La situation ne s'améliore toujours pas au sein de l'Assemblée élue de la wilaya de Béjaïa. Pire encore, la crise qui secoue l'Assemblée depuis quelque temps ne cesse visiblement de s'enliser. Suite au blocage des deux précédentes réunions par l'opposition, la session extraordinaire convoquée par le wali, M. Hamou-Ahmed Touhami, pour l'examen et l'adoption du budget primitif 2015, observée dimanche dans une totale cacophonie qui s'est finalement terminée en queue de poisson avant d'être reportée pour la journée d'hier par le tribunal administratif saisi en référé par les adversaires du FFS vient de connaître un nouveau coup de théâtre. Devant le coup de force du bloc FFS pour la tenue de la réunion après avoir réussi à recomposer sa majorité grâce au ralliement d'un autre élu du RND, l'opposition déterminée à annuler la session a saisi le tribunal administratif en référé, pour cause de quorum reprochant au président de la séance, Ali Rabhi ayant remplacé le président Mohamed Bettache, «absent pour affaire personnelle», a-t-il justifié, la «violation de l'article 11 de la loi 12-07 du 21 février 2012 relative à la wilaya». L'article 11 en question stipule que «l'Assemblée populaire de wilaya ne délibère valablement qu'en présence de la majorité absolue de ses membres en exercice. Le quorum est requis après une première convocation de l'assemblée. La majorité est réputée atteinte lorsque plus de la moitié des membres de l'assemblée en exercice sont présents effectivement. Les mandats donnés par les membres de l'assemblée absents à leurs collègues ne sont pas à prendre en compte pour le calcul du quorum. Le retrait d'un membre de la séance n'affecte pas le quorum». Pour les 21 élus de l'opposition, les trois procurations comptabilisées par le FFS pour réunir une majorité (22 sur les 43 que compte l'APW) et obtenir ainsi un quorum pour la tenue de la réunion constitue une violation de la loi relative au fonctionnement de l'APW. La session se transforme ensuite durant toute la journée en un «véritable carnaval fi dechra» marqué par des échanges «d'amabilité», loin d'honorer leur mission «de représentants d'élus du peuple» déplorent de nombreux citoyens observateurs présents. La situation s'est davantage envenimée avec la présence d'un huissier de justice, chargé de transmettre la première décision du tribunal administratif saisi en référé par l'opposition en vue de signifier la suspension de la session en attendant le verdict final annoncé pour hier. Un verdict qui sera, une nouvelle fois, reporté pour aujourd'hui mardi. Mais c'est sans compter sur la détermination du bloc FFS pour tenir leur session. C'est ainsi que dans la journée d'hier, prenant à contre-pied ses adversaires en l'occurrence les élus du FLN, du RCD, du Forum socialiste et un élu du RND, le groupe FFS a repris les travaux de ladite session pour adopter le budget primitif 2015. Une session observée en l'absence des élus de l'opposition et du wali. Il reste toutefois à connaître quelle sera la position de l'administration devant cette nouvelle situation inédite dans les annales de l'histoire de cette assemblée plurielle à Béjaïa. L'administration entérinera-t-elle la décision du bloc FFS. Le wali a annoncé, lors de la session de dimanche, que devant cette situation de blocage et pour faire adopter le budget primitif 2015 de la wilaya de Béjaïa, il envisage de le transmettre au ministère de l'Intérieur conformément à la loi. Le ministère de l'Intérieur aura ainsi la mission de l'approuver si les deux parties persistent dans le blocage de son examen et son approbation. Dans une déclaration , le groupe FFS a violemment dénoncé la sortie spectaculaire des élus du FLN, du RCD, et du FS. «A notre grande surprise, nous nous sommes retrouvés devant une bande d'élus se proclamant du FLN, du RCD, et les deux radiés du FFS, venus une fois de plus bloquer toute initiative allant dans le sens de l'ordre du jour. Enragés qu'ils étaient, minoritaires, ils voulaient imposer par la violence ce qu'ils n'ont pas pu arracher démocratiquement face au groupe majoritaire du FFS. Ne reconnaissant aucune loi, dépassant toutes les limites de la décence et toute honte bue, ils n'ont pas hésité à utiliser la force et des intimidations pour empêcher le déroulement normal de cette session. Nous avons assisté à des pratiques relevant du gangstérisme avec des barbouzes, sans foi ni loi», écrit le groupe FFS dans son communiqué, en accusant ouvertement le wali, Hamou-Ahmed Touhami, d'avoir «cautionné cette manière d'agir».