CHU Béni-Messous, le cancer qui est un problème de santé publique majeur est devenu une priorité nationale et un chantier présidentiel. Ainsi, durant presque deux ans, les professionnels de la santé se sont mobilisés pour mettre en place un plan cancer afin d'améliorer la qualité de soin et de suivi des malades. L'objectif principal du plan cancer, premier du genre, qui sera appliqué à partir de janvier prochain, est la réduction de la mortalité et de la morbidité par cancer et l'amélioration de la qualité de vie des malades pendant et après le traitement. Car, souligne le professeur, le problème principal de la maladie, c'est le nombre important de décès en raison du diagnostic tardif. 75% à 80% des cas arrivent à un stade tardif de la maladie. Le traitement sera donc, dit-il, palliatif. Le plan a, par ailleurs, fixé huit axes stratégiques qui ont été hiérarchisés selon l'ordre de priorité. Ainsi, parmi les autres objectifs retenus, il y a l'amélioration de la prévention contre les facteurs de risque. Car, souligne l'intervenant, la prévention reste la seule possibilité reconnue pour réduire la mortalité et l'incidence des cancers dont la cible principale est la lutte contre le tabagisme, identifié comme étant responsable dans 90% des cas de cancer. Le plan compte aussi parmi ses priorités, l'amélioration du dépistage de certains cancers notamment le cancer du sein en raison de l'ampleur qu'il est en train de prendre, l'amélioration du diagnostic, la redynamisation du traitement à travers l'interdisciplinarité, l'organisation des traitements palliatifs, l'orientation, l'accompagnement et le suivi du patient, la mise en place des registres de cancer pour améliorer le système d'information, le renforcement de la recherche et de la formation sur le cancer et, enfin, le renforcement des capacités financières. Le professeur Zitouni a rappelé que le cancer est classé première pathologie dans le monde. En Algérie, il occupe actuellement la deuxième place. Mais le cancer occupera bientôt la première place car les maladies cardiovasculaires, en tête du classement pour le moment, vont aller en diminuant. La mise en place d'un plan cancer est une révolution estiment les professionnels mais pour les résultats, le professeur Zitouni dit ne pas attendre des résultats dans l'immédiat. Selon lui, «nous pouvons avoir les résultats dans la qualité des actions à mener mais les résultats du plan cancer, c'est à long terme». Le plan cancer nécessite un coût. L'estimation du budget que devra mobiliser le plan fait encore débat au milieu des professionnels de la santé ayant contribué à sa mise en place. Ces derniers devront se réunir dans une semaine pour fixer une estimation budgétaire. Réduire le taux de mortalité à 20% L'objectif du plan cancer est de réduire le taux de mortalité à 20% d'ici 2019, c'est ce qu'a indiqué le professeur Bouzid, chef de service oncologie au CPMC et qui a aussi contribué à la rédaction du plan cancer. Actuellement, un malade sur deux décède à la suite d'un cancer, soit 50% des malades atteints du cancer décèdent. Selon le professeur Bouzid, le plan cancer répond à une demande des professionnels et des malades de faire du cancer une priorité nationale. Il y a un grand espoir, selon lui, que les choses soient beaucoup améliorées pour les patients d'ici 2019. Le plan national cancer, poursuit-il, s'est inspiré des plans des autres pays et qui a été adapté aux conditions humaines et matérielles du pays de façon à ce que la prise en charge des patients soit homogène. Installation d'un comité d'évaluation du plan cancer Le plan cancer sera évalué chaque six mois. C'est ce qu'a indiqué le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Selon lui, un comité d'évaluation et de suivi du plan cancer sera mis en place. Présidé par le professeur Zitouni, il sera chargé d'évaluer l'application du plan et les blocages qui risquent de remettre en cause l'aboutissement de la stratégie de lutte contre le cancer.